Les opposés au fascisme, les « antifas », ont occupé hier les rues de Dresde. Il étaient d’après le organisateurs plus de 35.000 manifestants. Des antinazis qui veulent démasquer l’AfD qui risque de glaner plus de 20 % aux élections régionales de Saxe dimanche prochain. La démonstration que l’Est de l’Allemagne n’est pas seulement un ramassis de nostalgiques de l’idéologie brune. En écrivant cet article je veux rendre hommage à tout ceux qui ont le courage de montrer qu’ils ne se laissent pas intimider par les voyous se réclamant de l’extrême-droite, qui dans bien des quartiers et des villages font la loi. Qui menacent de ratonnade, tous ceux qui font opposition. J’aurais pu aujourd’hui parler du G7 ou du pyromane Bolsonaro, mais j’ai ressenti le besoin de prendre parti pour tous ceux qui essaient de se mettre en travers à la montée du néonazisme allemand. Malheureusement une réalité qu’il ne faut en aucun cas sous-estimer. Comment se fait-il que les nouveaux Länder en soient venus là. Ce sont avant tout les suites d’une réunification qui ne s’est pas bien passée. Après la chute du mur de Berlin, des hordes de sauterelles venant de l’Ouest ont envahi la RDA ont s’emparant de tout ce qui avait encore une certaine valeur. Puis lors du rattachement des provinces orientales au reste de la République, la « Treuhand », une société étatique appelée à gérer l’économie, a provoqué un ras-de-marée de fermetures d’usines et d’autres institutions, mettant au chômage des centaines de milliers de citoyens. On leur a fait sentir, qu’ils avaient été paresseux, tout à fait incapable de gérer leurs entreprises. Des bons à rien.
J’ai eu l’occasion d’assister à de telles fermetures et ai pu voir le désespoir des personnes mises à pied. Aussi le mépris que « les nouveaux frères et sœurs » leur portaient. Dans de telles conditions rien de bon pouvait en résulter. Aujourd’hui, 30 ans après la chute du mur de Berlin, c’est le néonazisme, comme arme de vengeance. La confirmation qu’Oscar Lafontaine avait eu à l’époque raison de s’opposer à une telle réunification. Il partit du point de vue, qu’il fallait laisser à la RDA le temps de se remonter, de refaire surface par ses propres moyens, avant de s’intégrer complètement en RFA. L’humiliation qu’ont ressenti ses habitants nous pend aujourd’hui encore au nez. Les « Wessis », les habitants de l’ancienne Bundesrepublik, n’ont pas manqué une occasion de les critiquer, de les traiter de primitifs. Ceci se ressent encore aujourd’hui. C’est ce qui explique l’extrémisme de droite qui y règne. Les migrants n’ont été que la lame de fond qui a fait exploser la haine envers « leurs sauveteurs ». Ce qui se passe actuellement est une prise en otage de l’Allemagne toute entière, qui risque de réussir, si les démocrates ne font pas tout pour freiner de tels faits. Il y a encore un fossé entre ceux qui sont originaires des nouveaux Länder et ceux qui les ont « reçu ». Mentalement nous avons encore à faire à deux entités différentes. Il n’est pas étonnant que bien des nostalgique de la RDA se retrouvent aujourd’hui sous les bannières néonazies, ceci plus par esprit de revanche que par conviction idéologique. Ils savent que le fait de réhabiliter Hitler, est une gifle pour tous les démocrates. Voilà sous quel aspect il faut voir la manif de hier à Dresde.
pm