« Allahou Akbar », Dieu est grand. C’est ce qu’a crié le terroriste après avoir attaqué et blessé deux policières à la machette à Charleroi. L’agresseur a été abattu. Une raison de plus de se dire que nous sommes malheureusement tout au début d’une épidémie meurtrière. Lorsque j’entends à la radio la pluie de critiques qu’a essuyées Martine Aubry en renvoyant la Braderie annuelle au début septembre à Lille, je n’en crois pas mes oreilles. Elle sait mieux que personne quel dommage économique découle de sa décision, mais si les forces de l’ordre prétendent qu’il est impossible d’assurer une sécurité relative en ce qui concerne les citoyens, elle ne pouvait pas agir autrement. La critique émanant de certaines personnalités du monde des affaires n’est aucunement justifiée. Lille se trouve aux portes de la Belgique, où le problème islamiste est loin d’être réglé comme on a pu s’en apercevoir aujourd’hui. Lorsqu’il y a un danger corporel, les mesures prises ne doivent pas tenir compte du business. J’entends virtuellement ce qui se serait passé, si la maire de cette cité avait dit oui à la Braderie et qu’un attentat ait eu lieu. Elle aurait été mis au pilori. Je sais que le fair-play n’est pas toujours de mise en politique, mais je crois que dans ce cas bien précis les bornes ont été dépassées. Je connais aussi les arguments qui disent, que toute capitulation de notre part face à EI, est un signe de faiblesse. Je souscris entièrement à ce point de vue, mais je ne vais tout de même pas pousser des innocents dans cet engrenage infernal. Oui, il est possible d’organiser des fêtes, mais à condition de limiter les dangers. Ce qui n’a pas été fait à Nice, doit l’être fait partout ailleurs. Et si pour des raisons logistiques cela n’est pas possible, il faut renvoyer ce genre de manifestations. N’oublions pas le caractère festif d’une foire. Une assurance-vie n’existe pas lorsqu’on parle de terrorisme. Comme Munich ou Paris l’ont prouvé, tous lieux et à n’importe quel moment peuvent être visés. Dans un tel cas il est normal qu’une municipalité émette des doutes. Mettez-vous à la place de Martine Aubry. Auriez-vous pris une telle responsabilité ? Tous ceux qui ont une telle charge me répondront que tous risques doivent être bien évalués. Dans l’état actuel il est pour ainsi dire impossible de combatte efficacement ce fléau. C’est tout à fait regrettable, mais une raison accrue de réduire au maximum les dangers.

Il y a un autre élément qui ne doit pas être ignoré, celui des libertés individuelles. Il est certain qu’elles se trouveront réduites. Nous serons soumis de plus en plus à des contrôles vidéos ou policiers et devront les prendre en considération si nous voulons avoir plus de sécurité. C’est là que le débat devrait avoir lieu. Jusqu’à quel point les citoyens que nous sommes, sommes prêts à nous soumettre à de telles contraintes ? Peut-on assurer la sauvegarde des droits de l’homme dans un tel contexte ? Quels sacrifices sommes-nous prêts à faire pour vivre en quiétude ? C’est une question de déontologie qui dépasse de loin le maintien ou le renvoi d’une Braderie. Seul le peuple dans son ensemble est capable d’y répondre. Martine Aubry a agi en âme et conscience comme la loi lui demande. Au lieu de la fustiger, il faudrait lui en être reconnaissant.

pm

http://www.lemonde.fr/international/article/2016/08/06/belgique-deux-policieres-blessees-dans-une-attaque-a-la-machette-a-charleroi_4979298_3210.html

Pierre Mathias

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