Une visite d’État qui passe à l’aigre, ce n’est pas coutume. Lors d’un banquet offert par Frank-Walter Steinmeier, le président allemand, il y a eu une passe d’arme entre lui et Recep Tayyip Erdogan ayant comme point de départ les journalistes incarcérés en Turquie. L’autocrate du Bosphore s’est alors empressé d’accuser la République Fédérale de donner asile à des milliers de terroristes et d’exiger qu’ils soient remis à ses autorités afin d’être jugés. Franz-Walter Steinmeier a de son côté appeler le gouvernement turc a revenir à la démocratie, à respecter la liberté d’opinion, d’ouvrir enfin ses geôles. Erdogan de son côté a invoqué l’autonomie de la justice. Et j’en passe. Ce qui s’est passé à Berlin reflète dans quel´état sont les relations entre les deux pays. Elles sont plus tendues que jamais. Bien que je sois partisan de la diplomatie, je salue l’intransigeance du président. La démonstration qu’il y a des situations, où il faut dire la vérité. En s’enferrant de plus en plus dans son autoritarisme, le président turc se met en touche. Il sera aujourd’hui à Cologne pour y inaugurer la nouvelle grande mosquée et ceci sans les autorités allemandes. Le tout se déroulera dans une atmosphère des plus tendues. Toutes les manifestations ont été interdites. La présence policière transformera Cologne en une ville en état de siège, je le suppose. Il ne fait aucun doute que dans le discours qu’Erdogan tiendra, il réitérera les accusations contre l’Allemagne. La preuve qu’on se trouve à deux pas du point de rupture.
Personne en Allemagne n’acceptera que la République Fédérale accorde une aide financière à Ankara pour régler la crise qui touche le pays. Il est incroyable que le président turc bafoue à ce point le droit d’asile. Les personnes à qui Berlin a accordé sa protection risquent de passer le reste de leur vie en prison et si la peine de mort était rétablie, d’être exécutées. Il est dans de telles conditions clair, que l’attitude du gouvernement allemand ne peut qu’être intransigeante. Frank-Walter Steinmeier, plus que la Chancelière, a marqué les limites à ne pas dépasser. Et que faut-il attendre de la communauté turque vivant en Allemagne ? Il est à craindre qu’elle se radicalise, car une majorité de ses ressortissants sont des inconditionnels d’Erdogan. Il est aussi à craindre que l’Islam devienne encore moins conciliant. Tout cela ne présage rien de bon. Cette situation encouragera-t-elle le terrorisme fondamentaliste ? Pour être correct, je dois dire dans ce contexte que Recep Tayyip Erdogan y est opposé et que la Turquie en est aussi la victime, mais la situation actuelle pourrait encourager certains terroristes à semer encore plus de zizanie. Le terrain me paraît être propice à plus de violence. Les évènements de Chemnitz pourraient se répéter un peu partout. Qui peut prétendre que l’extrême-droite ne réagira pas en attaquant des institutions turques ? Il se pourrait que l’Allemagne devienne les mois qui viennent le théâtre d’évènements désastreux. Une fois de plus mon appel que le gouvernement allemand mette le pied à l’étrier et reprenne ainsi du poil de la bête. Je pense que le discours courageux de Frank-Walter Steinmeier allait dans ce sens, qu’un électro-choc était nécessaire. Je ne peux qu’espérer que ce message soit entendu par tous les responsables politiques.
pm