Emmanuel Macron, comme certains autres politiciens, seront confrontés à un certaine rigueur de la part du gouvernement allemand concernant les dettes contractées au cours des années passées par certains pays de l’UE. Une remise de ces sommes est improbable, comme c’est le cas de la Grèce qui est toujours dans le rouge avec un découvert de 300 milliards d’euros. Il est évident qu’Athènes ne pourra jamais les rembourser. Mais c’est une question de principe pour la Chancelière et son ministres des finances, Wolfgang Schäuble. Dans leur mentalité il est clair que chacun doit être responsable des dépenses qu’il fait. Du point de vue comptable je peux les comprendre, mais il y a bien plus en jeu en Europe, comme l’ont démontré les élections françaises. Je serais pour un peu plus de souplesse, d’autant plus que la République Fédérale a été une des principales bénéficiaires de l’UE. Une des causes non négligeables de la crise, que tous ceux qui réclament à corps et à cris des économies, est le refus de comprendre les raisons qui ont provoqué de telles dérives. Pour pouvoir équilibrer son budget, il faut de l’autre côté de la colonne des passifs, revitaliser celle des actifs. Il faut donc absolument gagner de l’argent pour obtenir que les peuples ne sombrent pas dans la disette. Je plaiderais pour des investissements accrus au sein de l’Union. Avec une économie bien portante il sera tout au moins possible de rendre une certaine somme d’argent.

Les raisons qui conduisent les conservateurs allemands au sein du gouvernement de ne pas céder aux conseils du FMI par exemple, qui verrait sans trop de problèmes une remise partielle de la dette, est une question de politique intérieure. Sachant qu’une majorité de citoyens partagent leur point de vue, les dirigeants de la CDU/CSU ne veulent pas céder, de peur que l’AdD, ce parti d’extrême-droite, polarise encore plus les euro-septiques et affaiblisse encore plus la droite modérée sur l’échiquier politique. Aussi censées les idées du nouveau président soient à ce sujet, j’ai bien peur qu’il butte sur du béton chez Angela Merkel. Le SPD, partenaire de la coalition, a une idée assez proche de celle d’Emmanuel Macron en ce qui concerne les finances. Il pense qu’une France décomplexée pourrait permettre à l’UE de redémarrer. Il est fatal que l’industrie, qui dans les golden sixties était d’une grande créativité, soit tombée dans une telle léthargie par rapport au marché international. Il faudrait que tout soit fait pour remédier à une telle situation. Il sera probablement plus facile de réaliser l’idée d’un fonds commun d’investissements, peu importe à quelle échelle, que de remettre les dettes. C’est là qu’Emmanuel Macron devrait tout faire pour marquer des points. Le spectre d’une gouvernance exercée par le FN a laissé des traces dans le pays de Goethe. La raison pour laquelle Angela Merkel doit agir si elle veut éviter que l’Europe toute entière devienne fasciste. Le nouveau président doit réussir. Sans l’apport de l’Allemagne ce n’est pas possible. Il est pour moi malgré tout assez inquiétant que l’avenir de la France dépend à un tel point de Berlin. On ne peut qu’espérer que la Chancelière en soit consciente. Je ne sais pas trop si je dois m’y fier.

pm

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Pierre Mathias

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