De transporter des veaux sans leur donner à boire et à manger à travers toute l’Europe est un scandale. Souvent ce sont des trajets de plus de 3000 kilomètres. Une des raisons de cet état de faits, pourrait être le business. Serait-ce, comme c’est le cas pour le pétrole, une forme de négoce où la vente se ferait tout au long du trajet ? Où sa destination changerait par rapport aux plus offrants ? Les veaux sont envoyés tout d’abord dans des centres intensifs d’engraissement, la dernière étape avant de passer à la boucherie. Là aussi il est question du prix. Les transports mènent les bêtes souvent à l’Est du continent, où la production est la meilleure marché. Au lieu d’être tuées sur place, on les envoie à nouveau sur les routes et ceci en direction des Pays-Bas, de l’Allemagne ou ailleurs. Pour les veaux un calvaire. C’est là qu’il est possible de s’apercevoir quelle gabegie résulte des lois du marché. Il est bien stipulé dans les directives de l’UE que le bétail soit traité humainement. Cela consiste à lui donné de la nourriture et avant tout de l’eau. De telles enquêtes qui, comme cette dernière faite en coopération entre les associations allemandes et suisses du  Animal Welfare Foundation et du Tierschtutzbund Zürich, devraient nous couper l’appétit. Mais ce n’est pas le cas. La seule mesure qui rencontre auprès des consommateurs de plus en plus de succès, est l’achat de produits alimentaires de proximité. La boucherie dans son ensemble est concernée. Indépendamment du fait qu’il est ainsi possible de sauvegarder son propre environnement, les gens sont assurés d’acheter ainsi des denrées fraîches. La qualité de la viande est moindre lorsque les bêtes ont subi un stress dépassant de loin la normale. Il ne sert à rien de s’offusquer à la vue de telles photos où on peut voir dans quelles conditions se font les transports. Il s’agirait avant tout de soutenir tous projets ayant la proximité comme but. Cela inclut aussi le maintien en vie de petites exploitations. Une réponse donnée à l’industrialisation de la production agraire.

Mais ne nous faisons pas d’illusions. Cette focalisation à son prix. Il devrait être répercuté sur le pouvoir d’achat. La personnalisation de l’agriculture, où tout exploitant doit être nommé, coûte de l’argent. Il est normal que chacun d’entre-nous paie son dût. Mais en prenant en considération les budgets des ménages, on s’aperçoit vite où sont les limites. L’exemple des produits bio est significatif. Que ceux qui ont des revenus supérieurs vivent plus sainement. Une injustice flagrante qui remet en cause le principe d’égalité. Il n’existe tout simplement pas. Un vœux pieu démoli par la réalité économique. Le traitement insupportable des animaux de boucherie découle de cette réalité financière. Où prendre l’argent afin que tout se passe autrement ? Très rapidement il est évident que toute l’indignation qui découle des conditions de transport, est un feu de paille. En fin de compte seul le porte-monnaie compte. Il faut bien se rendre compte que le traitement artisanal de la chaîne alimentaire est de loin plus cher que celui des usines agraires. Il serait alors impossible de manger chaque jour de la viande, ce qui en fin de compte ne serait pas mauvais pour la santé. Sans aide du public, rien n’avancera !

pm

http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/19/le-cruel-transport-des-jeunes-veaux-au-sein-de-l-europe_4985187_3244.html

Pierre Mathias

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