En 2017 123 femmes sont mortes par la main de leurs conjoints. 225 000 ont été blessées et vivent un enfer psychologique. Lorsque j’ai pris connaissance de ces chiffres, j’ai éprouvé un sentiment de dégoût. Je peux concevoir que le couple peut devenir le creuset de violences, mais en venir est inadmissible. J’ai tourné il y des années, dans une maison qui recueillait des victimes de violences conjugales. Des femmes peuvent y trouver refuge avec leurs enfants. Elles y vivent en complète anonymité, de peur que « leurs compagnons » viennent les harceler. Une fuite délibérée pour sauver leur peau. Et la police ? Beaucoup d’entre-elles hésitent à poser plainte, car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, elles se sentent aussi responsables. J’ai essayé de comprendre le pourquoi d’une telle attitude. J’ai constaté que la plupart d’entre-elles aimaient encore leurs compagnons, ceci malgré le mal qu’ils leurs ont fait. Pour ces dernières la sexualité jouait un rôle important. Tout en rejetant la violence, elles admiraient leur virilité. Puis encore un élément de taille : celui de la peur de la solitude, de devoir prendre en main sa destinée. J’ai constaté qu’il fallait protéger ces femmes contre elles-mêmes. Beaucoup d’entre-elles sont retournées auprès de leurs hommes, comme elles les nomment. Mais il y a une condition, pour qu’il puisse avoir des mesures efficaces au sein de la société, il faut que les victimes déposent plainte, aillent au tribunal afin qu’il y ait condamnation. Mais nombre d’entre-elles hésitent à faire ce pas.« C’était un accident. Il était stressé ! » Des personnalités de la vie publique ont signé une pétition afin que l’État réagisse plus énergiquement.

La comédienne Muriel Robin, une des signataires a déclaré : « La lutte contre les violences faites aux femmes a été proclamée grande cause nationale pour l’année 2018. Il faut que cela s’arrête. Il faut que notre cri de révolte soit aussi retentissant que le déni qui règne aujourd’hui. Monsieur le président, agissons pour que ces femmes ne meurent plus dans l’indifférence totale, pour que nous n’ayons plus honte de ces cadavres »   Je souscris complètement à ce texte, mais je me demande ce que le Président de la République peut faire. Il est bon que la police n’est pas accès aux alcôves, que l’intimité du couple soit sauvegardée. Mais pour qu’il puisse une réaction, il faut que les personnes concernées tirent la sonnette d’alarme, ce qui dans la plupart des délits de violence n’est pas le cas. On veut laver le linge sale soi-même. Puis il y a un sentiment de honte chez les femmes, d’accepter d’être ainsi déshonorées. Certaines des victimes m’ont avoué, qu’elles ne supportaient pas la vérité. « Ce n’était qu’accident. Je suis tombée dans les escaliers ! » La seule chose que l’État puisse faire c’est de trouver des réponses au chômage, à la précarité, d’assurer un suivi social de la famille. Mais vu le nombre des cas, cela est plus que difficile. Mais il y a aussi des cas de violences conjugales chez les bien-nantis. Elle n’est pas forcément liée au statut social. C’est dans ces cas qu’il est le plus difficile d’intervenir, car tout se cache derrière une façade de respectabilité. Je comprends le ras-le-bol des signataires, mais je crains fort que rien n’évoluera. Malgré tout il est bon qu’il y ait eu une réaction.

pm

https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/09/23/violences-conjugales-88-personnalites-signent-une-tribune-en-faveur-des-victimes_5358870_3224.html

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