Voir le diable partout en Allemagne n’est pas non plus une solution. Il y a certes un problème du néonazisme, mais il est plutôt dû par une certaine passivité de nombre de citoyens. Ce n’est évidemment pas toujours le cas. Lorsque des militants du Pegida, parmi lesquels des extrémistes de droite se faufilent, ils sont fraîchement reçus par des adeptes du camp démocratique. La police est alors obligée de séparer les deux camps pour qu’il n’y ait pas de confrontations violentes. La télévision diffuse ces échauffourées, mais elles ne reproduisent pas une ambiance générale qui est souvent frileuse. Qu’il soit dit, une grande majorité de la population allemande condamne la montée des violences de l’extrême-droite, mais ne sait pas trop comment les affronter. La peur prend dans bien des villages ou des quartiers le dessus, ce qui amène les gens à regarder ailleurs lorsqu’il y a des actes répréhensibles. Ils ne sont probablement pas encore conscients du danger que cela représente pour les libertés démocratiques. Ils oublient souvent quels avantages la loi fondamentale leur apporte dans le quotidien. C’est ce replis qui m’inquiète le plus. Les statistiques un peu partout dans le monde chiffrent à peu près à un quart les gens ouverts à de telles idéologies. Il est plus que difficile de les convaincre qu’ils font fausse route. Le fanatisme les rend aveugle. Le vrai problème se situe ailleurs. Je pense que beaucoup de citoyens ne se rendent pas compte qu’ils ont un trésor à sauvegarder et qu’il faut se battre pour y arriver. Parfois j’émets des doutes quant à la probité de la police et de la justice.
Cela est particulièrement perceptible lorsque des refuges pour migrants sont incendiés ou des personnes de couleur attaquées. La plupart de ces méfaits ne sont pas éludés, car les services responsables du maintien de l’ordre réagissent sans grande conviction. En particulier en ex-RDA se phénomène est perceptible. Une explication revient toujours à nouveau à la surface. Il est question de l’infiltration d’éléments antidémocratiques au sein de l’État. Souvent des fonctionnaires qui connaissent personnellement les délinquants ou qui sont parents. Le drame du NSU, qui a semé l’horreur en Allemagne en massacrant des étrangers, est significatif. Les deux responsables principaux se sont suicidés, mais leur maîtresse commune est jugée depuis le 6 mai 2013 à Munich. Tout d’abord « le Verfassungsschutz », le renseignement intérieur chargé de la lutte contre tous ceux qui sabotent la constitution, a déclaré que ces meurtres étaient mafieux, que les auteurs étaient des compatriotes des victimes. Qu’avec la plus grande réticence ces services ont dû reconnaître, qu’ils émettaient de fausses nouvelles. Aujourd’hui il est plus ou moins avéré, que ces service connaissaient dès leur origine leurs auteurs et qu’ils ont laissé faire. Cet exemple terrible démontre d’une manière éclatante où le bât blesse. Avant tout dans les institutions. Dans de telles conditions il n’est pas étonnant que les néonazis se sentent assez sûrs et opèrent souvent en toute impunité. Si les citoyens ne réagissent pas, ce qui me paraît être souvent les cas, das actes comparables à ceux de 1930 se multiplieront. Il sera alors trop tard !
pm