La signature du nouveau traité d’amitié franco-allemand a donné lieu ces jours derniers à des diatribes de style nationaliste, ceci de la part de Marine Le Pen et des adhérents du Rassemblement national, ainsi que de protagonistes se réclamant de la droite archi-conservatrice pour lesquels Philippe Pétain est encore une référence. Le chef de Vichy qui n’a pas hésité d’entraîner une grande partie de la population dans la collaboration. N’oublions pas que peu de temps avant le débarquement en 1944, 80 % des Français vénéraient ce maréchal-félon ! Celui qui avait cautionné la déportation et le meurtre de nombreux juifs et d’opposants à son régime. Je pense que ce cercle de personnes a perdu une occasion de se taire. Revenons-en au nationalisme. Comment le définir aujourd’hui ? Aurait-il encore les relents de « la ligne bleue des Vosges », que Maurice Barrès a évoqué avant la première guerre mondiale, lorsque l’Alsace et la Lorraine dépendaient encore du Reich, après la cuisante défaite de la guerre de 1870-1871. À l’époque un traité de Versailles avait mis à genoux la France. C’est à cette occasion que la création de l’unité allemande avait été paraphée, chez l’ennemi héréditaire. La suite nous la connaissons. Il s’est avéré que le nationalisme sous toutes ses formes a été néfaste, car il ne proférait que de la haine. Une manière de dénaturer le patriotisme, qui d’après certains, ne peut que survivre en prodiguant les antagonismes, mêmes si ces derniers ne sont issus que de l’imagination de certains dirigeants, employant cette méthode perverse afin de se maintenir à flot. C’est justement à ce que cherchent à faire les émules du néofascisme en Europe. Leur seul but est de détruire, non de construire. Une attitude intellectuelle que je condamne au plus haut point, car elle témoigne pour moi de l’obscurantisme.
Pour moi l’amitié franco-allemande, scellée par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer en 1963 est le seul chemin à suivre. Mais pour lui conférer plus de vie, je regrette que le texte signé hier à l’hôtel de ville d’Aix-la-Chapelle ne soit pas allé aussi loin, que ce que j’aurais trouvé nécessaire. Il aurait dû être l’amorce tant attendue d’une Europe sociale, où les citoyens se trouvent au centre des préoccupations. Cela n’a pas été le cas ; occasion manquée ! Je pense que Madame Merkel, une fois de plus, a été le frein à plus de courage. Son pragmatisme est désarmant, car il va en contre-sens que ce que l’histoire exigerait, celle de saisir les causes du regain de l’extrême-droite en Europe. Ses raisons ne sont pas anodines, elles résultent d’un grand mécontentement comme la prouvé l’action des Gilets jaunes, celui du déclin social des classes moyennes, les acculant à la précarité. La chancelière n’a pas compris qu’il était grand temps de sauter par dessus son ombre et jouer à fond les cartes de la coopération et de l’union. La raison pour laquelle je la rends en partie responsable de la situation, dans laquelle nous nous trouvons. À sa place j’aurais soutenu Emmanuel Macron et ceci depuis le début de son mandat. N’a-t-elle pas compris qu’une politique européenne timorée fait le beurre d’une Marine Le Pen et des amis de son cartel de têtes bétonnées. Toutes tendance de ménagement à leur encontre, est un aveu d’impuissance ! À bon entendeur !
pm