Je me demande bien ce qu’il en sera ce soir de la France après cette journée de grève ? Il est vrai que le président de la république s’en prend à une vache sacrée, celle qui porte le nom « retraite ». À plusieurs reprises j’ai donné mon avis à ce sujet, en connaissance de cause, car j’ai le privilège ou le malheur d’appartenir à la catégorie « qui jouissent d’un repos bien justifié ! » Tout part à la base des attentes, qui ne sont souvent pas réalistes. Je m’explique. Bien de nos concitoyens pensent que la retraite est la plus belle étape de la vie. Ils se voient jouir chaque jour de leur liberté. C’est un leurre, tant du point de vue de la santé que de la situation économique. Il est clair que le corps et souvent aussi la tête ne sont plus adaptés aux attentes que chacun se fait. Très souvent les dernières années ressemblent plutôt à un calvaire. Lorsque je vois comme la pub nous mène par le bout du nez, j’en ai la nausée. Tous ces rentiers joyeux de l’être sont des imposteurs, car ils nous cachent la réalité, le chemin de croix que représente souvent les fins de vie. C’est en partant de ces clichés, que les déceptions deviennent de plus en plus fortes. Puis pour couronner le tout, il faut se serrer la ceinture, car l’argent nécessaire pour avoir encore des années décentes à vivre, est une portion congrue. Bien des seniors sont dans la précarité. Tout cela n’est pas un bon cocktail, loin s’en faut. La grève de ce jour doit être placée dans ce contexte. Il est clair que les problèmes liés aux anciens, ne peuvent pas être résolus de manière satisfaisante. Il est vain de croire qu’une augmentation drastique des rentes pourra aplanir le malaise, mais elle pourrait au moins éliminer certaines aspérités.
Je trouve bien que le pays se mette en grève aujourd’hui, pour qu’il y ait une prise de conscience. Si d’un côté la médecine fait tout pour que la durée de vie augmente, il faut s’assurer que les retraités puissent vivre de leurs deniers. D’accord, cela serait urgent, mais n’oublions pas que dans une telle perspectives les cotisations devront être augmentées, que les jeunes seront appelés a y contribuer. Je suis pour une correction vers le haut, non vers le bas, comme le gouvernement semble vouloir le faire. Mais je suis aussi conscient des affres que cela peut apporter. Il n’y aura pas de solution universelle satisfaisant tout le monde. Je demande à tous les protagonistes du mouvement protestataire, de se poser de telles questions. Vouloir appliquer un coup de massue à tous ceux qui ne partagent pas le même avis, cela d’un côté comme de l’autre, ne sert à rien. Il faudra se faire à l’idée qu’au bout de compte, on ne pourra que parvenir à un compromis, qui, comme on le sait, ne peut pas satisfaire tout le monde. J’ose espérer que les grèves ne seront pas affublées de violence, qu’il y ait plutôt un grand débat, pour arriver à plus de lucidité. Vouloir croire que l’État peut à lui seul régler tous les problèmes me semble totalement erroné. Il faut enfin qu’on se le dise, il ne peut pas y avoir de fumée sans feu. Je trouverais indispensable que lorsqu’il s’agit de problèmes existentiels, que les gens apprennent à écouter. Dans ce cas bien précis, il y a des arguments justifiés de part et d’autre. La grève devrait contribuer à la réflexion. Le fera-t-elle ?
pm