Viktor Orbán décrit son régime comme étant une « démocratie non-libérale ». Lors de la conférence de presse à Budapest il y a deux jours, Angela Merkel s’est déclarée surprise par une telle définition. À mon avis le premier-ministre hongrois aurait aussi pu rayer le mot démocratie de son vocabulaire. Cela correspondrait mieux à ses aspirations ! Depuis des années il muselle l’opposition, discrimine les minorités, que ce soient les romanichelles ou les juifs. Et que fait l’UE ? Elle ferme les yeux et se bouche les oreilles ! La Hongrie, dans l’état actuel des choses, n’a pas sa place dans une communauté qui se dit défendre les droits de l’homme et la liberté d’expression. Vouloir prétendre ne pas vouloir s’immiscer dans les affaires internes d’un État est une vue de l’esprit qui ne peut pas subsister lorsque il y a volonté de mener une politique commune. Que l’on veuille ou non, ce qui se passe chez les Magyars nous regarde ! Bruxelles a les moyens de faire pression mais hésite encore. Il n’y a qu’à fermer le robinet des subsides, ce n’est pas plus compliqué que cela ! Mais on ne veut pas brusquer. Ne vaut-il pas mieux passer de la pommade et faire comme si de rien n’était ? Les dirigeants de l’UE ne remarquent-ils pas qu’ils perdent ainsi toute légitimité ? Qu’ils se rendent complice d’une dictature à peine dissimulée, où les élections sont manipulées, où la famille et les amis de Viktor Orbán se remplissent les poches, où la corruption est quotidienne ? Et ceci avec nos impôts ! Bravo, je nomme cela une bonne gestion fiscale ! Une telle attitude risque de devenir le talon d’Achille de notre communauté. Comment pouvons-nous être crédibles tant que nous laissons passer de tels méfaits ? Je suis un Européen convaincu, mais de tels non-agissements me laissent pantois. Comment expliquer au peuple que nous défendons des valeurs ? Qui profère de telles déclarations d’intention, doit les appliquer. Mais personne ne veut indisposer ceux qui ont de la démocratie une autre conception, qui la bafouent ! Lorsque le FPÖ de Jörg Haider était membre de la coalition autrichienne, le silence était aussi de mise à Bruxelles. Qu’en serait-il si le FN avait le malheur de gagner les élections présidentielles ? Peut-on tout simplement accepter de courber l’échine devant ceux qui veulent saborder l’Europe ? Viktor Orbán en fait partie ! Il serait temps de travailler à notre identité et de dire haut et fort quelles concessions nous ne sommes pas prêts à accepter. Les citoyens veulent savoir pour quelle société ils doivent lutter ? Sûrement pas pour le modèle hongrois qui est discriminatoire. Actuellement nous cautionnons de facto le populisme. Cette évolution est un désastre. Il met dans la défensive tous ceux qui ont une vision d’ouverture, de fraternité ! Où sont tous ceux qui devraient élever leur voix ? Ils se complaisent dans une immigration intellectuelle et préfèrent passer inaperçue. Pas comme les millions de Français qui sont descendus dans la rue après les massacres de Paris. Les politiciens européens devraient en prendre de la graine ! Quo vadis Europa ?

pm

http://www.liberation.fr/monde/2015/02/02/face-a-orban-merkel-vue-en-femme-providentielle-par-les-hongrois_1194258

Pierre Mathias

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