Madame Merkel a donné dans la Süddeutsche Zeitung une interview au sujet des rapports qu’elle entretient avec Emmanuel Macron. Ils ne sont pas au beau fixe comme nous le savons. Mais doivent-ils vraiment l’être. Dans tous les couples il peut y avoir des divergences, mais il faut les savoir gérer. Nous avons affaire à deux systèmes politiques différents. En République fédérale la parlementarisme prend une place plus importante qu’en France, où le pouvoir du président est plus étendu. La Chancelière est obligée d’exposer sa politique au Bundestag et de faire en sorte qu’elle soit acceptée par une majorité de députés. « Je suis la chancelière d’un gouvernement de coalition et je suis beaucoup plus dépendante du Parlement que le président français, qui n’a pas du tout le droit d’entrer à l’Assemblée nationale »  Le tout accompagné d’un contrôle incessant des commissions parlementaires, qui ont aussi un droit à l’initiative. Ce n’est pas seulement au Bundeskanzleramt, à la chancellerie, que les décisions se prennent, loin de là. Il y a aussi le fait que chaque décision doit être prise en accord avec les trois partis qui forment la coalition, soit la CDU, la CSU et le SPD. Contrairement au Président, Angela Merkel doit obtenir l’assentiment de ses partenaires dans les plus petits détails. S’il s’agit de jauger, où on en est dans l’amitié franco-allemande, il faut tenir compte de ces points, mais aussi du poids que représente l’électorat. Le système électoral de la proportionnelle dégage certes des majorités, mais plus absolues comme cela avait été le cas dans le passé. Ce n’est plus un parti qui prend les rennes de pouvoir, mais une coalition faite de compromis. Weiterlesen

Et si Emmanuel Macron arrivait à son but, celui de devenir président de la République, il devrait tout d’abord forger une majorité cohérente. Dans une interview il a dit vouloir rassembler tout aussi bien des gens de droite, du centre et de la gauche dans son gouvernement. Ce serait évidemment une démarche inédite en France, où l’alternance gauche-droite a toujours joué un grand rôle. Ce qu’il veut faire, c’est de bousculer complètement le paysage politique français. Mais ce ne sera pas une sinécure car de multiples intérêts sont en jeu. Mais malgré les difficultés que cela peut provoquer, je pense que cette expérience pourrait être intéressante. Elle aurait tout d’abord pour effet de faire le ménage, de déboulonner un système qui a échoué. La moitié des candidats qui se présenteraient pour les législative sous l’étiquette « En marche ! », n’ont jamais eu de mandats. Il est vrai qu’un peu de sang frais ne peut pas faire du mal afin défiger les conventions. D’autre part une telle option obligerait les députés à se plonger bien plus dans les dossiers, car ils ne reposeraient pas automatiquement sur une idéologie quelconque. Ils seraient rédigés indépendamment des sensibilités partisanes. En procédant de la sorte, Emmanuel Macron laisse la porte ouverte à une structure laissant place au compromis. Pour pouvoir faire passer une loi, il sera nécessaire de trouver à chaque fois une nouvelle majorité, l’apport individuel étant bien plus fort que jusqu’à présent. Le tout pourrait déboucher sur un gouvernement de coalition comme c’est le cas en Allemagne ou aux Pays-Bas qui voteront mercredi. Weiterlesen