Emmanuel Macron a été hier en Allemagne, où il a rencontré tout d’abord la chancelière, ensuite Frank-Walter Steinmeier, le futur président et Sigmar Gabriel, avec qui il a participé à un débat avec Jürgen Habermas, le philosophe allemand. Le leader de « En marche ! » suscite non seulement de la curiosité, mais aussi le profond espoir qu’il puisse faire barrage au FN. Il incarne une vue sociale qui est proche de celle du SPD. Pour le plus vieux parti d’Allemagne, une démarche qui lui est connue, celle du compromis entre la gauche et la droite. Le clivage qui divise la société française est pour beaucoup de sociaux-démocrates le synonyme de stagnation. Macron leur plaît car il se démarque d’une gauche ringarde, qui pour eux fait partie du passé. Tout en essayant de garder un profil de gauche, le SPD se cherche au sein de la société moderne. Sans le dynamisme d’un Martin Schulz, sa position serait celle du parti-frère aux Pays-Bas qui a vécu un désastre mercredi. Il a obtenu plus que 9% des voix. Le langage offensif du candidat allemand de la gauche modérée, fait pour l’instant des miracles. Le SPD est à égalité avec le bloc conservateur de Madame Merkel et de Monsieur Seehofer. Schulz a aussi à une vue d’avenir pour la marche des affaires. Lorsque Emmanuel Macron dit devant une classe, que la droite promulgue la liberté, que la gauche la solidarité et que pour lui la synthèse des deux devrait être la fraternité, il n’est pas loin du discours de Martin Schulz. Peut-être incarnent-ils les deux ce que devrait être à l’avenir une société apaisée. Celle qui n’étouffe pas les citoyens sous des tonnes de décrets, mais qui interdit en même temps les injustices. Weiterlesen

Normalement je devrais me réjouir, que l’assassin du marché de Noël de Berlin ait été abattu par la police hier au cours de la journée à Milan. La justice allemande n’aura pas à le juger, ce que je trouve regrettable malgré les risques que cela peut engendrer. Il est pour moi difficile de pavoiser lorsqu’un homme, quel que soit ses méfaits, soit ainsi tué. C’était un acte de légitime-défense, d’accord, mais j’ai de la peine à l’accepter. Amri a tué douze personnes d’une manière irréductible. Il s’est rendu coupable d’un attentat odieux qui n’avait aucune justification. Il a éliminé le chauffeur polonais d’une balle lorsque ce dernier tentait de le maîtriser pour qu’il revienne à la raison. Non, il n’y a aucune circonstances atténuantes. De ce point de vue-là il ne pouvait pas en être autrement. Pourtant en ce jour de Noël je ne peux pas m’empêcher de penser à sa famille qui vit en Tunisie. Des gens qui n’approuvent en aucune manière un tel crime, une telle idéologie. Comment peut-on réagir lorsque son propre enfant commet de tels meurtres ? Il y a sûrement un grand déchirement entre l’idéal que l’on s’est fait de son fils et cette réalité terrible d’une course à l’enfer. J’ai de la peine à imaginer de quelle manière je réagirais ? Serais-je encore en mesure de faire mon deuil ? Je n’arrive pas à trouver une réponse satisfaisante. Weiterlesen

L’attentat de Berlin a été revendiqué par l’EI qui déclare ainsi vouloir se venger sur un des pays de la coalition qui combat en Syrie et en Irak. À leurs yeux cet acte odieux entre dans le cadre d’une guerre et devrait être considéré comme faisant partie de la libre-défense. Je ne peux que réprouver une telle analyse. Tout d’abord cette organisation terroriste s’est emparée de territoires et a mis en otage les populations qui y habitent. Dans un cadre strictement issu du droit international, je pense qu’une telle thèse ne tient pas le cap. Aussi peu que l’annexion de la Crimée. D’un autre côté que dire du génocide engendré par Bachar el-Assad ? Vu strictement sous l’aspect juridique, il essaie de reconquérir par la forces des régions qui se sont mises en révolte contre son régime. S’il n’utilisait pas des gaz de combat, le tout serait légal, ce qui me dérange hautement. Il est dit que lorsqu’on fait une déclaration de guerre officielle, beaucoup d’obstacles sont éliminés d’office. C’est justement ici que je m’oppose. Par sa nature je trouve la guerre dans tous ses aspects illégale, car elle tue, détruit et met en esclavage le soi-disant ennemi. Dans le cas bien précis qui me préoccupe, la dialectique de l’opportunité d’une intervention soulève bien des problèmes. Tout d’abord de définir la nature même à donner au conflit. Les uns disent que l’EI agit comme une bande criminelle et qu’elle entre dans le cadre du droit pénal et non politique. Ses protagonistes doivent être traités comme des meurtriers, ni plus, ni moins. D’autres prétendent que les combats menés par l’EI entrent dans une certaine légalité, car ils sont considérés comme des actes de défense. Toutes les victimes des bombardements de la coalition doivent être vengées, disent-ils. Aurait-on affaire à un mouvement de résistance ? Je ne le ressens pas ainsi, mais je sais qu’un tel propos peut mener à discussions.

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Malgré l’angoisse qui étreint bien des gens à Berlin, la population n’est pas prête à lâcher prise. Elle refuse de se laisser intimider par l’EI, qui a revendiqué hier soir la paternité de l’attentat. Cela ne m’étonnerait pas que la ville soit prise le 31 décembre au soir du même vent de folie comme c’est le cas chaque année. Des millions d’habitants et de touristes se retrouveront ensembles afin de fêter la nouvelle année. Même si cela pouvait représenter un danger, je pense qu’il est tout à fait improbable que les Berlinois changent quoi que ce soit à leurs habitudes. Ce qui s’est passé avec la Braderie de Lille, semble être ici non-recevable. La ville a connu lors de son histoire trop de coups de boutoir pour accepter de se soumettre. Comme cela a été le cas à Paris, on garde la tête haute. L’EI a transféré sa guerre hors de ses territoires qu’il a conquis par les armes. Maintenant que sur le terrain cette organisation terroriste subit des revers, elle envoie des kamikazes en Europe et ailleurs afin de déstabiliser notre système démocratique. Les personnes interrogées à la radio ou à la télévision semblent prêtes à relever le défi. Aucuns marchés de Noël en Allemagne et à Berlin ont été renvoyé jusqu’alors. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas une certaine colère. Pour beaucoup Angela Merkel est la principale responsable du marasme que nous vivons. En faisant entrer par millions des migrants, elle auraient à leurs yeux donné un sérieux coup de pouce à tous ceux qui se sont mis en tête d’ébranler nos valeurs. Ils réclament sa démission. Il est évident qu’elle tiendra tête, même si ses pronostiques pour l’élection parlementaire en 2017 sont à la baisses. L’AfD, le parti de la droite populiste, va même jusqu’à prétendre qu’elle seule porte la responsabilité des morts et des blessés de l’attentat d’avant-hier. C’est évidemment pervers qu’un mouvement comme celui-ci n’ait pas de scrupules de monnayer les victimes à des fins électorales. C’est abjecte et injuste à la fois. Weiterlesen