Il y a 500 ans que Martin Luther affichait ses 95 thèses à la porte de l’église de Wittenberg. Cela marqua le début de la réforme. Hier a eu lieu à Berlin l’ouverture des festivités qui marqueront la commémoration de cet événement de portée mondiale. Le Pape s’est rendu lundi à Lund, en Suède, pour marquer sa volonté de faire évoluer l‘œcuménisme. Dans une période secouée par les conflits interreligieux c’est une nécessité absolue de rassembler de plus en plus les chrétiens sous une bannière, celle de la paix et de la fraternité. Ce qui se passe actuellement est à l’image du chaos qui régnait au 16ème siècle. Lorsque Martin Luther a provoqué le schisme, il y avait déjà des foyers de crise. La question des indulgences, qui étaient monnayables, a déclenché la réforme. On pouvait s’acheter la remise des péchés, théologiquement une action impensable. Il est indéniable que l’initiative du réformateur marque le début de l’Europe moderne. Sa traduction de la Bible est une référence en ce qui concerne la langue allemande. Mais comme souvent chez des personnages qu’il serait possible de qualifier de lutteurs, il y a deux faces. Luther s’est enferré de plus en plus dans des diatribes contre les Juifs, contre l’Islam, contre les filles de joie et finalement aussi contre les paysans, qu’il avait soutenu au débit. Il réclamait dans un langage terrible leur extermination, ainsi que celle des catholiques. Un réflexe d’intolérance et de haine, qui assombrit l’image qu’on se fait de ce docteur en théologie. Ces écrits ont influencé l’Allemagne jusque dans les années épouvantables du nazisme. Hitler les a pris en référence pour justifier les camps d’extermination. Il est malheureusement impossible de dissocier Martin Luther de ce drame. Weiterlesen
Archiv des Autors: Pierre Mathias
Si je parlais une fois de sexualité ?
Il y a des jours où les mauvaises nouvelles vous submergent complètement. L’une d’elle est l’affreux tremblement de terre qui touche l’Italie en détruisant des endroits entiers. Le patrimoine culturel est fortement touché. Heureusement qu’il n’y a pas eu cette fois-ci de morts ou de blessés graves. Afin de me libérer un peu des Trump, des Erdoğan réclamant la peine de mort ou de ce cher Monsieur Assad, je me permets de parler un peu de sexualité comme l’a fait Le Monde. Faut-il faire l’amour quand cela ne va pas ? Je me suis souvent posé la question. Comme il ne s’agit pas de joutes sportifs mais de sentiments intimes, je pense que le tout va au-delà des positions que le Kamasutra recommande. Il s’agit aussi de l’âme, à moins que ce ne soit qu’une rencontre fugitive. Il n’y a pas de challenge entre deux partenaires se connaissant de longue date, mais dans une société axée avant tout sur les performances, c’est malheureusement pas une chose commune. Les partenaires attendent des réactions fougueuses en signe d’amour. Souvent la subtilité est laissée au rencart. Cela dénature tous les sentiments, qui devraient être subtiles. Le fait de vouloir se profiler dans ce genre d’exercice démontre à quel point la sexualité est parfois mal comprise. C’est une communion entre deux être qui ont plus à se dire qu’une pénétration prématurée. Je considère l’intimité dans les temps qui courent comme étant un refuge face à toutes les mauvaises nouvelles qui nous assaillent. Mais il faut admettre que les soucis influencent notre comportement mutuel. Il n’est pas étonnant que dans bien des cas il y a des pannes en ce qui concerne l’amour. Le considérer comme une soupape de sécurité est probablement la mauvaise option. Il en va bien plus de la sublimation d’un quotidien que nous avons de plus en plus de mal à supporter. Weiterlesen
Cousu de fil-blanc !
Hillary Clinton est à nouveau dans le collimateur du FBI, dont le chef, James Comey, est comme par hasard républicain. Il a passé outre « la recommandation » de la ministre de la justice, qui lui a ordonné de ne rien faire qui puisse à neuf jours du scrutin influencer l’opinion publique. Le mal est fait. Comme par hasard de nouveaux mails sont apparus « au bon moment ». Pour Donald Trump l’occasion de pavoiser. Dans le contexte dans lequel se déroulent ces élections, ce n’est pas étonnant. Tout est permis pour diffamer la candidate des démocrates. Parfois des semi-vérités qui prennent un poids considérable. Il est clair que Madame Clinton aurait du être plus prudente en ce qui concerne l’affaire des mails. Mais je trouve nauséabond les déclarations de son rival qui la traite de criminelle. Il ferait bien de regarder dans ses propres plate-bandes. Qu’il n’ait pour ainsi dire pas payé d’impôts ou qu’il ait mal traité ses employés n’entre pas assez en considération. Je trouve ce qui se passe actuellement aux USA plus que dangereux. J’ai assez souvent écrit que je ne trouvais pas le casting des candidats idéal. Mais pour moi il ne fait aucun doute qui devrait être battu et ceci pour le bien du monde entier. Il est un fait absolu, c’est le poison qu’est le populisme. Il détruit toutes les valeurs au profit d’intérêts personnels. Il corrompt tout un système. Le FBI en fait-il partie ? Je me permets de me poser cette question après ce qui est arrivé. Il serait opportun qu’Hillary Clinton le fasse remarquer. Elle l’a déjà fait lors d’un meeting. Ce qui est le plus désolant dans toute cette affaire, c’est de voir dans quel état est la plus grande démocratie de notre planète. Tous les coups sont permis, mêmes ceux dans le bas-ventre. C’est ce qui s’est passé hier et c’est abjecte. Weiterlesen
Bravo la Wallonie !
Le Ceta sera signé dimanche. Le parlement Wallon, ainsi que celui de Bruxelles et de la communauté française, ont donné leur aval. Ce qui m’impressionne dans leur démarche, c’est qu’ils ont mis le doigt sur ce qui ne marche pas dans l’UE. L’accord a été négocié plus ou moins dans le secret. Ce n’est que très tard que les citoyens ont appris ce qui était prévu. Il y avait bien des couleuvres à avaler, comme le manque d’assurance en ce qui concerne nos principes écologiques ou des données contre nos lois du travail. Et en cas de litiges, ce ne sont pas des tribunaux officiels qui prennent le relais mais des organisations privées. La Commission a pris des libertés qui sont incompatibles avec nos principes démocratiques. Une fois de plus ce sont des lobbies politiques qui ont agi indépendamment de la volonté populaire, comme cela a été le cas pour la Grèce par exemple. Une fois de plus la preuve qu’il faut absolument revoir les structures de l’Europe. Elles doivent être transparentes. Dans les conditions actuelles il n’est pas étonnant que l’UE soit mis dans le collimateur. Les citoyens ont l’impression d’être plus ou moins mis à l’écart. Il était temps qu’un gouvernement d’une région comme la Wallonie mette le doigt dans la plaie. Et ceci avant qu’on se décide de passer de la majorité absolue à une majorité simple pour l’avenir. Il est évidemment inefficace de continuer à procéder comme c’est le cas actuellement. Il est pour ainsi dire impossible de mettre 28 membres sous un même chapeau. Mais pour que ce principe soit accepté, il faut que la nomenclature de l’UE soit limpide. Weiterlesen
Les rats de bénitiers !
Que diront les rats de bénitiers après l’attaque d’une école du Nord de la Syrie qui a causé la mort de 22 enfants et de 6 enseignants ? Diront-ils que c’est regrettable mais qu’ils n’en ont rien à faire. Je veux parler des chrétiens qui se déclarent être des sympathisants du FN, ceux qui veulent soi-disant sauver nos valeurs. Des personnes allant régulièrement à l’église, mais voulant totalement ignorer ce que l’Évangile nous commande de faire : aimer autrui autant que soi-même. Essayez donc d’imaginer le calvaire de ces populations ? Cela gêne évidemment lorsqu’on a plutôt tendance à vouloir envoyer tous ceux qui nous dérangent au diable. C’est évidemment les étrangers dont il est question ! En pensant ce soir aux familles touchées par ce drame, je ne peux que saluer l’éthique d’Angela Merkel, qui ignorant les contraintes électorales, se doit comme chrétienne avant tout d’être charitable. J’en veux à tous ces pharisiens qui osent critiquer une attitude chrétienne. La parole du Christ est-elle mise en doute ? Ces gens me font honte ! Bien au chaud dans leur petit confort bourgeois, ils osent donner des leçons de civisme. Où est passé l’esprit de la Résistance, qui préconisait avant tout la solidarité ? Lorsque je vois à quel point l’esprit républicain est mis à mal, j’en ai la nausée. Inutile de d’afficher avec des cocardes tricolores, lorsqu’on ignore la Charte des droits de l’homme issue de la Révolution ! Encore plus de chanter la Marseillaise ! Et dire que la France était une terre d’accueil, un pays généreux pour qui l’aide était la chose la plus normale du monde. Mais ce n’est pas seulement un phénomène français. Où que l’on regarde en Europe, il y a de plus en plus de haine. Dans ce bourbier, je salue l’attitude généreuse du Pape François, qui condamne le manque d’humanité d’un grand nombre de soi-disant croyants. Lorsqu’on est confronté à la vague xénophobe de la Pologne, de la Hongrie ou ailleurs, il est permis de se demander ce qui a pu provoquer ce décalage entre l’écriture et les faits ? Est-ce la peur ? Est-ce l’égoïsme ? Weiterlesen
Police mal-aimée
Non, décidément la police a du mal à éveiller de la sympathie auprès bien des couches de la société. Elle est parfois franchement détestée. Mais on la considère comme un mal nécessaire s’il y a urgence. Et c’est cela qui passe mal chez les forces de l’ordre. Elles demandent d’être respectées, mais c’est souvent le contraire qui se produit, comme c’était le cas de ces jeunes qui ont incendié des véhicules de police, blessant grièvement des agents. C’est un acte inadmissible. Mais malgré tout il faut se poser des questions concernant la haine qui leur est témoignée. Lorsqu’il m’est arrivé à maintes reprises d’entrer en contact avec la police dans le cadre de mon métier de journaliste, j’ai rencontré des gens comme toi et moi. Des personnes avec leurs qualités et leurs défauts. Mais j’ai aussi senti de la peur, comme à Bobigny, où les policiers craignaient à tous moment de recevoir sur la tête des objet lancés du haut des tours. Ils se sentaient très mal dans leur peau, ce que je comprenais. Mais d’un autre côté ils tutoyaient des gens de couleur et ceci dans un ton martial. Je me suis senti mal à l’aise, mais j’ai compris un peu mieux les problèmes de cette cité. Lorsque Nicolas Sarkozy a démantelé la police de proximité, il a démontré son manque total de doigté. Il a ignoré que seuls des contacts plus amicaux peuvent faire fondre la glace. Et ceci est plus nécessaire que jamais ! Si un agent est bien intégré dans un quartier, il peut mieux jauger les problèmes, savoir d’où vient le mal-être. Sans oublier qu’il connaît mieux les meneurs de jeu. S’il a de bon rapport avec l’imam par exemple, il peut éviter certaines fois le pire. C’est aussi son intégration dans la population qui peut désamorcer des tensions. Il agit ainsi en amont et peut agir en médiateur. Weiterlesen
Monsieur le Président 4%
Le dernier sondage concernant François Hollande est une catastrophe. Le Président ne recueille que 4% d’électeurs satisfaits. Ce n’est pas seulement un homme qui est atteint, dont les attentes n’ont pas été satisfaites, mais la fonction même du locataire du Palais de l’Élysée. Allez voter dans quelques mois dans ces conditions est un risque considérable, car avant tout la colère pourrait l’emporter. Et ce qui ressortirait des urnes pourrait être pire que la situation actuelle. Je ne veux pas forcément faire des parallèles avec l’année 1933, mais force est de constater que beaucoup de personnes voient très bien où s’achemine la politique mais ne peuvent pas réagir, car elles sont comme paralysées. Le spectacle qui se présente à elles, est la preuve qu’il y a un grand désarroi en ce qui concerne la marche des affaires. Personne est en mesure de dire comment réagir. Même la définition du malaise ne s’arrête pas aux chiffres du chômage. Le mois de septembre a apporté une accalmie sur le marché du travail, mais même si cela devait perdurer, cela ne changerait guère la donne. L’irrationalisme prend de plus en plus d’ampleur ce qui rend toutes analyses parfois vaines. Peut-être qu’une majorité de gens ne savent plus tellement qui ils sont. La recherche de son identité peut mener à des clichés comme ceux que les populistes vous assènent à tout instant. Une nostalgie du passé sans l’ombre d’une réflexion fondamentale. Avant tout une sorte d’angélisme qui cherche à éradiquer des faits objectifs comme sont le progrès technologique ou la mondialisation. L’espoir qu’avec un recul sur soi-même il soit possible de chasser tous les démons planétaires. Cela ne rime absolument à rien. Weiterlesen
Mansion of the Mann Family
When the Austrian composer Arnold Schoenberg settled in Brentwood, California, in the mid-nineteen-thirties, he found himself living across the street from Shirley Temple.
As you can imagine, in some alternate universe, tour buses are trundling around Los Angeles, showing gawkers the homes of a different class of celebrity – not the stars of the silver screen but the stars of music, literature, and philosophy, members of that extraordinary constellation of European émigrés who took refuge in Southern California during the Nazi period. “On your right, the home of Igor Stravinsky, the composer of The Rite of Spring. . . . That little white house belongs to the Marxist playwright Bertolt Brecht. . . .“ These or similar words you could hear spoken by the tour guides.
It’s not pure fantasy. Maps of émigré homes float around the Internet, and Cornelius Schnauber’s book Hollywood Haven proposes a series of tours. Sometimes intellectual tourists are so bold as to knock on doors. Geoff Dyer, in his new book White Sands, recounts what happened when he called at the former home of Theodor W. Adorno, the author of Minima Moralia. People living there, opening the door, might ask: “The writer? The philosopher?”, as you mention Adorno’s name.“I must find out more. How do you spell ‘Adorno’ again?”
These days, everybody is talking about a certain home: It can be found at 1550 San Remo Drive, in Pacific Palisades. Here, from 1942 to 1952, lived Thomas Mann, in a house built to his specifications. Here was written Doctor Faustus, a book that had an overpowering effect on literature. The tale of a composer in league with the devil, it bears the full weight of Mann’s grief, rage, and shame at what had happened in his native Germany. The house was hidden by tall trees and hedges: Many people said, that, while visiting the house they had the strange sense that the author was still there, imagining a ravaged spiritual landscape as he looked out over his avocado grove at the Pacific.
The house at 1550 San Remo is now for sale, at a list price of just under fifteen million dollars – rather high for a five-thousand-square-foot house on one acre. Remarkably, the property was last on the market in 1953, when a lawyer named Chester Lappen bought it from Mann for fifty thousand dollars. The real-estate listing, which makes no mention of Mann, invites buyers to “create your dream estate.” An architecture critic pointed out in a Californian newspaper that the house is effectively being marketed as a “teardown”: it is considered less valuable than the parcel of land on which it sits.
The threat of demolition has caused an outcry in Germany, where Mann’s reputation is as exalted as it has ever been. There is hope that a culturally sensitive buyer will come forward, as happened with the Brecht house in Santa Monica. The “magic villa” on San Remo, as the German press calls it, is more than the home of a great writer: it is a symbol of a fraught period in American history, one that gave a refugee from Nazism feelings of déjà vu.
The German government now is to buy the house in California where Thomas Mann wrote Doctor Faustus after fearing that it would be demolished to make way for another mansion.
Almost $15 million of taxpayers’ money will be spent on acquiring the two-storey villa, which the Nobel laureate commissioned from the modernist architect JR Davidson.
The author fled Europe and the Nazis for Los Angeles in 1942 and – as already mentioned above – lived in the villa until 1952, when the rise of McCarthyism drove him back to Switzerland where he died three years later.
Mann already bought the house in September, 1940 – “a property with seven palms and many citrus trees,” he wrote to his brother Heinrich. For seven years he had been a wanderer; when the Nazis took power, he was away on a lecture tour (“The Sufferings and Greatness of Richard Wagner”), and within a few months he had lost possession of the palatial home in Munich that he had occupied for twenty years. Like many émigrés, he struggled to find his place in American culture, but he grew to like the Mediterranean tinge of life in Southern California, the transfiguring quality of the light. He would go on long walks on the beach. Maybe reflecting about a plotline for a new book …