Après un quinquennat plein de couacs, celui de François Hollande, le nouveau locataire du Palais de l’Élysée est condamné à faire un sans-faute. Ce sera un pari très difficile à gagner. Je pense que lorsque Emmanuel Macron fera ses premiers pas sur le tapis rouge de la cour d’honneur, il saura très bien que ce qui l’attend. On ne lui accordera pas une trêve, ce qui est normalement de coutume pendant les cents premiers jours du pouvoir. Il se trouve face à un pays plus ou moins désarçonné qui ne se remet pas encore des heurts qu’il a subit ces dernières semaines. Beaucoup de personnes ne savent plus à quel saint se vouer. Trop de porcelaine a été cassée. Cela a été aussi le démontage de personnes, qui a première vue semblaient avoir été intègres tout au long de leur vie, d’injures lancées sans se rendre compte quel dommage cela pouvait entraîner derrière soi, une violence inégalée au cours d’une campagne électorale nauséabonde sous bien des égards. De la dérive à tout les niveaux, de l’irrationnel servi à la louche. Et dans tout cela un relativement jeune homme sur qui pèse le poids à peine supportable de sortir la France de l’ornière. On croit rêver mais c’est la réalité ! Le nouveau président ne devra pas se payer le luxe que de faire de la figuration, au contraire. Dès aujourd’hui il devra être effectif, en nommant probablement dans le foulée des cérémonies le prochain premier-ministre. Cela donnera un aperçu de ce qu’il compte faire jusqu’aux législatives. Il sera à mon avis obligé de s’y impliquer bien plus qu’il le voudrait. Nous nous trouvons effectivement sur un terrain inconnu. Le mouvement « En marche la République ! », qui l’a secondé jusqu’à sa victoire, est en pleine mutation. Il devrait représenter la majorité présidentielle.

Mais comment y arriver lorsque ses structures sont encore aussi floues ? C’est bien un certain désordre qui a dû séduire les foules, car cela sortait des conventions. Pas de mécanique bien huilée, où la place à l’improvisation est bannie, pas d’organigramme rigide au service du chef ! C’est avec une telle situation qu’Emmanuel Macron devra tout faire pour être au soir du deuxième tour, détenteur d’une majorité stable. J’ai bien peur, que par manque d’expérience et d’un certain doigté, cela ne puisse pas réussir. Aussi sympathique que cela puisse être de repousser toutes les combines politicardes, je pense qu’il sera bien obligé de montrer un peu plus de complaisance envers un système usé. Mais peut-être est-il l’homme-providence dont le pays avait tant besoin, peut-être nous étonnera-t-il encore ? Mais une chose est dorénavant sûre, il y aura du changement « à la pelle ». Lorsqu’il a dit aux candidats à l’Assemblée Nationale, qu’ils avaient des responsabilités considérables afin de faire renaître la France de ses cendres, comme Phénix, il a dit une vérité de la Palice. Dans chaque circonscription, étant élu ou non, il faudra implanter « En marche la République ». Un travail de fourmis qui mettra bien du temps à se réaliser. Et ceci sans droit à l’erreur ! Il y a de quoi attraper le trac ! Très vite le président s’apercevra quelles seront les capacités de ses lieutenants. Aussi fascinant que puisse être sa démarche, peut-on l’envier ?

pm

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/05/13/la-passation-des-pouvoirs-une-journee-qui-s-appuie-sur-l-usage-et-le-protocole_5127387_4854003.html

Pierre Mathias

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