Pendant qu’Angela Merkel s’est rendue à Auschwitz pour rendre hommage aux victimes des nazis et de là, jeter l’anathème sur la montée vertigineuse de l’extrême-droite en Allemagne, à Berlin se tient le congrès du SPD. Qu’on le veuille ou non, il a été marqué par le spectre d’une menace extrémiste qui tient en otage le pays. Que ce soit la xénophobie, l’antisémitisme ou le totalitarisme nationaliste, l’atmosphère politique est infestée par l’AfD qui a encore fait un pas de plus en direction du néonazisme lors des dernières élections. En récoltant avec un programme raciste entre 20 et 30 % des voix, le « Flügel » l’aile extrémiste de ce parti a dévoilé quelles étaient ses vues, celle de réhabiliter le 3ème Reich, sans le nommer. Il est évident que le congrès du SPD qui a lieu en ce moment ne peut pas se départir de cette ambiance. Il a certes élu à sa tête Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans, deux représentants de la gauche du parti, marqué verbalement ses différences avec son partenaire de la grande coalition (Groko). Mais il n’était plus question de faire chuter le gouvernement. Que la volonté d’entamer tout d’abord un débat avec la Chancelière.
C’est la preuve éclatante que le SPD a les mains liées. La situation politique l’empêche de se réaliser comme il l’entend. En allant en direction de la confrontation, il risquerait de perdre encore des plumes, ce qui dans l’état des choses l’affaiblirait encore plus. Il en est à 15 % des voix, soit à peu près autant de celles accordées aux « chemises brunes » de l’AfD. Une crainte justifiée de précipiter encore plus rapidement la social-démocratie dans la déperdition. Il n’est pas étonnant que Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans ont été forcés dans de tells conditions de mettre de l’eau dans leur vin. En ayant mis en échec Olaf Scholz, qui était accusé de trop de bienveillance envers la CDU/CSU, il y a certes de la grogne à la base, mais une grogne bien allemande, qui s’exprime verbalement, mais est de loin pas si radicale que celle exprimée par les Français, qui n’hésitent pas à faire une grève générale au sujet des retraites. Mais soyons équitables. La situation des deux nations est diamétralement contraire. Il y a certes dans l’hexagone la menace du Rassemblement National de Marine Le Pen, mais il serait erroné à mon avis de le mettre à la même sauce que l’AfD. Il a certes un programme qui se ressemble, mais je ne crois pas qu’on puisse le taxer de nazi. Les nostalgiques de la France de Pétain sont minoritaires. Malgré la grande antipathie que je ressens envers cette formation, je ne veux pas la traiter d’hitlérienne, ce dont je serais tenté de faire pour l’extrême-droite allemande. Il est évident que lorsqu’il y a feu à la maison, le SPD a le devoir de ne pas vouloir exercer de la provocation. C’est-ce qui s’est passé hier. Il a été forcé d’avaler des couleuvres. Une rupture à la tête de l’État pourrait déclencher un raz-de-marée. Le danger de se retrouver dans une situation identique à celle de 1933 amène ce parti à faire des compromis qu’il ne veut pas faire, à sa perte en tant que mouvement d’idées. Une situation fatale, mais que faire d’autre lorsqu’on est acculé au mur ? Cela démontre que ce parti est pris en tenailles par l’AfD qui en fait un zombie. Pas question de lendemains enchanteurs !
pm