Pour Emmanuel Macron, il ne fait pas de doute que Donald Trump se retirera du traité nucléaire avec l’Iran. Tout au moins c’est son impression. Il dira ce qu’il en est à 20 heures, heure de Paris. Mais il serait aussi possible, que le Président puisse employer une méthode plus diplomatique. Celle de dire « un oui mais ». Il exigerait dans ce cas-là de renégocier l’accord avec Téhéran. Comme l’Iran a déclaré qu’il n’en était pas question, cela reviendrait au même. Mais Donald Trump pourrait dire, que lui qui était prêt à parler, a reçu une fin de non-recevoir de Hassan Rohani. Le méchant sera alors lui ! Une fois de plus le Président des USA se conduit comme un mafieux qui préfère jouer des muscles au lieu de nuancer ses propos. Et que devrait faire l’UE ? Je pense qu’il faudrait passer à l’offensive et resserrer les liens existants avec l’Iran. Il ne faudrait en aucun cas se soumettre à la politique dévastatrice de Washington. Ce sera peut-être la goutte qui fera déborder le vase et nous obligera de montrer de quel bois nous sommes faits. Il serait absolument négatif si nous faisions des courbettes, que nous nous soumettions à la tradition transatlantique de dire toujours oui à tout ce qui est décidé à la Maison Blanche. Une occasion de taille de démontrer au monde qui nous sommes, que nous sommes prêts à larguer les amarres. Cela nous obligera à revoir notre politique continentale, qui jusqu’à présent est celle d’une opposition idéologique et pratique envers la Russie. Il serait temps de ramener ce grand pays dans la maison Europe, de créer de nouveaux liens, d’autant plus que le tzar Poutine est prêt à montrer plus de doigté dans les sujets épineux, que sont l’Ukraine et la Syrie. Comme il a été à nouveau sacré hier, il serait temps de repartir avec de nouvelles perspectives, même si on est pas d’accord sur ce qui s’est passé dans le passé.
Heiko Maas, le nouveau ministre des affaires étrangères de la République Fédérale, veut être plus dur au sujet des critiques adressées à Moscou, mais d’un autre côté il veut établir des contacts avec le gouvernement russe. Andrea Merkel rencontrera Vladimir Poutine à Sotchi le 18 mai. Une occasion de remettre la machine en marche. L’Allemagne a toujours eu des liens plus étroits avec la Russie au cours de son histoire. Peu importe qu’ils aient été bons ou exécrables, il y a toujours eu quelque chose d’émotionnel. Un peu comme un couple qui n’arrive pas se séparer. Ce serait pour la Chancelière l’occasion de se relancer dans l’action au niveau européen. C’est Donald Trump qui serait en fait l’artisan de ce volte-face, s’il y en avait un, comme je l’espère. En pratiquant une politique anti-européenne, il met un terme à la politique pratiquée par les États-Unis depuis la fin de la guerre. Il pousse littéralement les Européens dans les bras de la Russie et les oblige à retrouver des liens normaux en tant que voisins. En mettant un terme à l’accord avec Téhéran, il déshonore ses alliés et les oblige à lui tourner le dos. Il serait temps de nous faire une raison. Je pense qu’il faut prendre ce défi comme occasion de nos émanciper enfin de nos « amis américains ». Une révolte normal d’enfants passés à l’âge adulte. Peut-être que ce 8 mai 2018 marquera un tournant de l’histoire !
pm