Malgré l’angoisse qui étreint bien des gens à Berlin, la population n’est pas prête à lâcher prise. Elle refuse de se laisser intimider par l’EI, qui a revendiqué hier soir la paternité de l’attentat. Cela ne m’étonnerait pas que la ville soit prise le 31 décembre au soir du même vent de folie comme c’est le cas chaque année. Des millions d’habitants et de touristes se retrouveront ensembles afin de fêter la nouvelle année. Même si cela pouvait représenter un danger, je pense qu’il est tout à fait improbable que les Berlinois changent quoi que ce soit à leurs habitudes. Ce qui s’est passé avec la Braderie de Lille, semble être ici non-recevable. La ville a connu lors de son histoire trop de coups de boutoir pour accepter de se soumettre. Comme cela a été le cas à Paris, on garde la tête haute. L’EI a transféré sa guerre hors de ses territoires qu’il a conquis par les armes. Maintenant que sur le terrain cette organisation terroriste subit des revers, elle envoie des kamikazes en Europe et ailleurs afin de déstabiliser notre système démocratique. Les personnes interrogées à la radio ou à la télévision semblent prêtes à relever le défi. Aucuns marchés de Noël en Allemagne et à Berlin ont été renvoyé jusqu’alors. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas une certaine colère. Pour beaucoup Angela Merkel est la principale responsable du marasme que nous vivons. En faisant entrer par millions des migrants, elle auraient à leurs yeux donné un sérieux coup de pouce à tous ceux qui se sont mis en tête d’ébranler nos valeurs. Ils réclament sa démission. Il est évident qu’elle tiendra tête, même si ses pronostiques pour l’élection parlementaire en 2017 sont à la baisses. L’AfD, le parti de la droite populiste, va même jusqu’à prétendre qu’elle seule porte la responsabilité des morts et des blessés de l’attentat d’avant-hier. C’est évidemment pervers qu’un mouvement comme celui-ci n’ait pas de scrupules de monnayer les victimes à des fins électorales. C’est abjecte et injuste à la fois.
Même si la Chancelière n’avait pas été généreuse par rapport aux réfugiés, de tels fait aurait malgré tout eu lieu. Je pense qu’un peu plus de dignité n’aurait pas fait de mal. Mais malgré tout cela, il se pourrait bien que ce drame contribue à consolider les quotas de l’extrême-droite. Et ceci justement dans un pays qui a connu la dictature nazie et qui a été mis à genoux à la fin de la guerre, avec toutes les conséquences que cela impliquaient. Il est triste de faire un tel constat. Ce sont les dires d’un citoyen dont j’ai pris note à la radio pendant le trajet qui me conduisit à Berlin. Il est évident que si une telle relance se déroulait, l’objectif de l’EI aurait été atteint. Son but est de détruire l’édifice européen qui a été construit depuis la guerre. Sans me prêter à des spéculations, il pourrait être question d’une internationale des absolutistes de toutes tendances, ceux qui veulent remplacer nos structures par l’arbitraire. Ce sera à nous d’apporter la preuve de notre unité. Parfois j’ai malgré tout l’impression que nous ne nous parlons plus d’une seule voix. Comme l’ont fait les musulmans de Berlin, descendons dans la rue pour marquer notre refus à de telles visées, peu importe qu’elles proviennent des fondamentaliste ou des néonazis !
pm
