Alexis Tsipras mène sa campagne électorale, tout en sachant que ses plus grands adversaires seront les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND). Le Syriza est au coude à coude avec ce parti de droite, qui risque de gagner les élections. Il ne lui reste rien de plus à faire que d’aller glaner des voix à gauche. Mais quelle gauche ? Celle qui louche au centre ou celle qui se s’acharne à croire que c’est dans le dogmatisme qu’elle pourra renaître ? Il est malheureusement évident qu’entre l’idéologie et le pragmatisme il y a un fossé presque infranchissable. Cette question doit se poser ce matin François Hollande au cours de sa conférence de presse. Il est évident, tant pour les régionales que pour les futures présidentielles, il lui manquera les voix du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélanchon. La gauche démocratique, qui a toujours vocation de mener les affaires, se trouve constamment en proie à des attaques venant de la part des dogmatiques. C’est du pain blanc pour les partis de droite et les populistes. Une fois de plus les socialistes se rongent de l’intérieur. Alexis Tsipras a dû constater qu’entre les vœux pieux et la réalité, il a été forcé de choisir l’avenir de la Grèce. Pas celle qu’il imaginait ! Allant de compromis en compromis, ces vues se sont édulcorées, laissant derrière lui ce que je pourrais nommer la Bérézina de son parti. Il n’a pas eu tort d’opter pour les décisions qu’il a prises, mais il faut reconnaître qu’elles n’ont plus rien à voir avec le programme initial qu’il a préconisé.
Il en sera de même pour le PS, qui est dans l’impossible de régner sans ce renier. Le ministre de l’économie, Emmanuel Macron est obligé de se soumettre aux lois du marché et va au-devant des patrons. Au lieu de réformer de fonds en comble un système, qui par bien des points-de-vues est obsolète, il compose avec tous ceux qui détiennent le vrai pouvoir, celui de l’argent. Dans un tel contexte on peut se poser la question où sont restés les valeurs de la gauche ? Malgré le bon travail effectué au sein de la coalition par le SPD en Allemagne, les sondages restent insatisfaisants pour les sociaux-démocrates. D’une part le peuple leur reproche d’avoir fait des concessions à la droite, de l’autre il n’aurait jamais cautionné des vues plus radicales, car elles risquent de le gêner. Les citoyens sont des moutons, qui ne veulent pas qu’on les bouscule. Ils suivent le berger qui leur assure le plus de quiétude. Et c’est ce que la droite semble leur assurer. Conserver à tous prix un acquis sans se poser des questions fondamentales, comme celle de la justice sociale. Surtout rien bousculer. Les socialistes à l’eau de rose se sont crus obligés de se mettre au diapason, ce qui leur ravit une grande part de leur crédibilité. Ce qui ressort au bout du tunnel, ce sont des partis qui ont perdu leur substance, qui sont interchangeables. Cela fait l’affaire de tous ceux qui ne jurent que par le conservatisme pour gouverner. Je dois avouer que je me trouve personnellement dans un dilemme. Mon bon sens me dit, qu’il est impossible d’agir autrement que par le compromis, de l’autre mon cœur ne se retrouve plus dans une telle option. La vocation de tous mouvements politiques est d’arriver au pouvoir. Le prix est diablement élevé et ceci au détriment de notre intégrité. Le PS et le nouveau Syriza peuvent se tendre la main !
pm
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