La diplomatie a ses raisons d’exister, ce que Donald Trump et Kim Jong-Un ont semblé oublier. Ce qui s’est passé au sommet de Hanoï est d’un dilettantisme qui dépasse tout. Une conférence ayant un sujet si complexe comme l’abolition des armes atomiques dans les deux Corées se doit d’être préparée. Elle ne peut qu’avoir lieu après de longues négociations au niveau des experts, qui après maintes rencontres, rédigent un catalogue de propositions concrètes. En principe les modalités pour un accord devraient être confirmées auparavant. La conférence aurait pour but d’entériner un tel papier. C’est ainsi que cela se passe, mais ces deux messieurs l’ont ignoré. Notamment le président américain pensait qu’à lui seul il pouvait arriver imposer ses vues à un jeune autocrate, qui sait parfaitement que finalement il en va de sa tête et de son honneur. L’homme fort de Pyongyang ne pouvait vraiment pas céder sans contreparties. Tout enfant l’aurait su, pas Donald Trump, qui tel un rouleau compresseur, voulait s’imposer. Il se voyait déjà recevoir le prix Nobel de la paix, rien que cela ! Maintenant il revient les mains vides et subit ainsi le plus grand échec politique depuis son avènement au pouvoir. Après ses déboires au sujet du mur entre les USA et son voisin le Mexique, après les déclarations sulfureuses de Michael Cohen, son ancien avocat, devant une commission du Congrès et à quelques jours avant la publication des conclusions de l’enquête menée par Robert Mueller au sujet de l’ingérence de Moscou au cours de la campagne électorale, le président aurait eu un besoin urgent d’avoir un succès sur la scène internationale. Cela lui aurait servi de paratonnerre. Maintenant il se retrouve comme un petit garçon pris en faute, qui brave ceux qui le critiquent en niant des faits évidents. Tout ceci à cause de son incompétence totale de mener les affaires de son pays. Il faut se rendre à l’évidence qu’un petit pays lui tient tête et le blâme.
Pour les États-Unis un affront qui dépasse de loin un incident diplomatique, un signe évident de faiblesse. Il aura beau dire qu’il ne voulait pas céder aux revendications de Kim Jong-Un, il est le grand perdant de cette rencontre médiatique, car il s’est fait mener par le bout du nez par un jeune dictateur, qui ne peut que s’affirmer dans la confrontation. Que se passera-t-il maintenant ? En reviendra-t-on aux menaces, aux injures ? Je ne le pense pas forcément, plutôt à l’instauration de groupes de travail qui auront comme rôle de définir point par point, s’il y a possibilité d’accord. Revenir aux arcanes pratiqués par le monde diplomatiques depuis des centenaires, de lui rendre ses lettres de noblesse. Il est permis de se demander, si la Chine n’a pas eu sa part de responsabilité dans l’échec de Hanoï. Pour le régime de Pékin, un Trump triomphant aurait été plutôt un obstacle dans le cadre des négociations commerciales. Xi Jinping sait que le président a un grand besoin d’un succès à l’échelle internationale. Cela pourrait l’amener à faire des concessions, ce que les Chinois verraient d’un bon œil. Pour qu’il se sauve de ce mauvais pas, Trump sera probablement forcé d’avaler une potion amère. Par son amateurisme il a placé les USA dans une position de faiblesse, ce qui pourrait avoir des conséquences à long terme sur la paix universelle.
pm