D’après les derniers sondages, le score d’Angela Merkel serait en chute libre si les électeurs étaient appelés à voter dimanche pour le Bundestag. C’est indéniablement la politique migratoire de la Chancelière qui ne fait pas que des adeptes. L’optimisme qu’elle affiche agace plus qu’elle motive. J’en suis navré. Comme je l’ai souvent répété, je salue son courage et sa détermination à vouloir respecter, contre toute logique électorale, les droits de l’homme. L’asile politique est une clef de voûte de l’humanisme, tel qu’il a été promulgué lors du siècle des lumières. Non, je ne céderai pas aux diatribes vengeresses des populistes, quels que soient leur couleur. Elle est à mes yeux la première cheffe de gouvernement à vouloir assumer son éthique, même si cela pouvait lui coûter son poste. Chapeau ! Je trouve l’opportunisme affiché par la plupart de ses collègues dans le concert des nations, franchement insupportable. Je le dis haut et fort comme socialiste que je suis ! Ses traits de caractères me donnent tout simplement espoir qu’il y a autre chose que des compromis plus ou moins boiteux. Je suis de loin pas un inconditionnel de tout ce qu’elle fait, mais je dois reconnaître qu’elle m’est plus proche que certains politiciens de la gauche dure et pure. Mais il n’y a pas que des louanges à distribuer, loin de là. Le deal avec Recep Tayyip Erdoğan me fait mal au ventre, même si grâce à lui le flux migratoire a pu être freiné. Ce pacte est contre-nature en ce qui concerne nos valeurs démocratiques. Il est certes plus difficile que jamais de mettre au diapason les intérêts nationaux et les principes fondamentaux de l’éthique. J’en ai parlé dans mon article d’hier en me posant las question, si Jean-Paul Juncker avait raison de ne pas isoler la Turquie.

Revenons à Angela Merkel. Il est à mon avis certain qu’elle gagnera la majorité relative en 2017. Mais elle devra trouver un autre parti pour former la coalition. Les Verts semblent être pour l’instant un allié plausible. Les gouvernements régionaux de la Hesse et du Bade-Wurtemberg semblent être des exemples positifs. Leurs rapports seraient d’après les dires des observateurs sans grands problèmes. Et les sociaux-démocrates ? Ils auraient intérêt de vendre mieux leurs acquis. Leur apport en ce qui concerne les grands projets de cette législature sont assez significatifs. Que ce soit dans le domaine de la politique sociale, du travail, de la famille ou des affaires étrangères. Ils ont fait du bon boulot, mais perdent néanmoins des voix. Frank-Walter Steinmeier arrive largement en tête des sondages de l’ARD. Il ne pourra pas pour autant, s’il était réélu candidat du SPD, porter ombrage à la Chancelière. Le vrai problème ne réside pas là. C’est plutôt le parti d’extrême-droite AfD qui m’inquiète. Il devient de plus en plus populaire parmi la population et arrache des voix aux partis traditionnels. Cela pourrait être un Waterloo pour une certaine conception de la démocratie. Pour combattre son influence, il s’agirait de regrouper les troupes sous l’égide d’Angela Merkel. Tout le reste ne réussirait pas. Il serait fatal de faire les mêmes erreurs que celles de la République de Weimar. Seule une action commune peut éradiquer le totalitarisme.

pm

http://www.liberation.fr/planete/2016/08/05/les-allemands-lasses-par-merkel-et-son-nous-y-arriverons_1470448

Pierre Mathias

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