Une visite d’État qui passe à l’aigre, ce n’est pas coutume. Lors d’un banquet offert par Frank-Walter Steinmeier, le président allemand, il y a eu une passe d’arme entre lui et Recep Tayyip Erdogan ayant comme point de départ les journalistes incarcérés en Turquie. L’autocrate du Bosphore s’est alors empressé d’accuser la République Fédérale de donner asile à des milliers de terroristes et d’exiger qu’ils soient remis à ses autorités afin d’être jugés. Franz-Walter Steinmeier a de son côté appeler le gouvernement turc a revenir à la démocratie, à respecter la liberté d’opinion, d’ouvrir enfin ses geôles. Erdogan de son côté a invoqué l’autonomie de la justice. Et j’en passe. Ce qui s’est passé à Berlin reflète dans quel´état sont les relations entre les deux pays. Elles sont plus tendues que jamais. Bien que je sois partisan de la diplomatie, je salue l’intransigeance du président. La démonstration qu’il y a des situations, où il faut dire la vérité. En s’enferrant de plus en plus dans son autoritarisme, le président turc se met en touche. Il sera aujourd’hui à Cologne pour y inaugurer la nouvelle grande mosquée et ceci sans les autorités allemandes. Le tout se déroulera dans une atmosphère des plus tendues. Toutes les manifestations ont été interdites. La présence policière transformera Cologne en une ville en état de siège, je le suppose. Il ne fait aucun doute que dans le discours qu’Erdogan tiendra, il réitérera les accusations contre l’Allemagne. La preuve qu’on se trouve à deux pas du point de rupture. Weiterlesen

Le grand oral de Nicolas Sarkozy hier soir a été comme celui d’un élève qui a jeté un regard sur le travail de sa voisine, sans y être autorisé. Il aurait été exclu de l’examen si cela s’était passé à l’école ou à l’université. Un mauvais plagiat s’en est résulté. Chez Marine Le Pen on peut admettre qu’elle agit de la sorte par conviction, chez l’ancien président que par opportunisme afin d’atteindre le piédestal qu’il s’est fixé. Du « moi je » plus que néfaste. La façon qu’il a traité la communauté musulmane dans son ensemble est une déclaration de guerre. Une manière de se soumettre aux diatribes du bas-peuple. Ses revendications sont un appel à l’exclusion, Ne remarque-t-il pas qu’il blesse la charte des droits de l’homme ? Que c’est lamentable ! Je ne suis pas pour le port de la burqa en Europe parce qu’elle ne correspond pas à nos mœurs, mais je n’irai jamais jusqu’à lancer l’anathème contre celles qui s’y prêtent. Les sanctions prononcées tiennent de l’intolérance la plus brute. Je sais, nul par dans le Coran il en est question, la raison pour laquelle on ne blesse en aucune manière la religion. Mais pourquoi empêcher le foulard ? Il n’est pas synonyme d’islamisme. Il est seulement une marque identitaire. Nicolas Sarkozy devrait savoir que les musulmans font partie intégrante de notre pays et qu’il faut à tout prix les respecter. C’est ce qu’il a omis de faire hier soir. Je suis profondément perturbé que le populisme puisse à ce point gagner ceux qui se réclament du Gaullisme. L’ancien président est à des années lumières de la pensée du général. Elle n’a jamais été discriminatoire, d’où sa grandeur. Lui, qui a été attaqué physiquement par ceux qui ont permis au FN de s’établir en France, n’aurait jamais essayer de se mouvoir dans ce lisier nauséabond qu’est le racisme. Il ne l’aurait jamais utilisé à des fins partisanes. C’est la raison pour laquelle je n’accepte pas la démarche de Nicolas Sarkozy, moins encore qu’il se réclame de celui qui a sauvé le pays dès 1940. Je le classerais plutôt comme pétainiste, qui dans sa démarche a été vil. Pour moi, qui est un partisan convaincu de de Gaulle, je ne peux pas accepter une telle usurpation. Weiterlesen

Le parlement a voté la prolongation de trois mois, soit jusqu’au 26 mai 2016, de l’état d’urgence. Au point de vue de la répression du terrorisme j’approuve cette décision, mais j’ai plus de mal à l’avaler lorsqu’il est question des libertés individuelles. Le gouvernement ne pouvait pas faire autrement mais le danger persiste que cela devienne le quotidien. Cela serait fatal pour une démocratie qui se doit de respecter l’individu. Ne nous leurrons pas, les terroristes de Deach ont obtenu que nos droits démocratiques soient limités. L’intrusion légale dans nos activités quotidiennes est à ce titre une contrainte, que peu de citoyens éprouvent ainsi. C’est là qu’il y a du sable dans la mécanique. Cela reviendrait à dire que chacun d’entre-nous est prêt à se soumettre à ce régime ; plus encore a ne plus s’en apercevoir. Que l’on touche ainsi au fondement même de notre société, n’impressionne vraiment plus tout le monde. La liberté est une notion fondamentale qu’il s’agit de préserver. La seule valeur pour laquelle il indispensable de lutter ! Si nous le faisions pas, nous serions soumis à des autocrates de la trempe de Baschar al-Assad. La Hongrie de Viktor Órban montre où cela peut mener. De même la Pologne où le gouvernement populiste restreint les droits de la justice ou met la presse au pas. L’état d’urgence peut légaliser de telles mesures, ce qui met en déséquilibre tous les principes de la Révolution de 1789. Les droits de l’homme peuvent en être altérés, ce que j’ai un grand mal à avaler. Dans un tel contexte l’exceptionnel doit rester la règle. S’il devenait une normalité, ce serait la porte ouverte à d’autres excès, quel que soit le domaine concerné. Non, il serait fatal que cela se passe ainsi. Weiterlesen

Viktor Orbán décrit son régime comme étant une « démocratie non-libérale ». Lors de la conférence de presse à Budapest il y a deux jours, Angela Merkel s’est déclarée surprise par une telle définition. À mon avis le premier-ministre hongrois aurait aussi pu rayer le mot démocratie de son vocabulaire. Cela correspondrait mieux à ses aspirations ! Depuis des années il muselle l’opposition, discrimine les minorités, que ce soient les romanichelles ou les juifs. Et que fait l’UE ? Elle ferme les yeux et se bouche les oreilles ! La Hongrie, dans l’état actuel des choses, n’a pas sa place dans une communauté qui se dit défendre les droits de l’homme et la liberté d’expression. Vouloir prétendre ne pas vouloir s’immiscer dans les affaires internes d’un État est une vue de l’esprit qui ne peut pas subsister lorsque il y a volonté de mener une politique commune. Que l’on veuille ou non, ce qui se passe chez les Magyars nous regarde ! Bruxelles a les moyens de faire pression mais hésite encore. Il n’y a qu’à fermer le robinet des subsides, ce n’est pas plus compliqué que cela ! Mais on ne veut pas brusquer. Ne vaut-il pas mieux passer de la pommade et faire comme si de rien n’était ? Les dirigeants de l’UE ne remarquent-ils pas qu’ils perdent ainsi toute légitimité ? Qu’ils se rendent complice d’une dictature à peine dissimulée, où les élections sont manipulées, où la famille et les amis de Viktor Orbán se remplissent les poches, où la corruption est quotidienne ? Et ceci avec nos impôts ! Bravo, je nomme cela une bonne gestion fiscale ! Une telle attitude risque de devenir le talon d’Achille de notre communauté. Comment pouvons-nous être crédibles tant que nous laissons passer de tels méfaits ? Je suis un Européen convaincu, mais de tels non-agissements me laissent pantois. Comment expliquer au peuple que nous défendons des valeurs ? Qui profère de telles déclarations d’intention, doit les appliquer. Mais personne ne veut indisposer ceux qui ont de la démocratie une autre conception, qui la bafouent ! Lorsque le FPÖ de Jörg Haider était membre de la coalition autrichienne, le silence était aussi de mise à Bruxelles. Qu’en serait-il si le FN avait le malheur de gagner les élections présidentielles ? Peut-on tout simplement accepter de courber l’échine devant ceux qui veulent saborder l’Europe ? Viktor Orbán en fait partie ! Il serait temps de travailler à notre identité et de dire haut et fort quelles concessions nous ne sommes pas prêts à accepter. Les citoyens veulent savoir pour quelle société ils doivent lutter ? Sûrement pas pour le modèle hongrois qui est discriminatoire. Actuellement nous cautionnons de facto le populisme. Cette évolution est un désastre. Il met dans la défensive tous ceux qui ont une vision d’ouverture, de fraternité ! Où sont tous ceux qui devraient élever leur voix ? Ils se complaisent dans une immigration intellectuelle et préfèrent passer inaperçue. Pas comme les millions de Français qui sont descendus dans la rue après les massacres de Paris. Les politiciens européens devraient en prendre de la graine ! Quo vadis Europa ?

pm

http://www.liberation.fr/monde/2015/02/02/face-a-orban-merkel-vue-en-femme-providentielle-par-les-hongrois_1194258

Pierre Mathias