Le sociologue Jean-Marie Charon prétend que la carrière d’un journaliste est de 15 ans. La mienne a été environ de 35 ans. Vous me direz, mes amis, que cela ne compte pas pour le public. Je vous contredirai car ce fait met chaque collègue sous pression. Il doit en peu d’années essayer de gagner le plus d’argent possible afin de ne pas sombrer dans la précarité et vu l’insécurité dans laquelle il se trouve, acceptera tout ce qu’on lui demande de faire. Je crains fort que le journalisme d’opinion, comme je l’appelle de mes vœux, disparaisse ainsi. Pour ne pas mettre en danger matériellement les siens, le jeune collègue cherchera à indisposer personne. Seul ceux qui ont un pécule personnel, pourront se payer « le luxe » de dire ce qu’ils pensent. Je vous donne raison, si vous me dites, que cela n’est pas le but du journalisme d’encenser les uns et les autres de peur de perdre son job. Tout cela peut entraîner un système de pots de vin. La porte ouverte à la corruption. « Si vous voulez que je vous soit favorable, un soutien ne ferait pas de mal ! » Dans une telle situation d’insécurité, comment en serai-t-il autrement. J’abhorre évidement une telle attitude, que j’ai déjà connu en mon temps chez deux de mes collègues. Lorsque cela est devenu public, ils ont été renvoyés sur le champ, ce que je trouve normal. Si nous voulons un journalisme offensif, il doit être rémunéré en conséquence. Le reporteur doit avoir l’impression d’être soutenu, de ne pas sombrer dans le néant. Il n’est pas étonnant que dans de telles conditions la qualité en prenne un sacré coup. À force de vouloir voir toujours de nouveaux visages, la concurrence entre les journalistes devient de plus en plus âpre. Il y a évidemment le danger, que des thèmes qui réclament beaucoup de recherches, soient négligés. Mais malgré tout, ce n’est heureusement pas toujours le cas. Weiterlesen

Mardi 3 novembre, Manuel Valls a déclaré devant des étudiants de sciences po : « ce journal de l’après-midi qui nous rend triste à chaque fois qu’on le lit, mais que l’on lit quand même parce que l’on nous a appris à le lire quand on était petit  ». Cette remarque a perturbé les rédacteurs du Monde. Il est vrai qu’il est de plus en plus insupportable de lire un journal. Chaque jour une myriade de mauvaises nouvelles nous assaillent. Elles démontrent à quel point nous sommes impuissants face aux événements. Il est vrai que la vague virtuelle a encore augmenté ce sentiment. Dès qu’il se passe quelque chose, peu importe où, nous sommes informés. Souvent des données brutes, que nous sommes pas en mesure de jauger. Le rôle d’un quotidien consiste à faire des analyses ; bien moins de transmettre des informations brutes. L’internet s’en charge. Je pense que le Monde remplit très bien cette fonction, mais il est dépendant de ce qui se passe et peut en aucun cas enjoliver une situation qui est de plus en plus sinistre. Le politicien qu’est Manuel Valls devrait le savoir. Seule la politique, et ceci dans un cadre de plus en plus limité, a le pouvoir de mener la barque dans une direction meilleure. Mais il faut malheureusement reconnaître que son pouvoir s’amenuise de plus en plus, laissant la place à des apprentis-sorciers. Ces derniers, par voies médiatiques, essayent de manipuler les foules. La presse dans son ensemble leur donne un forum, parce ce que le populisme est un atout commercial. Weiterlesen

Delphine Ernotte, qui sera à la tête de France télévision à partir du 22 août 2015, veut réformer le service public. Cette femme de 48 ans a une grande expérience administrative mais saura-t-elle donner de nouvelles impulsions en ce qui concerne les programmes ? Il faut lui donner une chance, mais il y a un talon d’Achille qu’elle ne pourra pas contourner, celles des structures de l’audiovisuel. Il est nécessaire d’offrir au public un paquet de propositions programmatiques bien ficelé et lui donner le choix de faire appel à elles, peut importe sur quel média. Cela implique des liens très étroits entre la radio, la télévision et l’internet. Pour y arriver il faut créer une synergie, qui ne peut qu’être réalisée dans le cadre d’une unité des trois genres. Cela impliquerait une direction commune. Le but serait de faire travailler des rédactions ensemble et ceci aussi bien dans la gestion que celui de la conception éditoriale. Chaque sujet devrait être conçu de telle manière, que le consommateur puisse avoir la possibilité de compléter ses informations, peu importe le mode de transmission qu’il choisit. Tant que la télévision, la radio et l’internet feront cavaliers seuls, il sera impossible de mettre en pratique un tel système. C’est aussi un frein au développement de nouveaux formats. Weiterlesen