C’est le périodique allemand « Der Spiegel » qui a parlé de la peur du peuple en évoquant la manifestation contre l’antisémitisme hier soir à la Place de la République à Paris. Cela me laisse songeur. Cela reviendrait à dire que les citoyens aient les mêmes craintes que pour le cancer, s’il est incurable. Au cours de sa visite au cimetière juif de Quatzenheim, une commune proche de Strasbourg, Emmanuel Macron a promis qu’il prendrait des mesures fortes, mais lesquels. Seul avec la répression il n’est pas possible d’éradiquer l’antisémitisme. L’éducation joue un rôle important, mais son effet est de longue durée. Les journalistes disent avec raison, qu’il faut des mesures à effet immédiats. Il est symptomatique qu’au cours des manifestations, c’étaient plutôt les politiciens qui étaient présents, non le peuple de France. Cela donne à réfléchir. Cela voudrait-il dire qu’il y a au sein de la population bien plus d’antisémites, qui jusqu’à présent ne le savaient pas ? Faire de la prose sans le savoir ! Que l’aversion envers les Juifs remonte bien plus loin que ces derniers mois! Je pense que les injectives contre le président de la République concernant son passage pendant deux ans à la Banque Rothschild représentent assez bien l’ambiance actuelle. Il y a eu trop de pensées erronées depuis des décennies, qui aujourd’hui éclatent au grand jour. Le conflit judéo-arabe joue assurément un grand rôle, mais ce n’est pas la cause initiale de cette montée en puissance de l’antisémitisme. « Vous savez, nous n’aimons pas les Juifs ! » De braves citoyens ne le diront pas ouvertement, mais le pensent instinctivement. Weiterlesen

En cette fin de semaine a eu lieu à Munich la 54. Conférence sur la sécurité. Le thème de cette réunion est d’aborder tous les problèmes vitaux de notre humanité. Mais c’est aussi l’occasion de parler des faits marquants qui dérangent, comme la loi très controversée sur la mémoire de la Shoah en Pologne. Mateusz Morawiecki, le premier ministre, qui était présent, dut répondre à une question posée par un journaliste israélien, Ronen Bergman, au sujet des mesures prises à Varsovie. L’attitude du PiS, le parti au pouvoir en Pologne, est d’un nationalisme absolu, qui voudrait que les tortionnaires polonais des camps de la mort nazi, soient mis à l’écart de la critique. C’est du point de vue historique une hérésie. Bien sûr il y a aussi eu dans ce pays des dénonciateurs et des kapos qui travaillaient pour l’envahisseur nazi. Cette loi ne rime vraiment à rien. Elle ne fait qu’attiser les ressentiments et provoque de la grogne. Lorsque Ronen Bergman a demandé à Mateusz Morawiecki, si comme fils de rescapés de la Shoah, il aurait des ennuis avec la justice polonaise s’il parlait de ses parents, il y eut un tonnerre d’applaudissements dans la salle. Les réponses floues du premier ministre ne furent pas très convaincantes. Je prends cet exemple afin de démontrer que des faits vieux de plus de 71 ans peuvent déclencher de graves tensions. Nous nous trouvons dans un monde très sensible, où la moindre dérogation à la normale doit être prise très au sérieux, comme le prouve cette intervention. Weiterlesen

Je me souviens d’une femme impressionnante. Il y a des années j’eus l’occasion de faire une interview de Simone Veil, chez elle près des Invalides. Ce qui m’avait motivé de la voir, c’était qu’elle avait osé nager à contre-courant. Contre la majorité de ses amis politiques, contre l’obscurantisme en général. D’avoir su imposer l’IGV dans un pays qui jusqu’alors était encore considéré comme conservateur, avait été une contribution plus qu’imposante pour les droits de la femme. Elle avait fait comprendre au pays, que ces dernières étaient bien isolées lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions essentielles, comme celle de garder un enfant. Il était pour elle impensable de ne pas les seconder. Au lieu de passer par quatre chemins, elle a eu la sagesse et avant tout le courage de faire passer l’essentiel, celui de pouvoir décider de leur destin. Et ceci contre l’avis de l’Église, des biens-pensants qui n’avaient que de bonnes paroles pour les conseiller. Respect ! Simone Veil avait vécu la Shoah et avait survécu. Je pus voir le matricule tatoué sur son bras. Elle ne l’avait pas fait effacer. Il était au contraire un cri d’espoir… Oui, je ne parle pas de désespoir. La preuve que les hommes et les femmes qui avaient survécu cette horreur, avaient un devoir de mémoire à remplir. Mais pas que cela. Elle a prouvé qu’il fallait se dépasser et construire quelque chose de positif pour la société. Dans son cas à elle, c’était la dignité et l’émancipation de la femme, ainsi que de tous ceux qui pour des raisons arbitraires sont blessés, mis à l’écart de la société. Weiterlesen

Non, il ne pouvait pas faire autrement. Emmanuel Macron a rendu hommage aux 76.000 juifs de France qui ont été déportés au cours de l’Occupation dans les camps de la mort. Parmi eux 11.000 enfants. Seuls 2500 personnes ont survécu. Certains lui reprocheront de vouloir « faire de la récupération », comme un petit-fils d’une famille victime du génocide a écrit sur Facebook. Une honte ! Cet « ami » oublie que c’est Madame Le Pen qui a ouvert ce débat si douloureux en prétendant que les Français ne portaient aucune responsabilité en ce qui concerne la rafle du Vel’d’hiv. C’est la milice française, dont Pierre Marion était un des membres-fondateurs ainsi que du Front National, qui a arrêté et remis les israélites aux Allemands. Ensuite il y a eu la panne de la nomination du président par intérim du FN, Jean-François Jalkh. Un négationniste qui nie qu’il y ait eu des chambres à gaz à Auschwitz ou ailleurs. Il a été évincé séance-tenante pour laisser la place à Steeve Briois. Je pense qu’il fallait absolument dans cette période électorale si tendue, qu’un jeune patriote essaie de sauver l’honneur du pays par un geste fort. Ceux qui l’accusent de clientélisme devraient mesurer leurs paroles. Ils se rendent complices de tous ceux qui pratiquent l’exclusion. Je ne vais pas accuser Marine Le Pen de cautionner un passé si chargé, mais elle devrait faire attention de ne pas s’entourer d’antisémites notoires et de ne pas déformer l’histoire d’une manière erronée. Elle devrait avoir assez de sensibilité pour comprendre à quel point elle peut blesser des gens en agissant et s’exprimant ainsi. C’est aussi une question de réputation à l’étranger pour un grand pays comme la France. Il est clair que pendant une campagne électorale les camps ne se font pas de cadeaux. C’est de bonne guerre. Mais il y a des lignes rouges à ne pas dépasser. Je suis soulagé qu’Emmanuel Macron ait un tant soit peu dissipé le malaise que je ressentais. Weiterlesen