Le Ceta sera signé dimanche. Le parlement Wallon, ainsi que celui de Bruxelles et de la communauté française, ont donné leur aval. Ce qui m’impressionne dans leur démarche, c’est qu’ils ont mis le doigt sur ce qui ne marche pas dans l’UE. L’accord a été négocié plus ou moins dans le secret. Ce n’est que très tard que les citoyens ont appris ce qui était prévu. Il y avait bien des couleuvres à avaler, comme le manque d’assurance en ce qui concerne nos principes écologiques ou des données contre nos lois du travail. Et en cas de litiges, ce ne sont pas des tribunaux officiels qui prennent le relais mais des organisations privées. La Commission a pris des libertés qui sont incompatibles avec nos principes démocratiques. Une fois de plus ce sont des lobbies politiques qui ont agi indépendamment de la volonté populaire, comme cela a été le cas pour la Grèce par exemple. Une fois de plus la preuve qu’il faut absolument revoir les structures de l’Europe. Elles doivent être transparentes. Dans les conditions actuelles il n’est pas étonnant que l’UE soit mis dans le collimateur. Les citoyens ont l’impression d’être plus ou moins mis à l’écart. Il était temps qu’un gouvernement d’une région comme la Wallonie mette le doigt dans la plaie. Et ceci avant qu’on se décide de passer de la majorité absolue à une majorité simple pour l’avenir. Il est évidemment inefficace de continuer à procéder comme c’est le cas actuellement. Il est pour ainsi dire impossible de mettre 28 membres sous un même chapeau. Mais pour que ce principe soit accepté, il faut que la nomenclature de l’UE soit limpide.
C’est en amont qu’il faut agir. Avant qu’une décision soit prise, il est indispensable que tous les éléments d’un projet soient remis en question. Non pas pour paralyser le système, au contraire pour le faire vivre. Avec le Ceta et le Tafta, un accord avec les USA qui dans les conditions actuelles n’a guère de chances de passer, des questions fondamentales touchant notre quotidien sont mises sur la balance. Elles nous concernent tous et ne peuvent pas être tout simplement avalisées par certains fonctionnaires. En procédant de la sorte on se nie soi-même. Jean-Claude Juncker s’est empressé de réclamer plus de liberté pour la Commission. C’est son droit, mais je refuse cette option. Je pense qu’il faut augmenter le pouvoir du législatif, donner au Parlement Européen bien plus de pouvoir. Ce n’est pas à une administration de se substituer à la volonté de tous et de chacun. Je considère ce qui s’est passé comme étant une grande chance pour Bruxelles de revoir des points fondamentaux et de donner ainsi un nouvel élan à cette machine colossale, qu’est l’UE. Si nous voulons que l’Europe reprenne du punch, cela ne peut pas se passer par dessus nos têtes. Je pense que les Wallons l’ont démontré d’une manière éclatante. Et autre chose encore : il est toujours possible de faire des compromis lorsqu’on daigne échanger ses points de vue. C’est une leçon à bien marteler dans les têtes de ceux qui prennent en fin de compte des décisions. C’est dans leur intérêt qu’elle soient validées par les peuples. Mais pour que cela se fasse, il faut être ouvert à tous dialogues. C’est un droit élémentaire de la démocratie d’être entendu.
pm