Non, décidément la police a du mal à éveiller de la sympathie auprès bien des couches de la société. Elle est parfois franchement détestée. Mais on la considère comme un mal nécessaire s’il y a urgence. Et c’est cela qui passe mal chez les forces de l’ordre. Elles demandent d’être respectées, mais c’est souvent le contraire qui se produit, comme c’était le cas de ces jeunes qui ont incendié des véhicules de police, blessant grièvement des agents. C’est un acte inadmissible. Mais malgré tout il faut se poser des questions concernant la haine qui leur est témoignée. Lorsqu’il m’est arrivé à maintes reprises d’entrer en contact avec la police dans le cadre de mon métier de journaliste, j’ai rencontré des gens comme toi et moi. Des personnes avec leurs qualités et leurs défauts. Mais j’ai aussi senti de la peur, comme à Bobigny, où les policiers craignaient à tous moment de recevoir sur la tête des objet lancés du haut des tours. Ils se sentaient très mal dans leur peau, ce que je comprenais. Mais d’un autre côté ils tutoyaient des gens de couleur et ceci dans un ton martial. Je me suis senti mal à l’aise, mais j’ai compris un peu mieux les problèmes de cette cité. Lorsque Nicolas Sarkozy a démantelé la police de proximité, il a démontré son manque total de doigté. Il a ignoré que seuls des contacts plus amicaux peuvent faire fondre la glace. Et ceci est plus nécessaire que jamais ! Si un agent est bien intégré dans un quartier, il peut mieux jauger les problèmes, savoir d’où vient le mal-être. Sans oublier qu’il connaît mieux les meneurs de jeu. S’il a de bon rapport avec l’imam par exemple, il peut éviter certaines fois le pire. C’est aussi son intégration dans la population qui peut désamorcer des tensions. Il agit ainsi en amont et peut agir en médiateur.

J’ai beaucoup de compréhension pour les policiers qui descendent dans la rue pour crier leur désarroi. Bien de leurs revendications sont sensées. L’état d’exception les a pris de court. Ils ne sentent pas en mesure de parer à toutes éventualités. Le drame de Nice en est un exemple. Il est vrai que les effectifs sont trop restreints, que les salaires ne sont pas à la hauteur des exigences. Mais je ne crois pas que la raison essentielle du malaise soit due à ces considérations. Elle est plutôt d’ordre psychologique. Mais il y a aussi des tendances racistes, comme c’est le cas aux USA, qui sont souvent sous-jacentes. Parfois aussi une sympathie pour l’extrême-droite, comme en ex-RDA. Beaucoup de laxisme lorsque les victimes sont des immigrés. C’est pourquoi il n’est pas erroné de déclarer que la colère des agents a peut-être été téléguidée. Il n’est pas difficile de constater qui en sont les bénéficiaires. Mais malgré tout cela, il est du devoir du gouvernement de désamorcer cette bombe à retardement. Avec des moyens financiers limités, il n’est pas possible de faire des miracles, d’autant plus que d’autres secteurs du service public, comme l’éducation ou la santé par exemple, ont aussi de bonnes raisons de protester. Il faut agir mais sans pour autant être aveugle. Il faut éviter à tout prix que la police soit un État dans l’État. Il faut lui donner les moyens, mais ne jamais oublier que son rôle est de servir la démocratie. Il est nécessaire que les rapports de détendent, qu’il ait plus de quiétude.

pm

http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/10/26/le-gouvernement-debloque-une-centaine-de-millions-d-euros-pour-les-policiers-de-voie-publique_5020410_3224.html

Pierre Mathias

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