Et si Emmanuel Macron arrivait à son but, celui de devenir président de la République, il devrait tout d’abord forger une majorité cohérente. Dans une interview il a dit vouloir rassembler tout aussi bien des gens de droite, du centre et de la gauche dans son gouvernement. Ce serait évidemment une démarche inédite en France, où l’alternance gauche-droite a toujours joué un grand rôle. Ce qu’il veut faire, c’est de bousculer complètement le paysage politique français. Mais ce ne sera pas une sinécure car de multiples intérêts sont en jeu. Mais malgré les difficultés que cela peut provoquer, je pense que cette expérience pourrait être intéressante. Elle aurait tout d’abord pour effet de faire le ménage, de déboulonner un système qui a échoué. La moitié des candidats qui se présenteraient pour les législative sous l’étiquette « En marche ! », n’ont jamais eu de mandats. Il est vrai qu’un peu de sang frais ne peut pas faire du mal afin défiger les conventions. D’autre part une telle option obligerait les députés à se plonger bien plus dans les dossiers, car ils ne reposeraient pas automatiquement sur une idéologie quelconque. Ils seraient rédigés indépendamment des sensibilités partisanes. En procédant de la sorte, Emmanuel Macron laisse la porte ouverte à une structure laissant place au compromis. Pour pouvoir faire passer une loi, il sera nécessaire de trouver à chaque fois une nouvelle majorité, l’apport individuel étant bien plus fort que jusqu’à présent. Le tout pourrait déboucher sur un gouvernement de coalition comme c’est le cas en Allemagne ou aux Pays-Bas qui voteront mercredi.

C’est une méthode qui a fait ses preuves car elle remet bien plus en doute toutes initiatives. Elle demande beaucoup de professionnalisme. Les élus ne pourront plus se cacher derrière les décisions de la classe politique, d’où ils sont issus. Mais ne nous faisons pas d’illusions : il s’agit tout d’abord d’agir dans le sens de l’Élysée. Serait-ce donc un système présidentiel ? D’après les dires du leader du mouvement cela ne devrait pas être le cas, mais allez savoir. Si le futur chef d’État veut rester crédible, il sera forcé de jouer le jeu et rester dans bien des cas à l’écart. Il jouerait alors plutôt le rôle d’un modérateur à l’écoute de l’Assemblée Nationale et du Sénat. J’ai quelques doutes qu’il puisse se complaire dans un tel rôle. Il est un fait qu’avec des néophytes aillant pas mal d’inexpérience, il sera probablement plus aisé de les guider dans la voie qu’on s’est fixée, qu’avec de vieux baroudeurs. De l’autre ils auront plus de mal à rassembler leurs idées dans une gerbe. Cela pourrait être un handicap lorsque il s’agit légiférer rapidement. Je comprends parfaitement qu’Emmanuel Macron veuille sauter par dessus de telles conventions, qui ont probablement fait leur temps. Même si le projet législatif semble être encore un peu brouillon à l’heure actuelle, je l’approuve, car il prend ses distances par rapport à une structure jacobine. Nous aurons donc plus affaire à une gouvernance verticale, à condition que le futur président se tienne aux règles qu’il a édictées. Ne faudrait-il pas tenter l’aventure ?

pm

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/03/12/macron-promet-un-gouvernement-de-la-gauche-du-centre-de-la-droite-et-une-majorite-coherente_5093389_4854003.html

Pierre Mathias

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