En cette période de fin de règne, l’Allemagne se rend la vie difficile, lorsqu’il s’agit des rapports entre Berlin et Washington. Comme on le sait le courant ne passe pas entre Donald Trump et la Chancelière. Dans un grand nombre de dossiers les points de vue divergent, que ce soient le climat, le commerce international, l’OTAN ou l’Iran. Les États-Unis exercent de la pression, j’irais jusqu’à dire du chantage pour faire plier Angela Merkel. Lors d’une cérémonie à l’université de Havard, où elle vient de recevoir un doctorat honoris causa, elle n’a pas manqué attaquer Trump, mais sans le nommer expressément. Une attitude peu commune avec la politique pratiquée depuis la fin de la guerre par la République fédérale. C’était celle d’un vassal, qui faisait tout pour ne pas importuner le grand-frère. Une exception néanmoins, le refus de Gerhard Schröder d’envoyer des troupes en Irak. C’est dans le cadre de ces rapports tendus que Mike Pompeo se rend aujourd’hui en Allemagne. Des bruits courent que Washington fait un appel du pied à Téhéran, voulant entamer des négociations secrètes. Dans ce cadre les Allemands pourraient jouer un rôle important, car eux sont en rapport avec les dirigeants iraniens, afin de sauver l’accord nucléaire. Mais une chose est certaine, la situation est précaire pour le gouvernement Merkel. Les revers perçus par son parti et par le SPD lors des élections européennes, ont été une gifle magistrale. Ainsi que les perspectives énoncées au sujet des scrutins cet automne dans trois nouveaux länder qui s’annoncent désastreux pour les partis de la coalition gouvernementale.
Puis il y a les coups de boutoir contre Andrea Nahles, la cheffe de la social-démocratie. Mardi prochain elle met son poste de leader du groupe parlementaire aux voix. Pour l’instant tous les signes indiquent qu’elle devra prendre son chapeau. Probablement aussi à la tête du parti. Mike Pompeo sait parfaitement dans quel contexte il se trouve actuellement et fera tout pour en profiter. Il en ira aussi de l’hostilité du président vis-à-vis de l’UE. N’a-t-il pas apporté son soutien à Boris Johnson ainsi qu’au patron de l’extrême-droite anglaise, Nigel Farage, qui vient de remporter avec 30,8 % des voix les Européennes. Lors de son séjour la semaine prochaine au Royaume-Uni, Donald Trump va soutenir à fond les adeptes du Brexit. Tout cela ne présage rien de bon, d’autant plus qu’Emmanuel Macron a dû laisser lui aussi des plumes dimanche dernier. Puis il y a eu la déclaration du président, qu’il devait en quelque sorte sa victoire en 2016 à la Russie, ce qu’il a essayé de réfuter peu après. Même si à première vue les rapports avec Vladimir Poutine sont assez tendus, il y a un terrain d’entente en ce qui concerne l’UE, celui de l’anéantir. La diplomatie allemande aura du fil à retordre pour atténuer les effets pervers d’une telle politique. À la longue il ne sera pas possible pour l’UE de se battre sur deux fronts à la fois. Mêmes si ce sont des thèses portées par l’extrême-droite, je pense qu’il faudra trouver au plus vite un accord avec le Kremlin, afin de résister à l’attitude destructrice de Donald Trump. Mais ce n’est pas le gouvernement allemand, qui met les bâtons dans les roues d’Emmanuel Macron, qui pourra renverser la vapeur. Pompeo s’en frottera les mains !
pm