L’attentat d’Ankara, qui a fait 28 morts et 61 blessé, m’incite à réfléchir ce qui peut motiver un terroriste à commettre de telles horreurs ? Nous avons à faire à des jeunes qui ne voient plus de solutions pour eux, que ce soit dans leur avenir professionnel ou leur vie affective. Des individus ayant en eux une colère sans borne, qui pour la plupart du temps n’est même pas idéologique. Pour bien comprendre ce qui se passe il faut mettre à plat leur psychologie. Nous avons souvent à faire à des personnes timides, n’ayant pas les capacités de se définir elles-mêmes. Cela laisse des traces aussi dans une sexualité qui n’arrive pas à s’épanouir. Ils se sentent souvent mal dans leur peau, même s’ils sont mariés. Les lois très restrictives des salafistes leur donnent un certain comportement, mais qui ne correspond pas au milieu où ils ont été élevés. Je veux parler des militants de l’EI qui ont grandi en occident. Ils sont en proie à une certaine liberté des mœurs qu’il voudrait appliquer, mais qu’ils ne peuvent pas. Que ce soit par contrainte familiale ou parce qu’ils sont complexés, ils constituent un réservoir de terroristes qu’on peut manipuler à sa guise par des moyens psychologiques. C’est moins les buts islamiques ou nazis à atteindre, que leur mal-être qui les motive à tous vouloir détruire. Ils constituent un réservoir de taille tant qu’ils ressentent une discrimination. C’est là que se trouve la cause originelle. Le but est de provoquer un chaos, qui pourrait sonner le glas de notre société, qui éliminerait soi-disant leurs ennemis. Il ne s’agit pas de construire, mais de tout faire en sorte qu’il y ait de la terre brûlée. Ils n’ont pas les capacités de réfléchir, de se poser la moindre question au sujet de leur présence sur terre. Avec des slogans tout fait, il est possible de les mettre en marche. Le fondamentalisme, quelle que soit son origine, est un moyen simpliste de les motiver.

Ne nous leurrons pas, l’aspect strictement social n’est pas la cause de tous les maux. Plutôt l’incapacité de trouver une identité. Ceci pour les soldats qui sont prêts à se sacrifier pour une cause qu’ils ne connaissent pas forcément. Il en est autrement pour les manipulateurs, pour tous ceux qui tiennent les rennes du pouvoir dans ces groupuscules. Leur but est d’envoyer d’autres sur le terrain comme chaire à canons. Ils ont bien compris que le potentiel de personnes plus ou moins dérangées ou des jeunes à la recherche d’une motivation autre que le gain, est un réservoir inestimable. Ils leurs donnent l’impression d’être quelqu’un. Leur engagement ne leur conférerait pas une notoriété à laquelle ils n’auraient jamais droit ? Mais il y a encore plus : l’occasion d’entrer comme martyre dans l’histoire, d’être enfin reconnu comme quelqu’un pouvant encore servir à quelque chose ? Si notre société galvaude ses valeurs comme c’est le cas aujourd’hui, il ne faut pas s’étonner que ces dérives individuelles provoquent de telles violences. Pour combattre efficacement le terrorisme nous devons remettre à plat tout ce qui concerne les jeunes et se rendre enfin compte qu’avec les moyens du matérialisme il est impossible de palier à leurs problèmes intimes. Il faut avant tout leur esquisser un meilleur avenir. Ce n’est pas le cas aujourd’hui !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/02/17/turquie-violente-explosion-a-ankara_4867101_3214.ht

Pierre Mathias

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