Les gouvernements allemands et français se retrouveront en milieu de la journée à Toulouse afin de tenir leur conseil des ministres. Aujourd’hui il sera évidemment question de l’intervention turque à la frontière avec la Syrie, de l’attitude prise pas le président Erdogan en ce qui concerne les Kurdes, du boycott des exportations d’armes direction d’Ankara, de sanctions éventuelles. Le Brexit et la situation économique de l’UE seront évoqués ainsi que la question cruciale du climat. Pour le dîner Ursula von der Leyen les rejoindra. Une occasion de retrouver un peu d’équilibre après la tempête occasionnée après le veto de nommer Sylvie Goulard à la Commission européenne. Il y a évidemment de la grogne, les députés français du Renew Europe, le groupe parlementaire des centristes et de tous ceux qui leur sont proches, accusent publiquement Manfred Weber, le président malchanceux des conservateurs, qui avait été écarté lors du choix du nouveau président de la Commission, d’avoir donné son grain de sel. Emmanuel Macron a certes subit un grave revers. Il devra démontrer qu’il se trouve au-dessus des querelles partisanes et que l’Europe à la priorité absolue. Il sera essentiel pour l’avenir de l’UE que le couple franco-allemand soit le plus solidement ancré dans la direction de l’Europe, qu’il parle d’une seule voix, même s’il devait y avoir parfois des désaccords. Une règle absolue est d’en parler. Une étape décisive se dessine, celle d’une UE sans la fière Albion. La seule réponse possible est de resserrer les liens, avant tout en promulguant des directives pouvant donner à l’Union un outil législatif plus efficace. Il s’agirait de mettre en parallèle des lois, comme celles du travail, de la santé, et pour couronner le tout, mettre la fiscalité à égalité. Cela devrait être possible dans la situation actuelle, car les membres ont tout intérêt de démontrer qu’ils veulent faire de l’UE une puissance politique et économique dans le monde, qui ne devrait plus jouer à l’avenir le rôle de figurants.
Il faudra faire comprendre aux dissidents comme la Hongrie ou la Pologne, que lorsqu’on fait partie d’un club, il faut parfois aussi faire des concessions envers les autres partenaires, qu’il ne s’agit pas d’une participation, qui n’a pour but que de se remplir les poches. Il ne s’agit pas de casser la tirelire avant d’y avoir jeté quelques sous. Je pense qu’au sommet de Bruxelles qui aura lieu demain et vendredi, ils devra être possible d’affirmer haut et fort cette volonté communautaire malgré les points d’achoppements, qui sont de tailles il faut l’avouer. Il y a la question épineuse des requérants d’asile, qui n’avance pas. Plus important encore ce sont les décisions prises au niveau national qui sont opposées aux traités européens, comme l’initiative de museler la justice en Pologne. Il faudra faire comprendre aux réfractaires que lorsqu’on est membre d’une société, il faut se conformer aux statuts. Dans tous les points que j’ai évoqué, rien ne se fera sans un accord entre la France et l’Allemagne. Le grand défi climatique ne peut qu’être maîtrisé au niveau de l’UE. Il ne s’agira plus de faire des déclarations d’intentions qui ne se réaliseront pas, il faudra agir, mettre sur les rails une politique commune. C’est souvent lorsque le bât-blesse qu’il est possible de faire des progrès.
pm
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