Le 30ème anniversaire de la chute du mur de Berlin incite à la réflexion. C’est pour moi la preuve qu’il est vain de mettre les hommes en cage, car à un moment ou l’autre, ils feront la belle, comme certains prisonniers en cavale. Même si les chances d’une fuite sont des moindres, personne ne retiendra quelqu’un qui veut s’échapper, qui veut s’émanciper. L’instinct de la liberté sera toujours le plus fort. Je pense aux migrants, qui d’après la volonté de Donald Trump devraient butter contre un mur séparant le Mexique des USA. Ou tous ces malheureux qui risquent de se noyer en prenant place dans des embarcations vétustes afin de rejoindre par tous les moyens l’UE. La plupart savent qu’ils ne seront pas les bienvenus, qu’il y a de grands risques qu’ils soient poursuivis et pourtant rien ne pourra arrêter cet exode de leur pays natal. Il y a certes les conditions déplorables auxquelles ils ont été soumis, la disette, la répression de régimes bafouillant les droits de l’homme. Mais le fait de se sentir dans l’impossibilité de bouger, est une raison de taille d’essayer de s’échapper de la cage. Cela a été le cas des habitants de la RDA, qui se sentaient mis sous tutelle par un régime, qui par la répression, les a mis sous cloche. Mais lorsque une telle situation se présente, elle fait émerger d’autres sentiments. Une cage peut donner l’illusion qu’on se trouve en quelque sorte en sécurité, ce qui est évidement presque toujours un leurre. En ce qui concerne la RDA, les gens avaient une garantie de l’emploi. Ils pouvaient assurer leur quotidien, même s’il était des plus modestes. Weiterlesen

Lorsque Jean-Luc Mélenchon parle d’annexion en ce concerne la réunification de l’Allemagne , je ne suis pas aussi catégorique que Daniel Cohn-Bendit, qui prétend que ce que le leader der La France Insoumise dit est de la bêtise. Mes arguments ne sont pas seulement théoriques. Ils se basent sur ce que j’ai vu en RDA peu après la chute du mur de Berlin. Dès le mois de janvier 1990 je parcourais le pays afin de constater comment les relations entre l’Ouest et l’Est se déroulaient. Cela n’était pas du gâteau dans bien des cas. Je me suis rendu dans des fabriques, qui étaient, quelques semaines après le évènements, désaffectées, qui n’avaient aucune chance de survie, car ce qu’elles produisaient n’était pas à la hauteur des exigences qu’on attendait d’elles, qui travaillaient à pertes pour maintenir le plein-emploi qui existait jusqu’alors. J’ai vu un grand nombre d’anciens employés et ouvriers dans le désarroi, qui ne savaient pas comment il feraient pour survivre. Le 1er mars 1990 le conseil des ministres de la RDA sous la présidence de Hans Modrow décida de créer la Treuhand, une organisation chargée d’adapter l’économie aux normes de la politique sociale de marché. Son verdict fut impitoyable. La plupart des entreprises d’État n’étaient pas rentables et devaient être fermées. Du point de vue strictement mercantile une nécessité, humainement un désastre. Beaucoup d’entre-elles furent démantelées par les nouveaux acquéreurs, pour qui l’apport immobilier avait la priorité. J’ai vu des gens qu’on jeta littéralement à la porte, pour qui l’accès de leur ancien lieu de travail était interdit. Il y avait bien un filet de retenue dans le social, mais il ne correspondait en aucune manière à ce que les gens avaient connu en RDA. Il était impossible d’en vivre. Weiterlesen

Ce qui aurait dû être le point de départ d’une époque de liberté est devenu le symbole de la régression. Je veux parler de la chute du mur de Berlin, qui a redonné du punch aux forces perverses du passé, qui a marqué le renouveau du fascisme et du nazisme. Je trouvais à l’époque absolument nécessaire que le communisme s’effondre, car il avait trahi son idéologie, celle de la liberté. Qu’il maintenait des millions de citoyens dans une cage. Je condamnais alors le Stasi et toute l’horreur qu’il propageait en faisant subir des lavages de cerveau à toute une population ! Je m’étais réjoui qu’il était enfin possible pour les victimes du régime de sortir de prison, de pouvoir s’éclater. Mais lorsque je vois comment cela se passe 30 ans plus tard, je me demande bien si les gens ont bien compris le sens de la révolution de 1989 ? Aujourd’hui je vois que le totalitarisme revient en force, que le message propagé à l’époque, celui de l’émancipation a été bafoué. Tout cela me fait douter de l’homme, me rend très méfiant par rapport à l’avenir. Peut-on encore faire confiance à la politique dans de telles conditions ? J’aurais à l’époque évité de poser une telle question, car je croyais alors – un peu naïvement – qu’elle était en état de se surpasser. Je dois constater le contraire. D’accord, je broie du noir, mais lorsque force est de constater qu’en Thuringe, dimanche dernier le leader local de l’AfD a obtenu 23 % des voix. Que le patron du Flügel, l’aile néonazie de ce parti, a été plébiscité, j’en éprouve de la nausée. Pour l’instant je ne vois pas de soleil à l’horizon, plutôt du « brun caca ». De quoi me donner le blues. Weiterlesen

Les opposés au fascisme, les « antifas », ont occupé hier les rues de Dresde. Il étaient d’après le organisateurs plus de 35.000 manifestants. Des antinazis qui veulent démasquer l’AfD qui risque de glaner plus de 20 % aux élections régionales de Saxe dimanche prochain. La démonstration que l’Est de l’Allemagne n’est pas seulement un ramassis de nostalgiques de l’idéologie brune. En écrivant cet article je veux rendre hommage à tout ceux qui ont le courage de montrer qu’ils ne se laissent pas intimider par les voyous se réclamant de l’extrême-droite, qui dans bien des quartiers et des villages font la loi. Qui menacent de ratonnade, tous ceux qui font opposition. J’aurais pu aujourd’hui parler du G7 ou du pyromane Bolsonaro, mais j’ai ressenti le besoin de prendre parti pour tous ceux qui essaient de se mettre en travers à la montée du néonazisme allemand. Malheureusement une réalité qu’il ne faut en aucun cas sous-estimer. Comment se fait-il que les nouveaux Länder en soient venus là. Ce sont avant tout les suites d’une réunification qui ne s’est pas bien passée. Après la chute du mur de Berlin, des hordes de sauterelles venant de l’Ouest ont envahi la RDA ont s’emparant de tout ce qui avait encore une certaine valeur. Puis lors du rattachement des provinces orientales au reste de la République, la « Treuhand », une société étatique appelée à gérer l’économie, a provoqué un ras-de-marée de fermetures d’usines et d’autres institutions, mettant au chômage des centaines de milliers de citoyens. On leur a fait sentir, qu’ils avaient été paresseux, tout à fait incapable de gérer leurs entreprises. Des bons à rien. Weiterlesen

Gregor Gysi a écrit un best-seller, « Ein Leben ist zu wenig » (Une vie c’est trop peu), qui a été vendu plus de 100000 fois depuis sa parution il y a cinq mois. Cet avocat, qui du temps de la RDA, était le défenseur de nombreux dissidents, avait des rapports assez étroits avec le régime, ce qu’on lui a reproché. Sa réponse : « Comment aurais-je pu être efficace, sans certaines relations ? » Il a été jusqu’à peu, un des leaders de « Die Linke », le parti de gauche issu du SED, la formation dominante de la RDA, dont Erich Honecker était issu. Personne n’a oublié le mur de Berlin, la Stasi, la police de sûreté, qui était omniprésente, les arrestations arbitraires et ceci au nom du socialisme. Le «Die  Linke » a pris depuis ses distances par rapport à son aîné et joue depuis l’effondrement du régime autoritaire de la RDA, la carte de la démocratie. Il doit indéniablement cette évolution à Gregor Gysi, qui pendant des années a été député au Bundestag et un des leaders charismatique de ce parti. Il se détachait de ses collègues, peu importe leur couleur politique, par un talent oratoire peu commun en Allemagne. Un homme qui savait parfaitement manier le verbe. Sans vouloir oublier les souffrances occasionnées par le SED et son régime impitoyable, il essaie toujours de tempérer les esprits au sujet de ce passé, en invoquant les acquis sociaux de la RDA. Pas de chômage, un bon système scolaire et j’en passe. Il aurait voulu que la République Fédérale ne rejette pas tout d’un bloc et reprenne les aspects positifs, comme la gérance de la petite enfance, par exemple. De la crèche à la maternelle, toutes les familles pouvaient compter pouvoir y placer leurs enfants, ce qui permis aux mères de pouvoir exercer leur métier et gagner ainsi de l’argent pour le ménage. Ceci moins l’endoctrinement qui était insupportable. Du bourrage de crâne depuis le plus jeune âge. Weiterlesen