En cette fin de semaine a eu lieu à Munich la 54. Conférence sur la sécurité. Le thème de cette réunion est d’aborder tous les problèmes vitaux de notre humanité. Mais c’est aussi l’occasion de parler des faits marquants qui dérangent, comme la loi très controversée sur la mémoire de la Shoah en Pologne. Mateusz Morawiecki, le premier ministre, qui était présent, dut répondre à une question posée par un journaliste israélien, Ronen Bergman, au sujet des mesures prises à Varsovie. L’attitude du PiS, le parti au pouvoir en Pologne, est d’un nationalisme absolu, qui voudrait que les tortionnaires polonais des camps de la mort nazi, soient mis à l’écart de la critique. C’est du point de vue historique une hérésie. Bien sûr il y a aussi eu dans ce pays des dénonciateurs et des kapos qui travaillaient pour l’envahisseur nazi. Cette loi ne rime vraiment à rien. Elle ne fait qu’attiser les ressentiments et provoque de la grogne. Lorsque Ronen Bergman a demandé à Mateusz Morawiecki, si comme fils de rescapés de la Shoah, il aurait des ennuis avec la justice polonaise s’il parlait de ses parents, il y eut un tonnerre d’applaudissements dans la salle. Les réponses floues du premier ministre ne furent pas très convaincantes. Je prends cet exemple afin de démontrer que des faits vieux de plus de 71 ans peuvent déclencher de graves tensions. Nous nous trouvons dans un monde très sensible, où la moindre dérogation à la normale doit être prise très au sérieux, comme le prouve cette intervention.
Le ministre des affaires étrangères allemand, Sigmar Gabriel, a déclaré qu’il désirait que les sanctions édictées contre la Russie soient peu à peu éliminées. Il reprend ainsi la revendication de la Commission de l’UE à son compte. Il est d’avis qu’il faille faire le premier pas dans cette direction, afin d’abaisser la température, qui représente vraiment un grand danger pour l’Europe. En ce qui concerne Gabriel, c’est un peu son chant du cygne, car il est probable qu’il devra abandonner son poste d’ici peu, car en portant officiellement des critiques à l’attitude de comité directeur de son parti, il a suscité de l’ire. Revenons à l’équilibre des forces en Europe. Il est clair que la Pologne, dont il est ici question, voit d’un œil méfiant tout ce qui concerne les rapports avec Moscou. Le pays serait plutôt enclin à garder le statut quo actuel, car les plaies causées par l’Union Soviétique pendant la guerre et jusqu’à la chute du mur de Berlin, sont encore vives. L’heure serait plutôt à la confrontation si j’en crois les déclarations provenant de Varsovie. Mais à Munich il y aussi un fait qui me cause des maux d’estomac, c’est l’influence de plus en plus grande du populisme et de l’extrême-droite sur notre continent. Ses représentants sont aujourd’hui présents dans la salle de la conférence, ce qui à mes yeux n’est pas un gage de sécurité. La Pologne démontre par ses lois inadmissibles dans le secteur de la réforme de la justice et des rapports officiels avec les médias, que ce pays se dirige peu à peu du côté du totalitarisme. Une tendance inquiétante à plus d’un point de vue. C’est la preuve que les pyromanes sont aux commandes. Je pense que ce serait urgent d’en parler lors d’une telle conférence. Monsieur Bergman a bien fait d’intervenir!
pm