Les élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie ont été un désastre pour les sociaux-démocrates. Le CDU de la Chancelière sort grand vainqueur, avec Armin Laschet à sa tête. La gauche modérée a ainsi perdu son bastion, ce qui fait très mal. Pour Martin Schulz de mauvaises augures pour le 24 septembre, le jour où le Bundestag sera renouvelé. S’il ne se reprend pas et définisse un programme bien précis, le SPD tombera dans la trappe. Ce parti se trouve depuis des décennies dans la situation suivante : pour pouvoir participer au pouvoir il est obligé de tenir en compte les réalités économiques. Elles sont souvent en contradiction avec les valeurs sociales, que cette formation devrait représenter. On ne peut pas d’une part danser avec les tous puissants et de l’autre, vouloir panser les plaies des plus déshérités. Comme je l’ai souvent déjà écrit, ce chassez-croisé à vu son point culminant avec l’agenda 2010, où un parti de gauche a imposé des mesures, que même les plus conservateurs n’auraient jamais osé prendre. Hartz IV, le nom de ces mesures restrictives contre les chômeurs, a précipité plus d’un dans la misère. C’est le prix « du miracle allemand », de la précarité au profit des mieux nantis ! Je ne reviendrai pas sur les millions de personnes qui travaillent pour un salaire de misère et ne peuvent pas assurer le quotidien de leurs proches. Le phénomène qui se passe actuellement chez le SPD, pourrait entamer un phénomène identique à celui du PS français : l’effondrement. Et ceci malgré le bon travail effectué par les ministres sociaux-démocrates du gouvernement fédéral. Mais il ne sert à rien de se lamenter, il faut trouver des solutions.
Comme membre de ce parti depuis 1973 je donnerais aux camarades le conseil de revenir aux sources mêmes de la gauche, celle d’être l’avocate de tous ceux et celles qui sont les grands oubliés de notre société. De mener plus durement le débat, de se départir de la retenue qui caractérise le SPD depuis longtemps. C’est à mon avis impératif. Lorsque Martin Schulz dit qu’il faut absolument éliminer les injustices sociales, il oublie que son parti était aux manettes pendant cette législature. Il y a eu de grands correctifs, il faut le reconnaître. Je ne sous-estimerai pas l’action positive qui a lieu au sein de la coalition gouvernementale. Le chef du parti n’a pas sans raison évoqué hier soir, après la publication des résultats, l’exemple de son ami Emmanuel Macron. Martin Schulz semble être bien conscient qu’il devrait se départir au plus vite de l’appareil du parti, qui paralyse tous mouvements de pensée. Un pas qu’il devrait tenter pour mettre sur les rails une nouvelle infrastructure politique. Mais ce ne sera pas possible, car le SPD a une tradition de plus de 150 ans et que je crains, qu’il ne soit pas en mesure de se remettre en question. Personne ne peut souhaiter son déclin, même les conservateurs, car cela enlèverait l’assise démocratique de ce pays. Il est à prévoir que les réformes nécessaires seront repoussées aux calendes grecques, car personne ne veut prendre le risque que cela puisse provoquer un ouragan non maîtrisable. Aujourd’hui le comité directeur du SPD dira comment il compte continuer. J’espère l’offensive !
pm