Le parlement a voté la prolongation de trois mois, soit jusqu’au 26 mai 2016, de l’état d’urgence. Au point de vue de la répression du terrorisme j’approuve cette décision, mais j’ai plus de mal à l’avaler lorsqu’il est question des libertés individuelles. Le gouvernement ne pouvait pas faire autrement mais le danger persiste que cela devienne le quotidien. Cela serait fatal pour une démocratie qui se doit de respecter l’individu. Ne nous leurrons pas, les terroristes de Deach ont obtenu que nos droits démocratiques soient limités. L’intrusion légale dans nos activités quotidiennes est à ce titre une contrainte, que peu de citoyens éprouvent ainsi. C’est là qu’il y a du sable dans la mécanique. Cela reviendrait à dire que chacun d’entre-nous est prêt à se soumettre à ce régime ; plus encore a ne plus s’en apercevoir. Que l’on touche ainsi au fondement même de notre société, n’impressionne vraiment plus tout le monde. La liberté est une notion fondamentale qu’il s’agit de préserver. La seule valeur pour laquelle il indispensable de lutter ! Si nous le faisions pas, nous serions soumis à des autocrates de la trempe de Baschar al-Assad. La Hongrie de Viktor Órban montre où cela peut mener. De même la Pologne où le gouvernement populiste restreint les droits de la justice ou met la presse au pas. L’état d’urgence peut légaliser de telles mesures, ce qui met en déséquilibre tous les principes de la Révolution de 1789. Les droits de l’homme peuvent en être altérés, ce que j’ai un grand mal à avaler. Dans un tel contexte l’exceptionnel doit rester la règle. S’il devenait une normalité, ce serait la porte ouverte à d’autres excès, quel que soit le domaine concerné. Non, il serait fatal que cela se passe ainsi.
Le PS n’essayera pas d’en profiter, je l’espère tout au moins. Mais qu’en serait-il si le FN accède un jour au pouvoir ? Il pourrait diriger le pays par décrets, s’il étendait encore le pouvoir arbitraire par la loi. La tentation absolutiste nous guette à tous instants. Dans une telle situation, il faut toujours jauger le pour et le contre. Je comprends que des gens, qui ont peur d’être les victimes d’attentats comme celui du 13 novembre 2015 à Paris, cautionnent cette restriction des droits personnels, mais est-il adéquat que cela puisse devenir un dogme ? Attention tout notre système pourrait être remis en question. C’est de cela qu’il s’agit. Tout esprit politique se posera la question de savoir quels effets collatéraux l’état d’urgence peut avoir. Qu’il puisse se transformer en un état de siège, ne peut être ignoré. Donner trop de droits aux forces de l’ordre peut mener à des actions arbitraires qui pourraient servir certains politiques. Ce serait légaliser en quelque sorte le coup d’État. C’est la raison pour laquelle, tout en reconnaissant le bien-fondé de décisions pouvant empêcher des attentats terroristes, je préconise que l’état d’urgence soit abrogé à partir du mois de juin de cette années. À moins qu’il y ait un danger imminent. Par contre je serais d’avis qu’il faut revoir les méthodes de travail de la police et de la justice. Il serait impérieux qu’elles puissent agir plus efficacement et que les peines prononcées soient vraiment maintenues. Qui commet un délit doit être puni et non relaxé à cause d’une surpopulation dans les prisons.
pm