Il est frustré. Dans son job on le traite comme du cochon pourri. Il n’est bon que pour trimer, est sujet à des critiques incessantes. Un petit minable. Puis lorsqu’il rentre chez lui, il se métamorphose peu à peu en un mec qui veut en imposer, qui oublie qu’il n’est qu’un petit rouage dans la mécanique. Lui, qui est le jouet de ses acolytes de collègue, se transforme peu à peu en un prédateur qui cherche des victimes plus faibles que lui. Ne surtout pas risquer gros, car cela le mettrait en danger de perdre le dessus. Une fois qu’il est chez soi, la victime idéale est sa femme et lorsqu’il n’a rien à se mettre sous les dents ses enfants. Tout d’abord il est aimable. Pour se délester de toutes ses récriminations, il boit un verre de whisky que sa femme lui a préparé. Elle pour sa part, elle s’est déjà placée dans le modus habituel, celui d’une épouse docile. Comme elle sait qu’à un moment ou l’autre elle sera battue, elle joue à Bambi, ce qui l’exaspère. Il lui fait subir la question en critiquant tout, en faisant observer qu’elle a laissé traîné un journal sur une des chaises du salon. Tout est sujet à provocation. Pour lui le seul moyen d’atténuer sa colère, celle d’un homme qui est soumis à des quolibets, au dédain général. Elle sait qu’elle fera office de soupape de sécurité. Puis sans transition, il lui donne une gifle, la traite de traînée. « Que fais-tu à longueur de journée ? » Puis toujours à nouveau il est question de l’amant qui profite qu’il soit au travail, pour faire l’amour. Une crise de jalousie qui se répète sans fondement quotidiennement. Ce qui donne lieu à une recrudescence de sa violence. Il la rue de coups, puis lui déchire son corsage… Weiterlesen

En 2017 123 femmes sont mortes par la main de leurs conjoints. 225 000 ont été blessées et vivent un enfer psychologique. Lorsque j’ai pris connaissance de ces chiffres, j’ai éprouvé un sentiment de dégoût. Je peux concevoir que le couple peut devenir le creuset de violences, mais en venir est inadmissible. J’ai tourné il y des années, dans une maison qui recueillait des victimes de violences conjugales. Des femmes peuvent y trouver refuge avec leurs enfants. Elles y vivent en complète anonymité, de peur que « leurs compagnons » viennent les harceler. Une fuite délibérée pour sauver leur peau. Et la police ? Beaucoup d’entre-elles hésitent à poser plainte, car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, elles se sentent aussi responsables. J’ai essayé de comprendre le pourquoi d’une telle attitude. J’ai constaté que la plupart d’entre-elles aimaient encore leurs compagnons, ceci malgré le mal qu’ils leurs ont fait. Pour ces dernières la sexualité jouait un rôle important. Tout en rejetant la violence, elles admiraient leur virilité. Puis encore un élément de taille : celui de la peur de la solitude, de devoir prendre en main sa destinée. J’ai constaté qu’il fallait protéger ces femmes contre elles-mêmes. Beaucoup d’entre-elles sont retournées auprès de leurs hommes, comme elles les nomment. Mais il y a une condition, pour qu’il puisse avoir des mesures efficaces au sein de la société, il faut que les victimes déposent plainte, aillent au tribunal afin qu’il y ait condamnation. Mais nombre d’entre-elles hésitent à faire ce pas.« C’était un accident. Il était stressé ! » Des personnalités de la vie publique ont signé une pétition afin que l’État réagisse plus énergiquement. Weiterlesen