L’attentat de Berlin a été revendiqué par l’EI qui déclare ainsi vouloir se venger sur un des pays de la coalition qui combat en Syrie et en Irak. À leurs yeux cet acte odieux entre dans le cadre d’une guerre et devrait être considéré comme faisant partie de la libre-défense. Je ne peux que réprouver une telle analyse. Tout d’abord cette organisation terroriste s’est emparée de territoires et a mis en otage les populations qui y habitent. Dans un cadre strictement issu du droit international, je pense qu’une telle thèse ne tient pas le cap. Aussi peu que l’annexion de la Crimée. D’un autre côté que dire du génocide engendré par Bachar el-Assad ? Vu strictement sous l’aspect juridique, il essaie de reconquérir par la forces des régions qui se sont mises en révolte contre son régime. S’il n’utilisait pas des gaz de combat, le tout serait légal, ce qui me dérange hautement. Il est dit que lorsqu’on fait une déclaration de guerre officielle, beaucoup d’obstacles sont éliminés d’office. C’est justement ici que je m’oppose. Par sa nature je trouve la guerre dans tous ses aspects illégale, car elle tue, détruit et met en esclavage le soi-disant ennemi. Dans le cas bien précis qui me préoccupe, la dialectique de l’opportunité d’une intervention soulève bien des problèmes. Tout d’abord de définir la nature même à donner au conflit. Les uns disent que l’EI agit comme une bande criminelle et qu’elle entre dans le cadre du droit pénal et non politique. Ses protagonistes doivent être traités comme des meurtriers, ni plus, ni moins. D’autres prétendent que les combats menés par l’EI entrent dans une certaine légalité, car ils sont considérés comme des actes de défense. Toutes les victimes des bombardements de la coalition doivent être vengées, disent-ils. Aurait-on affaire à un mouvement de résistance ? Je ne le ressens pas ainsi, mais je sais qu’un tel propos peut mener à discussions.

Ceux qui voient d’un œil complaisant les attentats me répondront que l’EI a été acculé à la résistance. Lorsque j’entends de tels propos je les récuse avec l’argument suivant. Si de telles actions étaient menées sur le territoire conquis, il pourrait être question d’un acte de guerre. En s’attaquant à des innocents en Europe ou ailleurs, c’est du vandalisme, car l’argument de l’autodéfense ne peut pas être mis en parallèle par rapport à de tels attentats. Non rétorqueront ceux qui soutiennent l’EI. Pour eux il s’agit de déplacer le front sans tenir compte de visées territoriales. Une tactique de guerre et non pas un carnage gratuit. Ils partent de l’avis qu’il faut intimider les pays exerçant des frappes sur ce qu’ils considèrent comme étant leurs terres. Comme on le voit il est très difficile de donner une bonne interprétation.. Pour sortir d’un imbroglio strictement juridique, je voudrais éliminer les notions de bonnes ou mauvaises guerres. Elles sont néfastes sous quelle forme on les prend. Le drame d’Alep en est la preuve. Les légalistes diraient qu’il est du bon droit d’un gouvernement légal de recouvrer ses territoires. Peut-être, mais lorsqu’on voit ce qui s’y est passé, je refuse un tel argument, car il s’attaque aux libertés individuelles. L’emploi de la force, peu importe sous quelle forme, doit être déclaré comme étant contraire aux lois.

pm

http://www.lemonde.fr/attentat-berlin/article/2016/12/21/en-allemagne-le-debat-sur-l-efficacite-des-mesures-antiterroristes-est-relance_5052623_5051632.html

Pierre Mathias

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