Le passé a rattrapé Sylvie Goulard, dont la candidature à la commission européenne a été rejetée par les Eurodéputés. Le MoDem, dont elle est membre, avait été cartonné, comme Madame Le Pen au demeurant, pour une affaire de postes fictifs. Il s’agissait alors des rémunérations des assistants parlementaires. Au lieu de travailler exclusivement pour les institutions européennes, ils empochaient de l’argent pour des taches strictement partisanes. Une manière de financer son MoDem. Cela eut comme conséquence le départ de François Bayrou et des ses amis, dont Sylvie Goulard, du gouvernement. Il est évidement qu’avec un tel boulet au pied, sa candidature était menacée dès le début. « Je prends acte de la décision du Parlement européen, dans le respect de la démocratie. Je remercie le président de la République [français] et [la présidente de la Commission européenne] Ursula von der Leyen pour leur confiance et tous les députés qui ont voté pour moi ». Parfois je ne comprends pas le bon sens politique. Il est évident que le Président ait voulu faire un geste envers ses alliés du centre, mais il aurait dû savoir qu’il n’était plus possible d’imposer des candidats à coups de massue. Il a commis l’erreur de croire que les députés « étaient malléables ». Qu’ils ne se mettraient pas en travers d’une décision venant d’un des chantres de l’UE. Il s’est trompé. Au cours d’une conférence de presse donnée à Lyon, il a essayé de se disculper : « Je me suis battu pour un portefeuille, j’ai soumis trois noms. On m’a dit : “Votre nom est formidable, on le prend” et puis on me dit finalement : “On n’en veut plus” ».
Et une fois de plus Ursula von der Leyen est dans le collimateur. Elle lui avait assuré qu’elle avait obtenu l’assentiment des groupes PPE (centre-droit), PSE (social-démocrate) et Renaissance (centriste et libéral). Cela n’était pas du béton, loin s’en faut. Cela confirme à nouveau l’opinion que j’ai de la nouvelle cheffe de la commission, que j’ai considéré dès le début, comme ne remplissant pas les conditions nécessaires pour mener ce poste à bien. Comme Sylvie Goulard elle n’a pas un passé reluisant. L’affaire de la rémunération d’études commandées au sein de la Bundeswehr à des sociétés privées, sans avoir procéder à des soumissions d’offres, est à mon humble avis tout aussi répréhensible que les petites combines au sein du parlement européen. Je trouve important que Sylvie Goulard ait été écartée pour ce poste par les députés. Cela doit servir de leçon pour tous ceux qui prennent les institutions comme des vaches à lait, qui n’ont aucun scrupules de braver la loi. « Je ne comprends pas comment, quand la présidente de la Commission nommée a une discussion avec les trois présidents de groupe et [qu’ils] se mettent d’accord sur quelque chose, ça peut bouger comme ça », a-t-il poursuivi. « J’ai besoin de comprendre ce qui s’est joué de ressentiment, peut-être de petitesse », a insisté le président français. Non, ce n’est pas la petitesse, c’est un rajustement permettant aux parlementaires d’exprimer leur volonté, de démontrer leur indépendance vis-à-vis des ténors de la politique européenne, de ne pas se voir imposé par l’exécutif des décisions qui détonnent. Je pense que le parlement a montré ainsi une certaine maturité et je m’en félicite !
pm