Pour une fois je veux chasser la morosité de mes quatre murs. Il est vrai qu’un nombre de mauvaises nouvelles nous assaillent chaque jour. D’où ma décision de me muter pour une heure en un bâtisseur. Je me dis que le seul moyen pour me remonter le moral serait d’imaginer l’Europe de demain. Oui, vous entendez bien, je veux parler de l’UE et ceci en termes positifs. Il y a des projets qui sont irréalisables sans une coopération à l’échelle continentale. Lorsque j’étais un jour bloqué dans un embouteillage entre Berlin et Munich, j’ai eu le temps de gamberger. Une colonne de camions longue de plus de 500 Kilomètres et venant d’un peu partout à ma droite. De quoi attraper la claustrophobie ou des particules cancérigènes dans les poumons. De la puanteur, de la nervosité… Pour moi la preuve que cela ne peut plus continuer ainsi. Je me suis alors posé la question, s’il n’était pas plus raisonnable de transporter toute cette marchandise dans des containers sur les rails ? En Suisse l’idée de la transversale a aussi été dictée par la sauvegarde de l’environnement. Plus de 50 kilomètres de tunnel sous le Saint-Gothard. L’idée maîtresse était de transporter le plus rapidement possible des voyageurs et du fret au-travers des Alpes. Je serais d’avis qu’on reprenne cette idée et qu’on construise un peu partout des lignes de TGV réservées exclusivement aux marchandises. En même temps il s’agirait de réduire au maximum le flux des camions sur les autoroutes. Le fret serait amené dans des gares construites à cet effet, où des véhicules les prendraient en charge pour une distance maximale de 100 kilomètres. Ce serait une question de logistique d’arriver à un tel résultat. Le tout pourrait être automatisé, rendant possible d’acheminer le plus rapidement possible la marchandise chez le client.
Ce serait un très grand investissement qui pourrait contribuer aussi à une restructuration industrielle en Europe. Je pense qu’il y aura de plus en plus de PME très performantes comme c’est le cas en Allemagne. Des entreprises qui peuvent réagir très rapidement aux lois du marché. Les grands trusts auront de plus en plus du mal à survivre, parce qu’ils ne sont pas assez mobiles. Mais pour que ce pari puisse être gagné, il faut offrir aux entreprises une infrastructure de transports efficace et rapide. Il est de mise que les fabriques n’ont souvent plus d’entrepôts, car cela coûte très cher. Les pièces détachées sont amenées directement aux chaînes de production pour être manufacturées dans l’heure qui suit. À la moindre panne l’entreprise tout entière est paralysée. C’est la raison pour laquelle il faut construire des tracés de TGV-Fret exclusivement réservés à cet effet. Il s’agirait d’avoir les mêmes normes partout. Le but doit être de réduire au maximum les frais de transports. Si nous voulons désengorger les routes, ce sera le seul moyen d’y arriver. Il ne faudra pas suivre l’exemple de la SNCF en ce qui concerne l’augmentation des prix du TGV-Atlantique. Les frais supplémentaires occasionnés devraient être couvert aussi par des rentrées fiscales supérieures à ce qu’elles sont aujourd’hui. Il sera possible d’investir moins dans le réseau routier, qui sera moins mis à contribution. Mais peut-on encore rêver en Europe ?
pm