Si les pronostiques sont bons, Manuel Valls sera candidat à la primaire du parti socialiste. Il n’est pas dit qu’il sorte vainqueur de ces joutes, car certaines de ses options n’ont pas été du goût de la gauche, comme la loi du travail par exemple. Aussi son libéralisme économique modéré ne plaît pas à tout le monde. Si comme il le dit, il défend l’action du président de la république, il ne pourra pas se démarquer des options qui ont été prises et dont le succès est plus que limité. Probablement pas la bonne recette pour gagner des voix auprès des militants. L’orgueil est une chose, le pragmatisme une autre. C’est ce que je vais m’efforcer d’analyser. Une chose est évidente, Manuel Valls n’a pas pu faire une réforme de fond, comme cela aurait été souhaitable. On ne change pas les mentalités avec un coup de manivelle. Je pense en particulier à une réforme complète des rapports entre les patrons et leurs employés. Le principe de la participation à l’entreprise, comme elle se déroule en Allemagne, aurait pu être un coup de fouet efficace pour forger un nouvel avenir. Imposer aux salariés des règles restrictives sans contrepartie a été une erreur fatale. Le principe des petites doses de réformes ne pouvait pas réussir. Dès le début du quinquennat il aurait fallu aller de l’avant. On ne peut pas imputer à Manuel Valls ce fait objectif, mais force est de reconnaître que par la suite il a été assez frileux en ce qui concerne une telle stratégie. Même s’il a assez de poigne à première vue, il sera difficile pour lui de revitaliser un parti en pleine déconfiture. Pour y arriver il faudrait remettre en cause tout et se demander, quelle forme de socialisme pourrait avoir une chance au 21ème siècle. Il ne peut pas ignorer que bien des électeurs qui votent Marine Le Pen viennent des rangs de la gauche. En faisant du clientélisme il obtiendra à mes yeux pas grand chose.
Il s’agirait d’innover, comme a pu le faire Gerhard Schröder. Aujourd’hui il a réussi son pari, à l’époque il a perdu les élections. Malgré tout il se dégageait de lui une rare énergie et avant tout une conviction. Il est très difficile d’être convainquant lorsque le moral n’y est pas. Nous sommes, que nous le voulions ou pas, en pleine sinistrose en ce qui concerne la gauche du pays. Il paraît évident qu’elle perdra, mais pourra-t-elle au moins sauver quelque meubles ? C’est sûrement ce qu’essayera de faire le premier ministre. Mais ce qui semble manquer complètement, c’est un programme de société. Nous avons vu ce que cela peut représenter de gérer uniquement les affaires. C’est de l’administratif, non pas de la politique dans le sens noble du terme. Je conçois tout à fait qu’il est trop tard pour esquisser une autre forme de société en adaptant le social aux lois économiques. Pour arriver à une réflexion saine, il faut que la quiétude règne. C’est facile à dire lorsqu’il y a débandade. Dans un tel contexte la meilleure solution serait d’avoir recours à une femme ou un homme libéré des contraintes de l’histoire. Mais tout cela intervient en dernière minute, ce qui ne peut pas être un gage de réussite. Pour moi il y a actuellement qu’une priorité : barrer le passage au FN. Le pragmatisme devrait avoir la priorité.
pm