Maintenant que cela va mal en Turquie, Recep Tayyip Erdogan est en Allemagne en quémandeur, où il est reçu avec certaines réticences et pour cause. Il n’y est pas allé dans le passé avec le dos de la cuillère, au contraire. En traitant Madame Merkel de nazi ainsi que le peuple allemand dans son ensemble il ne s’est pas fait que des amis. Malgré les lois de la Realpolitik qui devraient inciter les protagonistes à enterrer la hache de guerre, c’est une potion difficile à avaler. Mais bien plus le fait que la Turquie est devenue une grande prison, où tous ceux qui s’attaquent au lustre de l’autocrate qu’est Erdogan, se voient être mis sous les verrous. Je pense en particulier aux journalistes – il y a des citoyens allemands dans le lot – qui moisissent souvent des mois, sinon des années en attendant leur procès. Il n’est pas étonnant que dans ce contexte un grand nombre de députés ainsi que la Chancelière ne participeront pas au dîner que le président Steinmeier donnera en son honneur. Une manière de condamner ce qui se passe en Turquie. L’Allemagne ne peut pas assister sans état-d’âme à la détérioration de l’ordre démocratique dans ce pays. Normalement le gouvernement devrait exercer de la retenue, pas s’immiscer dans les affaires intérieures d’un autre pays, mais étant donné que Recep Tayyid Erdogan ne se gêne pas d’attaquer au cours de meeting tenus en République Fédérale, le pays d’accueil de millions de ses compatriotes, pourquoi se taire ?

Cette visite n’a pas été du goût d’un grand nombre de citoyens, mais il faut se rendre à une évidence : le temps de la diplomatie a repris ses droit. Il y a un fait objectif qui ne peut pas être ignoré c’est la présence d’une très grande communauté turque en Allemagne. Dans sa grande majorité elle soutient Erdogan, même ses membres qui sont binationaux. Une situation qui pour moi est complètement incompréhensible. Je ne peux pas comprendre que des familles toutes entières, ayant vécu depuis quelques génération dans un pays, où la démocratie et pour une grande majorité, la tolérance règne, puissent être aveugles à ce point. Leur attitude a assurément provoqué l’incompréhension mais aussi un regain de xénophobie, ce qui envenime l’atmosphère. Mais malgré les réticences qu’on peut avoir, il faut aller de l’avant. La volonté d’améliorer les rapports politiques entre les deux pays découle avant tout pour éviter de créer des troubles au sein de la communauté turque, qui est restée étonnement calme dans ce pugilat que se livrent Merkel et Erdogan. Puis il y a évidement une grande question de géo-politique. Il ne peut pas être de l’intérêt de l’UE que la Turquie deviennent de plus en plus fondamentaliste. Il faut éviter à tout prix qu’elle soutienne un jour la croisade islamique que certains rêveurs au Qatar ou ailleurs veulent propager par des attentats meurtriers sur notre territoire. C’est dans ce contexte qu’il sera probable que l’Allemagne soutienne la Turquie qui se trouve en plein marasme financier, – malgré le refus d’Angela Merkel – aussi pénible que cela puisse être à comprendre pour tous ceux qui se voient être traité de nazi par un homme qui a perdu toute mesure. C’est évidemment une pilule difficile à avaler, mais je vois pas d’autres solutions. Inch’Allah !

pm

https://www.nouvelobs.com/topnews/20180928.AFP6872/erdogan-en-allemagne-pour-sortir-de-la-discorde.html

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