Recep Tayyip Erdogan ne pouvait pas ne pas intervenir, tout au moins à ses yeux. Le combat qu’il mène depuis des années contre les Kurdes doit trouver son apogée à la frontière entre son pays et la Syrie. Les milices, alliées des USA, avaient combattu avec succès l’EI. Maintenant Trump les a lâché, commettant une fois de plus une bévue dans le domaine de la politique étrangère. Il donne, malgré ses déclarations contradictoires, l’aval à la Turquie, afin qu’elle mène une action vengeresse contre les Kurdes. On ne peut qu’espérer qu’ils ne subiront pas le sort des Arméniens pendant les années 1915 et 1916, où entre 800000 et 1,2 millions de personnes ont été massacrées. Une fois de plus il s’agit d’une stratégie hégémonique qui consiste à refaire revivre l’Empire ottoman. N’oublions pas que les Turcs occupaient le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Le rêve du grand turc doit hanter les nuits de Recep Tayyip Erdogan, qui est un mégalomane et de qui on ne peut pas attendre de la pondération. Il met consciemment le feu aux poudres et est soutenu par un président américain qui n’a pas les compétences intellectuelles pour jauger l’impacte d’une telle décision. Un communiqué du gouvernement français démontre l’inquiétude qui règne actuellement en Europe. « La France réitère sa ferme condamnation de l’offensive unilatérale engagée par la Turquie dans le Nord-Est de la Syrie– Elle remet en cause les efforts sécuritaires et de stabilisation de la coalition globale contre Daech. Elle entraîne des conséquences humanitaires importantes. Elle porte donc atteinte à la sécurité des européens ».

Et c’est de cela qu’il s’agit. Donald Trump part du principe que Daech a été vaincu par les forces de la coalition, parmi elles les milices kurdes. Qu’il n’y a plus de danger à attendre de l’EI. C’est une grande erreur de croire à une telle chimère. Il s’en mordra les doigts d’ici peu, mais bien plus les Européens qui sont directement concernés. Il se pose dans ce contexte la question de savoir comment réagir. L’Allemagne et la France ont décidé de ne plus vendre des armes qui pourraient attiser encore plus ce conflit. Il est très inhabituelle qu’il y ait boycotte envers un membre de l’OTAN. Cela voudrait dire que la coopération armée pourrait être mises en doute, qu’il faut se poser la question si la Turquie doit encore avoir sa place dans l’Alliance atlantique ? Malgré mes grandes réticences, je répondrais par l’affirmative. Tout doit être fait pour ne pas affaiblir l’opposition. Isoler la Turquie serait l’isoler. La question qui pourrait se poser c’est de savoir si le Département d’État n’a pas suivi une telle idée, celle de ne pas provoquer encore plus Erdogan, qui n’hésiterait pas à faire allégeance auprès des Russes et des Iraniens. Ceci au prix d’un acte peu digne d’une nation telle que les États-Unis. Les Kurdes ont déclaré : « Nos alliés nous avaient garanti leur protection après qu’on a détruit nos tranchées et nos fortifications. Mais soudain, sans prévenir, ils nous ont abandonnés avec une décision injuste de retirer leurs troupes de la frontière turque ». « Cette mesure a été une déception majeure, comme un coup de couteau dans le dos ». Et l’Europe ? Erdogan la fait chanter. Si elle ne se soumet il expulsera plus de 3 millions de réfugiés en UE. Une raison de se taire ? Pas glorieux !

pm

https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/12/berlin-stoppe-ses-ventes-a-la-turquie-d-armes-pouvant-etre-utilisees-en-syrie_6015278_3210.html

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