Hier soir j’ai passé quelques moments avec un historien dans une taverne grecque à Berlin. Comme c’est le cas ces jours, la France s’est trouvée au centre de la conversation. C’est dans de tels moments qu’on se rend compte que ce qui s’est passé avec la présidentielle, a une importance vitale pour les gens d’ici. Il ne mit pas seulement l’évolution de la construction européenne au centre de ses thèses, mais aussi le rôle essentiel pour la démocratie qu’ont les circonstances actuelles. Il me fit comprendre que pour lui, la France avait un héritage historique en ce qui concerne les droits de l’homme et la libre-circulation des pensées et qu’il attendait des descendants de la Révolution de 1789 qu’ils animent l’Europe entière d’un souffle nouveau de solidarité. Ceci en se référant au principe de l’humanité. Pour lui les trois mots : « liberté, égalité, fraternité » sont la base même des objectifs à atteindre au sein de l’UE. Sans le siècle des lumières, l’Allemagne d’aujourd’hui ne serait que l’ombre d’elle-même, comme cela avait été le cas au cours du 3ème Reich. Lorsque je l’entendis dire, qu’Emmanuel Macron n’avait pas le droit à l’erreur, faute que le continent tout entier sombre dans le fascisme, j’en ai ressenti une certaine angoisse.

La France de ce jour pourrait-elle apporter un vent nouveau ? Ne devrait-elle pas tout d’abord remettre de l’ordre dans sa maison ? Essayer de réconcilier les Français entre eux ? L’historien me répondit que cela ne pouvait pas réussir en vase-clôt et que la vocation internationale à elle-seule pouvait donner aux citoyens la force de mettre des réformes, qui à elles seules dépassent les capacités actuelles d’un pays qui essaie de se redéfinir, en route. Axel me dit qu’il ne pouvait pas ignorer que plus de onze millions de personnes avaient voté pour la réaction, pour les idéaux d’une France qui n’a jamais existé, même sous l’ancien régime. « Sans une révolution, je crains fort que l’Europe s’enlise de plus en plus ! » C’est-là que je me rendis compte que ses espoirs étaient un peu démesurés. Qu’il attendait non pas une évolution mais un chamboulement total de l’ordre établi. « Cela ne peut que se dérouler dans la rue au cas où le Président Macron est trop timoré. J’essayais de lui faire comprendre, que la démarche perceptible ces dernier jours, était de faire un bilan et de remettre en marche pas à pas une machine qui ne tourne pas rond. Il me fit comprendre que ce n’était que dans une culture de la controverse qu’il pouvait y avoir des progrès. Il prétendit que l’avenir de l’UE était étroitement lié à celui de la France et que sans une initiative allant dans la direction d’un continent revitalisé, Emmanuel Macron échouerait. Pour lui l’absence d’une Europe sociale état la cause de tous les maux, que sans un tel projet il ne pouvait pas avoir d’équilibre, que tout se détériorerait de plus en plus. En l’entendant je me dis que je n’aimerait pas être dans la peau du nouveau président. Serait-il en mesure de sauver l’UE du naufrage. Il a dit vouloir le faire mais a-t-il les moyens de le réaliser? Sans un soutient inconditionnel à l’Assemblée nationale rien ne sera possible. Ses propres candidats et ceux des partis qui l’ont soutenu, sont-ils conscient de ce qu’on attend d’eux ?

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/05/12/emmanuel-macron-se-rend-a-berlin-lundi-pour-rencontrer-angela-merkel_5126754_3214.html

Pierre Mathias

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