Très probablement Andrea Nahles sera élue aujourd’hui présidente du parti social-démocrate d’Allemagne, le SPD. Il serait bon qu’elle recueille plus de 75 % des voix, face à sa concurrente Simone Lange, maire de Flensbourg, une ville située à quelques kilomètres de la frontière danoise. Si le résultat serait moindre, ce serait de mauvais augure. Mais depuis que Kevin Köster, le rebelle, qui a mis son parti au pied du mur, en réclamant qu’il retrouve ses valeurs au sein de l’opposition, a décidé de voter pour Nahles, ses chances de réussite ont augmenté. Elle vient de l’aile gauche du SPD, a été de 1995 à 1999 cheffe des jeunesses socialistes (Jusos), a été députée presque sans interruption à partir de 1998, de 2009 à 2013 secrétaire générale du parti, ministre du travail de 2013 à 2017. Depuis les dernières élections, elle est présidente du groupe parlementaire du SPD au Bundestag. Cette fille de maçon, née en 1970 en Rhénanie-Palatinat près de Coblence, a un talent oratoire hors du commun, ce qui est assez rare dans sa formation. C’est grâce à elle que le gouvernement de la grande coalition a pu voir le jour. Elle a su entraîner les délégués du congrès du 21 janvier à Bonn derrière elle, en exhortant ses camarades à ne pas précipiter le SPD dans le néant. Actuellement le parti obtiendrait entre 17 et 18  % des voix, 3 % de plus que l’AfD. Le CDU-CSU se trouve à 32 %.

Elle aura un travail de Titan à faire pour remettre le parti en selle, d’augmenter son pourcentage de partisans de 25 à 30 % des électeurs. Comme première femme à la tête des sociaux-démocrates, elle aura pour tâche de redonner à sa formation une âme. Comme le PS, il y a eu une érosion des valeurs fondamentales à cause de ses participations à des coalitions dominées par le centre-droit. D’une part, le parti vit d’un grand rêve, celui de la justice sociale, de l’égalité des chances pour tous. Le pragmatisme nécessaire pour diriger une grande nation comme l’Allemagne, au faîte du succès économique, lui a ravi des voix. Il est impossible de mettre d’un côté une vue idéaliste de la société et de l’autre des décisions, qui souvent s’opposent aux thèses du SPD, sous un même toit. On ne peut pas jouer à la fois à l’opposition et au pouvoir. Les électeurs l’ont bien compris. D’un autre point de vue, il serait nocif que la gauche refuse de prendre ses responsabilités à la tête de l’État. Pour arriver à un tel miracle, il faudra revoir de fonds en comble le programme du parti, l’adapter aux conditions actuelles, où le prolétariat a été remplacé par des intellectuels et des électeurs venant du centre-gauche. Souvent des technocrates, des cadres au sein de leurs entreprises. Pour se démarquer par rapport à « La Linke », le parti de la gauche intransigeante, Andrea Nahles devra faire des miracles. Aussi pour ramener tous les camarades qui votent aujourd’hui l’AfD. C’est le même phénomène que dans le Nord de la France, où des personnes issues des milieux ouvriers soutiennent aujourd’hui le FN. Une gageur énorme qu’elle doit à tout prix gagner. Autrement ce serait le grand plongeon comme le PS en 2017. Elle est à mon avis la seule à pouvoir réussir ce tour de passe-passe !

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/04/22/empetres-dans-leurs-contradictions-les-sociaux-democrates-allemands-tiennent-congres_5288842_3214.html

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