Delphine Ernotte, qui sera à la tête de France télévision à partir du 22 août 2015, veut réformer le service public. Cette femme de 48 ans a une grande expérience administrative mais saura-t-elle donner de nouvelles impulsions en ce qui concerne les programmes ? Il faut lui donner une chance, mais il y a un talon d’Achille qu’elle ne pourra pas contourner, celles des structures de l’audiovisuel. Il est nécessaire d’offrir au public un paquet de propositions programmatiques bien ficelé et lui donner le choix de faire appel à elles, peut importe sur quel média. Cela implique des liens très étroits entre la radio, la télévision et l’internet. Pour y arriver il faut créer une synergie, qui ne peut qu’être réalisée dans le cadre d’une unité des trois genres. Cela impliquerait une direction commune. Le but serait de faire travailler des rédactions ensemble et ceci aussi bien dans la gestion que celui de la conception éditoriale. Chaque sujet devrait être conçu de telle manière, que le consommateur puisse avoir la possibilité de compléter ses informations, peu importe le mode de transmission qu’il choisit. Tant que la télévision, la radio et l’internet feront cavaliers seuls, il sera impossible de mettre en pratique un tel système. C’est aussi un frein au développement de nouveaux formats.
Delphine Ernotte ne pourra donc pas agir à sa guise. Elle devra se soumettre à une infrastructure qui a mes yeux est dépassée. Malgré ses capacités, cela ne pourra qu’être du rafistolage. Il est regrettable que des réformes indispensables ne soient pas envisagées. Il est évident que la télévision à elle seule ne pourra pas survivre dans sa forme actuelle. En Allemagne, par exemple, l’âge moyen des téléspectateurs est bien plus élevé que la soixantaine. La nouvelle PDG a l’intention de faire évoluer le programme en direction des jeunes, mais sans une conception radicale ce ne sera pas possible. La politique semble s’y opposer. Ne vaut-il pas mieux diviser que de risquer la perspective de devoir se soumettre à l’omniprésence des médias? Les détracteurs d’une conception plus unitaire diront que la liberté d’expression pourrait en faire les frais. Que ce serait la porte ouverte au dirigisme. Il ne faut pas se leurrer, il y a danger, mais il serait vain de croire pouvoir freiner une évolution allant dans ce sens. Même si personnellement je regrette que la diversité puisse en prendre un coup, je ne peux pas fermer les yeux sur des tendances qui se sont déjà instaurées et qui vont dans le sens que j’ai évoqué. Delphine Ernotte a les mains liées, ce que je regrette. Elle ne pourra que gérer un système, qui à mon avis est moribond. Au lieu de concevoir les médias de demain, elle devra s’en tenir à ce qui s’est fait jusqu’à maintenant. La créativité en a pris un sacré coup, il faut le reconnaître. Le programme est ringard, frileux au possible. Cela va sûrement dans le sens des dirigeants politiques, mais pour le public c’est une potion difficile à avaler. La médiocrité sert-elle de référence ? On ne se mouille pas, ce qui est bon pour la carrière, pas pour le produit. Il aurait été temps de prendre des initiatives courageuses et de mettre en chantier en place pouvant transformer le paysage audiovisuel de la France. Trouver des solutions originales pouvant donner une nouvelle image de marque. Mais non, une fois de plus l’inertie est au programme !
pm