Muriel Pénicaud, la nouvelle ministre du travail, devra faire avaler une potion amère aux salariés, celle d’une réforme des conditions actuelles de l’emploi. Le but est de relancer l’économie en abaissant les charges sociales et de laisser plus d’autonomie aux entreprises en ce qui concerne les rapports entre leurs dirigeants et les syndicats. Il devra être possible de négocier les conditions mutuelles à la carte, en prenant en compte de toutes les spécificités locales. Il y aura donc plus de souplesse. Mais il s’agira aussi pour le personnel de négocier âprement les contrats, que ce soit le temps de travail, les conditions de renvoi en cas de ralentissement des activités ou tous autres avantages sociaux. Cela demandera plus d’engagement, plus de responsabilité de la part des employés. Muriel Pénicaud, qui a été membre du cabinet de Martine Aubry et qui par la suite a eu des responsabilités dans le management, devra montrer beaucoup de doigté. Son rôle sera, dans un dialogue intensif avec le patronat et les syndicats, d’obtenir le plus d’assentiment possible de part et d’autre. Mais il est aussi évident que le fait de bousculer des traditions spécifiquement françaises, ne sera pas aisé. Contrairement à l’Allemagne, où la participation au sein de l’entreprise est de mise, nous nous trouvons ici dans la culture de l’affrontement. Comme le personnel n’est en principe pas inclus dans la marche des affaires, son attachement à la maison qui l’emploie, est d’une nature. Celle d’une revendication constante, qui ne tient pas tellement compte des réalités économiques. Comme il n’a en principe aucun pouvoir en ce qui concerne le management ou la gestion financière, il ne peut que faire appel à des revendications, même si ces dernières sont parfois irréalistes. Weiterlesen
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La guerre des tranchées
Comme on le sait une guerre des tranchées ne peut pas être gagnée. Elle représente l’immobilisme avec des dizaines de milliers de morts, comme cela a été le cas au Chemin des Dames. Le tout parce que des états-majors ne voulaient pas céder. Emmanuel Macron et Edouard Philipp ont eu une autre démarche en ce qui concerne la formation du nouveau gouvernement. Ils ont réussi le pari presque impossible de rassembler sous une même bannière des politiciens venant de tous les bords et des représentants de la société civile. Un modèle de gouvernance le moins qu’on puisse dire inédit en France. Il représente ce qui a été dit lors de la campagne présidentielle : la tentative de subjuguer les clivages qui ont paralysé le pays depuis des années. C’est une volonté affichée de réconciliation des Français ne voulant pas se lancer dans une aventure populiste, qu’elle soit de gauche ou de droite. Le LR n’a pas compris la chance qui se présentait à lui, malgré la main tendue. Il a chassé de ses rangs le nouveau premier-ministre ainsi que Bruno Le Maire et Gérard Darmanin qui ont eu à ses yeux le toupet de passer « à l’ennemi !» La droite conservatrice n’a pas compris la chance qui se se présentait à elle, celle de rebâtir le pays et ceci de fond en comble. Ce sont des réflexes qui appartiennent au passé et qui devrait être bannis. Ce qui se passe ces jours est absolument fascinant. C’est une démarche qui a pour but de calmer les esprits, de rendre à la France sa dignité. C’est aussi une porte ouverte sur ce que pourrait être l’avenir. Une réponse catégorique contre les extrêmes qui veulent détruire l’Europe toute entière. N’y a-t-il pas eu assez de carnage ? Faut-il vraiment continuer à s’entre-dévorer ? Mais c’est malheureusement ainsi, car certains n’ont pas tiré les leçons de ce qui aurait pu tourner à l’aigre. Weiterlesen
Oui au bilinguisme !
Emmanuel Macron veut redonner de la vigueur aux classes « bilangues ». L’allemand continuera à être enseigné en France, ainsi que le français en Allemagne. Je pense qu’indépendamment des considérations politiques, tous gosses sachant parler deux langues a des avantages indéniables dans la vie professionnelle. J’ai souvent évoqué les difficultés qu’avaient les PME avec les barrières linguistiques. Si on veut encourager dans le domaine économique les exportations, il ne peut pas y avoir de dialogue de sourds. La plupart des cadres doivent au moins parler l’anglais, mais ce serait bon que de telles connaissances soient aussi répercutées chez les ouvriers, qui de plus en plus doivent se déplacer comme monteurs dans un grand nombre de pays. Avec plus de communication, peu importe à quel niveau, la qualité des rapports humains augmente. Aussi la connaissance de certaines traditions locales ne peut qu’avantager des démarches souvent complexes. Lorsque je me suis établi en Allemagne en 1971, je ne parlais pas bien la langue de Goethe et ai tout de suite remarqué quel frein cela pouvait être pour vraiment capter ce que les gens pensent et comment ils réagissent. J’avais certes de bonnes bases, mais ai très vite remarqué à quel point une langue est subtile. Il s’agit souvent de savoir lire entre les lignes, pour se faire une idée de son vis-à-vis. Ceci est particulièrement important quand on négocie une nouvelle collaboration, peu importe dans quel domaine. Il faut que le courant passe. Weiterlesen
La France recomposée
Il est permis d’avoir des doutes, si l’ancien député LR, Édouard Philippe, pourra être l’homme de la synthèse entre la gauche et la droite. C’est ce soir, lorsque le secrétaire général de la présidence annoncera la liste des ministres, qu’il sera possible de voir plus clair. Sa nomination a causé des remous dans les rangs de la droite démocratique. Pour beaucoup elle est considérée comme un moyen de diviser les rangs au sein de ses formations. Son mentor, Alain Juppé, tout en se réjouissant de l’honneur accordé à Édouard Philippe, ne tournera pas le dos au LR. Certains lui reproche sa versatilité. N’a-t-il pas été au cours de sa jeunesse rocardien ? Pendant un certain temps il était encarté au PS. Puis il a rejoint ensuite la droite modérée. Il aura la tâche difficile de rassembler la droite et la gauche sous la bannière « La République en marche ! ». Le président sait qu’avec ce premier-ministre il pourra concrétiser la recomposition de l’échiquier politique, tout au moins il l’espère et ceci avant les législatives. Beaucoup aurait souhaité qu’il se soumette au verdict du peuple, soit de voter pour sa formation et puis ensuite mettre sur les rails une coalition gouvernementale. Emmanuel Macron sait parfaitement que ce n’est pas dans la tradition de la Cinquième République de préconiser un tel modèle. C’est pourquoi il cherche, avec les candidats de sa formation, d’attirer le plus d’hommes et de femmes ayant appartenu à d’autres partis. Ce qu’il doit à tout prix éviter, c’est une cohabitation. Elle lui lierait les mains et l’empêcherait de réaliser son programme. Quelques militants importants du parti d’Édouard Philippe ont d‘ hors et déjà déclaré qu’ils saisiraient la main que leur tend le nouveau président et qu’ils seraient volontiers ministres. Weiterlesen
L’effondrement du SPD
Les élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie ont été un désastre pour les sociaux-démocrates. Le CDU de la Chancelière sort grand vainqueur, avec Armin Laschet à sa tête. La gauche modérée a ainsi perdu son bastion, ce qui fait très mal. Pour Martin Schulz de mauvaises augures pour le 24 septembre, le jour où le Bundestag sera renouvelé. S’il ne se reprend pas et définisse un programme bien précis, le SPD tombera dans la trappe. Ce parti se trouve depuis des décennies dans la situation suivante : pour pouvoir participer au pouvoir il est obligé de tenir en compte les réalités économiques. Elles sont souvent en contradiction avec les valeurs sociales, que cette formation devrait représenter. On ne peut pas d’une part danser avec les tous puissants et de l’autre, vouloir panser les plaies des plus déshérités. Comme je l’ai souvent déjà écrit, ce chassez-croisé à vu son point culminant avec l’agenda 2010, où un parti de gauche a imposé des mesures, que même les plus conservateurs n’auraient jamais osé prendre. Hartz IV, le nom de ces mesures restrictives contre les chômeurs, a précipité plus d’un dans la misère. C’est le prix « du miracle allemand », de la précarité au profit des mieux nantis ! Je ne reviendrai pas sur les millions de personnes qui travaillent pour un salaire de misère et ne peuvent pas assurer le quotidien de leurs proches. Le phénomène qui se passe actuellement chez le SPD, pourrait entamer un phénomène identique à celui du PS français : l’effondrement. Et ceci malgré le bon travail effectué par les ministres sociaux-démocrates du gouvernement fédéral. Mais il ne sert à rien de se lamenter, il faut trouver des solutions. Weiterlesen
Pas droit à l’erreur !
Après un quinquennat plein de couacs, celui de François Hollande, le nouveau locataire du Palais de l’Élysée est condamné à faire un sans-faute. Ce sera un pari très difficile à gagner. Je pense que lorsque Emmanuel Macron fera ses premiers pas sur le tapis rouge de la cour d’honneur, il saura très bien que ce qui l’attend. On ne lui accordera pas une trêve, ce qui est normalement de coutume pendant les cents premiers jours du pouvoir. Il se trouve face à un pays plus ou moins désarçonné qui ne se remet pas encore des heurts qu’il a subit ces dernières semaines. Beaucoup de personnes ne savent plus à quel saint se vouer. Trop de porcelaine a été cassée. Cela a été aussi le démontage de personnes, qui a première vue semblaient avoir été intègres tout au long de leur vie, d’injures lancées sans se rendre compte quel dommage cela pouvait entraîner derrière soi, une violence inégalée au cours d’une campagne électorale nauséabonde sous bien des égards. De la dérive à tout les niveaux, de l’irrationnel servi à la louche. Et dans tout cela un relativement jeune homme sur qui pèse le poids à peine supportable de sortir la France de l’ornière. On croit rêver mais c’est la réalité ! Le nouveau président ne devra pas se payer le luxe que de faire de la figuration, au contraire. Dès aujourd’hui il devra être effectif, en nommant probablement dans le foulée des cérémonies le prochain premier-ministre. Cela donnera un aperçu de ce qu’il compte faire jusqu’aux législatives. Il sera à mon avis obligé de s’y impliquer bien plus qu’il le voudrait. Nous nous trouvons effectivement sur un terrain inconnu. Le mouvement « En marche la République ! », qui l’a secondé jusqu’à sa victoire, est en pleine mutation. Il devrait représenter la majorité présidentielle. Weiterlesen
En marche en Allemagne
Hier soir j’ai passé quelques moments avec un historien dans une taverne grecque à Berlin. Comme c’est le cas ces jours, la France s’est trouvée au centre de la conversation. C’est dans de tels moments qu’on se rend compte que ce qui s’est passé avec la présidentielle, a une importance vitale pour les gens d’ici. Il ne mit pas seulement l’évolution de la construction européenne au centre de ses thèses, mais aussi le rôle essentiel pour la démocratie qu’ont les circonstances actuelles. Il me fit comprendre que pour lui, la France avait un héritage historique en ce qui concerne les droits de l’homme et la libre-circulation des pensées et qu’il attendait des descendants de la Révolution de 1789 qu’ils animent l’Europe entière d’un souffle nouveau de solidarité. Ceci en se référant au principe de l’humanité. Pour lui les trois mots : « liberté, égalité, fraternité » sont la base même des objectifs à atteindre au sein de l’UE. Sans le siècle des lumières, l’Allemagne d’aujourd’hui ne serait que l’ombre d’elle-même, comme cela avait été le cas au cours du 3ème Reich. Lorsque je l’entendis dire, qu’Emmanuel Macron n’avait pas le droit à l’erreur, faute que le continent tout entier sombre dans le fascisme, j’en ai ressenti une certaine angoisse. Weiterlesen
La logique présidentielle
Forger une nouvelle majorité n’est pas une sinécure. François Bayrou a eu un coup de sang, lorsqu’il a appris qui avait été nommé par la commission des candidatures. Au lieu des 120 circonscriptions qu’il souhaitait, il n’en reste que 35. Une fois de plus il s’avère que les politiciens de la vieille école ont énormément de mal à s’adapter à une nouvelle marche à suivre. Ils restent ancrés dans les combines du passé et n’arrivent pas à se faire à l’idée que tout peut se dérouler autrement. 24 anciens députés ont été nommés pour l’instant sur 577 que compte l’Assemblée National. 149 noms restent encore à trouver. Que penser de tout cela ? Les partis traditionnels se présenteront indépendamment de la nouvelle donne. Il y aura, comme c’est normal dans une démocratie, plusieurs groupes parlementaires. « En marche la République » devra après le verdict du premier tour, mettre de l’eau dans son vin et chercher à signer des accords avec les autres partis, qui seraient d’accord de soutenir le nouveau président. On nomme cela la cohabitation. C’est bon pour la démocratie, mais il y a aussi un risque : celui de retomber dans les affres de la IV République, où les majorités étaient si mouvantes, qu’il n’était guère possible de gouverner. Pour ma part je trouve bon que ce soit l’électeur, qui au premier tour, donne spontanément son aval aux candidats de son choix, plutôt un coup de cœur qu’un vote tactique. Il en sera autrement pour le deuxième tour, où la tactique joue un rôle bien plus essentiel. Pour tous ceux qui comme moi soutiennent Emmanuel Macron, il s’agira de voir quelles formations sont prêtes à le soutenir. Afin de ne pas édulcorer son programme, je souhaiterais que le maximum de députés soient issus du mouvement. Je pars du principe qu’ils n’auront pas la majorité à l’Assemblée, Nationale mais qu’ils devraient avoir assez de poids pour ne pas subir la loi du plus fort. Je pense que ce sera son rôle de faire bien comprendre l’enjeu aux citoyens, sans pour autant claquer les portes derrière soi. Weiterlesen