Le fait que Martin Schulz, le patron du SPD en sursit, se soit rendu au palais présidentiel pour y rencontrer Angela Merkel et Horst Seehofer, tient du miracle. C’est bien parce que le président Frank-Walter Steinmeier a insisté auprès de son ancien parti, que la seule solution de sortir le pays du piège, où il s’est enferré, était de former une grande coalition. Cela a été hier la réunion des grands perdants des élections du 24 septembre 2017. Peut-être pour toutes les formations en présence, l’occasion de se régénérer. Mais pour que cela puisse avoir lieu, il faudrait avoir le courage de tout remettre à plat, de sortir des sentiers battus, où les ont mené la routine. Il faudrait et je n’y vais pas par quatre cuillères, avoir le courage d’envoyer aux calendes grecques bien des principes qui ont jusqu’à ce jour ont été la colonne vertébrale de ces partis. Il serait bon de se dire, qu’il s’agit de se réinventer en forgeant un programme dépourvu de toutes conventions. Il ne faudra pas faire que des compromis, mais de se dire plutôt qu’on va au devant d’une démarche commune ayant comme but de rénover tout le paysage politique de l’Allemagne, de ne pas choisir la solution de facilité en se référant aux clivages anciens, qui ont été rejetés par le peuple. Mais faire du Macron sans Macron n’est pas une démarche aisée. Je pense qu’il serait tentant de faire le pari de l’impossible, de se dire: « Allons-y. Que peut-il encore nous arriver ! » Il est évident que ces deux formations, qui constituaient l’épine dorsale de l’après-guerre, se doivent de reprendre du poil de la bête. Rien ne serait acquis en appelant à nouveau les électeurs aux urnes. Il serait à craindre, que les résultats soient encore pire pour le CDU-CSU et pour le SPD. Weiterlesen

Je ne vais pas reparler du glyphosate, mais plutôt de Madame Merkel et de son ministre de l’agriculture, Christian Schmidt (CSU). Ce dernier n’a pas respecté la tradition d’un gouvernement qui se veut être collégial. Il a pris la décision tout seul de dire oui au poison cancérogène, mais a tout même mis Horst Seehofer, son chef de parti, au courant de cette décision. Ce dernier n’aurait-il pas dû mettre un frein à une telle lès-majesté ? Mais non, il était trop heureux d’amadouer les paysans bavarois afin qu’ils n’aillent pas se fourvoyer du côté de l’AfD, le parti d’extrême-droite. C’est un sale coup porté à la chancelière, peut-être pour beaucoup la preuve qu’elle manque d’autorité. Et ceci d’autant plus qu’elle rencontrera ainsi que son compagnon bavarois, Martin Schulz demain chez Frank-Walter Steinmeier, le président de la république allemande. Elle sera sûrement confrontée à d’acerbes critiques de la part du SPD, pour avoir laissé passer une décision unilatérale sans être intervenue. Tout cela à une odeur de fronde qui ne prédit rien de bon pour l’avenir. Tout cela n’arrive pas au bon moment, loin de là. Il n’y aura pas d’autres solutions que d’essayer dès demain de reprendre la barre. Weiterlesen

Non, elle ne changera pas d’avis au sujet de l’immigration, c’est ce qu’a déclaré hier la chancelière devant le parlement. L’éthique ne se discute pas, telle son opinion. Il ne sera pas question d’instituer des cotes en ce qui concerne le nombre de réfugiés à recevoir. N’a-t-il pas diminué ces derniers temps ? C’est-ce que ses détracteurs dans ses propres rangs ne veulent pas savoir. Ils semblent se complaire dans une psychose protectionniste, qui pour l’instant tout au moins, n’a pas de raisons d’être. Comme l’orateur des verts l’a déclaré, ce mouvement de panique apporte de l’eau sur le moulin de l’AfD, le parti d’extrême-droite qui est arrivé en deuxième position après le SPD dans le Mecklembourg-Poméranie. C’est évidemment un coup de semonce. Angela Merkel le reconnaît et le dit franchement. Mais à son avis, la montée de l’intolérance, même dans son propre parti, est l’affaire de tous les démocrates, quelle que soit leur étiquette. Le rôle joué par Horst Seehofer, est un signe évident de la reconnaissance de l’AdD. Au lieu de minimiser ses déclarations incendiaires, il y adhère en quelque sorte, suivi d’une frange majoritaire de sa formation. Comme Nicolas Sarkozy, c’est un homme de la surenchère. Peu à peu il essaie de mettre en pratique dans son propre Land les préceptes des racistes de droite. Sans aller aussi loin, il se laisse porter sur leur vague et récolte un succès dans les sondages. S’il y avait élections, l’AfD ne recueillerait en Bavière que 8%. C’est peu par rapport aux chiffres actuels ailleurs en Allemagne. Son manque de solidarité envers la chancelière pourrait mener à la rupture. Il n’est pas impossible que le CSU se sépare de son grand-frère, que sont les chrétiens démocrates. Il se pourrait même qu’un candidat des Bavarois soit nommé. Ce serait une entrave de taille et transformerait le paysage politique de la RFA. Weiterlesen

Angela Merkel s’est exprimée hier soir lors d’une émission à la télévision. Elle est restée conséquente par rapport aux thèses qu’elle soutient dans le cadre de la politique migratoire. Pour elle l’aspect humanitaire passe avant tout, même si pour cela son parti essuyait des revers électoraux. Les prognostiques concernant la votation dans trois länder ne sont pas au beau fixe, loin s’en faut ! Une telle attitude provoque chez moi du respect. Aussi ce qu’elle a dit au sujet de la Grèce. Elle est en rapport étroit avec Alexis Tsipras et condamne la fermeture arbitraire de la route des Balkans. 20.000 réfugiés se massent actuellement au portillon, au début mars leur nombre pourrait s’élever à 70.000. Une mesure peu solidaire que la chancelière déplore. Elle considère que seule une solution globale entre la Turquie et l’UE peut entrer en considération. Donner de l’aval aux fossoyeurs de l’Europe unie n’entre pas dans sa stratégie, au contraire. Le voyage obséquieux de Horst Seehofer, le chef de la CSU, le parti conservateur de Bavière, auprès de l’autocrate hongrois Viktor Órban, ne peut que la dégoûter. Comme membre de la coalition, ce parti devrait garder plus de retenue. Ce qui se passe ici est un matraquage inadmissible qui n’augure rien de bon. Il est clair que bon nombre d’adhérents démocrates-chrétien ne trouvent rien de mieux à faire qu’à scier la chaise sur laquelle est assise Angela Merkel. Je ne pense pas qu’elle se laissera ébranler par un tel manque de soutien. Comme fille de pasteur, elle ne reviendra pas sur son éthique qu’elle considère comme étant issue de l’Évangile : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » est son témoignage. Elle a condamné énergiquement le racisme et le terrorisme d’extrême-droite de ces derniers temps. Des incidents à ses yeux abjectes ! Elle a pensé en particulier aux injures proférées à l’encontre des réfugiés et à l’incendie d’un centre d’accueil en Saxe. Dans ce Land les néonazis sont de plus en plus virulents. Il ne s’agit plus seulement de citoyens opposés à sa politique, mais de criminels qui ne reculent devant rien. Au cours de l’émission elle a aussi évoqué les incidents de la Saint-Sylvestre à Cologne, où des ressortissants originaires avant tout du Maghreb ont commis des tentatives de viol et des larcins. Des faits qui ne doivent pas se répéter ! Là aussi j’approuve. Sa détermination est courageuse et m’inspire du respect. Il serait urgent que la France la soutienne au cours du prochain sommet entre la Turquie et l’UE. L’attitude du gouvernement Valls et du Président de la République a été loin d’être courageuse. Je ne suis pas aveugle au point de ne pas savoir ce qu’une immigration renforcée pourrait avoir comme conséquences. Ce serait de l’eau apportée au moulin du FN. Pour moi une raison de plus de trouver une solution communautaire. Toutes autres initiatives ne peuvent que précipiter le continent dans la discorde et mettre en danger le grand projet européen. Je ne peux qu’appeler François Hollande à apporter son aide à la chancelière et trouver avec elle des solutions pouvant remettre l’UE sur les rails. Ceci devrait dépasser de loin les considérations partisanes. Il en va de la paix, non pas de victoires électorales !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/02/28/crise-migratoire-mme-merkel-appelle-l-ue-a-ne-pas-abandonner-athenes_4873305_3214.html

Pierre Mathias