Les photos de Syrie devraient nous toucher. Cela se passe généralement mais n’empêche pas de plus en plus de monde de rejeter tous ceux qui veulent fuir l’enfer d’Alep. L’égoïsme et le « moi je » reviennent constamment à la surface lorsqu’il s’agit de l’asile politique. Des considérations nationalistes qui prennent souvent l’odeur nauséabonde du racisme et de l’exclusion. Nous vivons bien calfeutré dans notre train-train journalier et repoussons tout ce qui pourrait déranger, bousculer nos habitudes. Comme c’est dans la nature humaine de voir avant tout sa propre personne, il ne faut pas s’étonner que les populistes avec leurs diatribes violentes, gagnent de plus en plus de terrain. « Ils n’en qu’à… ». En clair cela veut dire pour les migrants de déguerpir au plus vite. N’ont-ils pas le tact de s’apercevoir qu’ils dérangent ? Et cela souvent de la part de chrétiens. C’est désarmement. Cela voudrait-il dire que les prises de vue terribles d’enfants soumis à une guerre impitoyable, ne choquent que pour un petit moment ? Il faut le croire. Avec une propagation quotidienne d’images les unes plus terribles après les autres, les internautes sont devenus peu à peu assez insensibles. Pour eux elles font parties de la normalité. C’est la raison pour laquelle elles viennent et partent sans pour autant changer les mentalités. Est-ce de l’autodéfense ? Mais il y a aussi des mouvements humanitaires qui en découlent. Je prends comme exemple la photo de ce petit garçon mort que la mer a renfloué sur une plage turque. Elle a permis à l’Allemagne de se lancer encore plus dans la solidarité. Mais un fait est clair, les images-chocs sont, qu’on le veuille ou non, virtuelles. C’est regrettable mais explique assez bien l’effet de rejet. Ne surtout pas être confronté avec la misère de ce monde ! Mais elles ont aussi comme conséquence une certaine méfiance envers cette manière de faire connaître au grand public ce qui se passe aux portes de notre continent.
La méfiance par rapport à ce média provient du fait que certains d’entre nous parlent de manipulation. L’image est mise en doute et n’est de ce fait pas toujours une preuve irréfutable. « On nous mène par le bout du nez ! », explique la méfiance contre ces photos. C’est de la propagande qui a pour but de nous influer de la mauvaise conscience, disent les uns. Les autres refusent souvent de les prendre en considération. C’est pour moi les seules explications plausibles. En voyant la misère des enfants d’Alep, je ne peux pas concevoir pourquoi on rejette ceux que la guerre a mis en exil. Cela est en partie une explication lorsqu’on veut savoir plus, ce qui a mené Angela Merkel d’ouvrir son cœur. Comme chrétienne elle ne pouvait pas rester insensible à tous ces drames qui se passent encore aujourd’hui dans les endroits sinistrés ou en pleine mer, où des centaines sinon des milliers de rescapés se noient à deux pas de notre frontière commune en ce qui concerne l’UE. Les images l’ont sûrement motivée de s’engager ainsi et ceci contre un tollé général. Elle a démontré ainsi que la politique, tout en devant rester pragmatique, ne peut pas toucher le peuple sans empathie. Non, les images que nous livre la guerre ne doivent pas nous laisser indifférents, au contraire !
pm