Avant son départ pour les États-Unis, Emmanuel Macron a donné une interview à la chaîne ultra-conservatrice Fox en Anglais. Il a tout d’abord déclaré qu’il ne reculerait pas d’un centimètre en ce qui concerne les réformes amorcées en France. Qu’il avait été élu pour donner au pays une vigueur nouvelle. Même si le renouveau pouvait faire mal, il serait inconcevable qu’il recule. Il voulait donner ainsi au gouvernement américain la certitude, qu’il était un battant, qui avait l’intention d’assurer le leadership en Europe. Pour l’instant il a partie facile, car Angela Merkel titube en ce début de législature. Elle a été obligée de lui laisser la préséance, non pas par inclination, plus par faiblesse. Cela concerne aussi le SPD, qui a élu à sa tête Andrea Nahles, mais à un score faible. Tant que ce parti ne reprendra pas du poil de la bête, les gouvernants allemands seront à la traîne. Cela avantage évidemment le Président de la République, qui pourra marquer ainsi des points à Washington. Il a ensuite souligné qu’il entretenait de bons rapports avec Donald Trump, contrairement à la chancelière. Il part d’un point de vue pragmatique en se disant que tant que la situation aux USA est telle, il vaut mieux composer avec son président, au lieu de s’enferrer dans un débat contradictoire qui ne changerait rien. Cela peut sembler un peu gênant, mais il veut tout faire pour que l’UE ne perde pas contact avec Trump en ce moment, le moins qu’on puisse dire,tendu.
L’échéance du 1er mai est cruciale en ce qui concerne les taxes à l’exportation de l’acier et de l’aluminium, qui pourraient remettre en question le libre-échange, une régression fatale qui toucherait le monde entier. Ce n’est pas en étant à couteaux-tirés avec Trump, qu’Emmanuel Macron pourrait obtenir quoi que ce soit pour l’UE. La realpolitik prend dans un tel cas d’urgence la priorité, aussi un trait de caractère du Président de la République. Il est évident que si la France veut reprendre le rôle qu’elle avait du temps de de Gaulle, elle doit se lancer sans craintes dans un tel débat. Il en va en premier lieu de faire entendre raison à Trump, de ne pas remettre tout en question. L’accord avec l’Iran, la question cruciale du réchauffement climatique et j’en passe, seront sûrement à l’ordre du jour. Au lieu de faire des critiques, il faut à tout prix soutenir la démarche d’Emmanuel Macron. Il en va aussi des rapports avec Vladimir Poutine, qu’il considère comme un homme de poigne, qui est extrêmement intelligent et qui est loin d’être naïf. Tel un joueur d’échecs chevronné, il est tenté d’aller jusqu’à ses limites. Lui aussi ne cédera pas. Il ne faut pas s’attendre que les sanctions le fasse reculer d’un pouce. C’est une réalité dont il faudra tenir compte. Mais pour arriver à ne pas sombrer dans l’indifférence, l’Europe doit absolument resserrer les rangs. Seule la France pourra à l’heure actuelle jouer ce rôle. Que penser de tout cela ? Si Emmanuel Macron veut gagner son pari, il sera obligé de renforcer la position d’Angela Merkel et aussi paradoxal que cela puisse paraître, du SPD au sein de la grande coalition. Je le crois tout à fait en mesure de réussir, ce qui à première vue peut paraître insensé. Mais c’est pour la France une chance extraordinaire de se réaffirmer. Bon vent !
pm