Quarante-quatre ans après la mort de Francisco Franco, sa dépouille a quitté le mémorial qu’il avait fait construire par des travailleurs forcés à quelques kilomètres de Madrid, pour être transportée dans un cimetière de la capitale, au côté de sa femme. « L’hommage public au dictateur était plus qu’un anachronisme ou une anomalie, c’était un affront à la démocratie espagnole, a déclaré le chef du gouvernement en intérim, le socialiste Pedro Sanchez. Y mettre fin était un devoir pour les générations qui n’ont pas grandi sous le traumatisme de la guerre civile et du franquisme. » Beaucoup d’Espagnoles se sont rappelés ce que la guerre civile a amené comme malheurs. Un bain de sang, le signe avant-coureur de la seconde guerre mondiale. Un pays déchiré, qui encore aujourd’hui souffres des plaies qui ne sont pas complètement cicatrisées. Mais malgré tout le transfert s’est bien passé, n’a pas donné lieu à de grandes manifestations. Est-ce la preuve que le fascisme n’a plus de prise en Espagne ? Je n’irai pas si loin, mais il y a espoir, lorsqu’on sait par quelles affres le pays a passé ces dernières années. La crise économique aurait pu éveiller plus d’un nostalgique de l’arbitraire au totalitarisme. Pour l’instant il n’y a pas eu renaissance du fascisme, ce qui démontre une certaine stabilité au sein de la société espagnole.
« L’Espagne d’aujourd’hui est le fruit du pardon mais ne peut pas être le produit de l’oubli. Quand le Valle rouvrira ses portes, il symbolisera quelque chose de très différent : une douleur qui ne doit jamais se reproduire et un hommage à toutes les victimes de la haine. » a déclaré Pedro Sanchez. La politique est en général jalonnée de symboles, c’est probablement ce qu’à voulu dire le chef du gouvernement. Mais il ne peut pas être question, qu’elle se laisse pervertir par eux. La raison pour laquelle certains historiens plaident pour la destruction du mausolée du Valle de los Caidos surmonté d’une croix de 150 mètres. Il ne faut pas oublier que les ossements de 33 000 soldats y gisent. Ceux des proches du dictateurs ? Ou parmi eux, aussi des Républicains ? Ceux que Francisco Franco a menacé d’anathème au cours de son règne ? Quelle leçon tirer de l’évènement de hier ? Je pense que Pedro Sachez a bien fait de rester conséquent et de ne pas s’être soumis au chantage, que l’extrême-droite lui a fait ressentir, celui de vouloir entamer une période de remous devant affaiblir la démocratie. Puis il y a l’attitude de l’ordre des Bénédictins qui devait veiller sur le repos éternel de Franco au Valle de los Caidos qui s’est opposé au transfert de sa dépouille et a soutenu les membres de sa famille dans leur opposition. Une attitude équivoque en ce qui concerne le catholicisme en Espagne. D’une part des membres du clergé qu’on pourrait qualifier de nostalgiques, d’autres qui se sont mis au diapason du Pape François. Et puis probablement la puissance occulte de l’Opus Dei, qui a subi hier un revers de taille. Cet ordre encore proche du franquisme, est encore très puissant au sein du catholicisme et mène plus que jamais une croisade politique contre l’ouverture pratiquée par le Vatican. S’il avait obtenu gain de cause hier, cela aurait été un jour noir pour la démocratie en général !
pm