Lorsque j’entends des politiciens voulant briser les clivages entre la droite et la gauche, il faudrait définir avant tout ce qu’ils représentent aujourd’hui. Les deux tendances, qui jusqu’à peu représentaient dans le système un peu le centre, ne peuvent plus le faire, car ils sont devenus plus ou moins inexistants. Nous sommes en train d’enterrer l’héritage que nous a légué la quatrième République, c’est à dire des partis interchangeables, qui n’avaient pas une colonne vertébrale bien solide. Malgré Charles de Gaulle qui avait un certain mépris pour une telle constellation politique, toute faite de compromis, ce qui ne correspondait pas à son idée de la grandeur de la France, il n’a pas pu se dépêtrer d’eux. Pire encore, ils ont érodé, en ce qui concerne la droite, de plus en plus le gaullisme. Lui qui détestait les clichés, s’est vu confronté à des milieux mercantiles qui de moins en moins réussirent à faire la différence entre les intérêts strictement politiques et leur porte-monnaie. Il s’en est sui une sorte de poujadisme du centre-droit, où les combines avaient la priorité. Nous étions très éloignés des grands objectifs que le Général avait mis sur les rails. Comme la gauche était de plus en plus édulcorée aussi, il n’y avait plus de quoi se faire les dents. Où étaient passés les idéaux ? Les grands projets de société ? Aux Calendes grecques ? De plus en plus ce n’étaient plus que paroles creuses. Tout cela m’est revenu lors des obsèques de Jacques Chirac. N’incarnait-il pas un peu la notion du compromis ? Il est très utile lorsqu’il faut sortir d’une impasse, mais pas lorsqu’il faut rédiger un programme politique et l’imposer. Cela devient insipide, sans intérêt parce que tout le monde s’y retrouve sans s’y retrouver. Cela a été la clef du succès de la famille Le Pen, Marion Maréchal incluse, celle d’assener des arguments massues sur la têtes d’un peuple, qui ne sait plus trop à quel saint se vouer. En plus il y a tout le lot des affaires, des magouilles, des détournements qui n’ont pas contribué à la bonne marche de l’État.

Beaucoup de blin-blin… En face de tout cela une gauche démocratique plus ou moins moribonde depuis la mort de François Mitterrand. L’ère Hollande n’a été qu’un faible rebond, rien de plus. Le parti communiste a lui aussi mordu la poussière. Il n’arrête pas de mourir, comme le PS au demeurant. Et pour remplir les trous, des démagogues dont je tairais volontiers les noms. Tout cela m’amène à dire que nous sommes plus ou moins dans une certaine décadence et que le système politique comme nous l’avons connu ne reviendra plus. L’époque des notables comme celle des maîtres des forges est bien révolue. Mais nous n’avons rien pour combler les trous. Les extrêmes pratiquent eux aussi une politique ringarde. Et dans tout cela il y a Emmanuel Macron qui est forcé de faire du ni…, ni…, mais cela n’est pas un programme politique. Il n’y a qu’à voir la République en marche pour se rendre compte que le premier soucis est de gérer le quotidien mais de ne pas élaborer un programme de société. Il ne faut pas attendre de cette formation des envolées lyriques. Le tout, il faut le dire, est un peu ennuyeux. Dans leur programme je ne vois pas de quoi m’éclater. Pour moi la preuve que la politique est soumise à de telles contraintes, qu’elle n’est pas en mesure de muer, de se faire une nouvelle peau. Le drame climatique démontre à quel point elle est sous narcose ! La Belle au bois dormant !

pm

https://www.nouvelobs.com/politique/20191002.OBS19251/la-fin-de-la-droite-de-papa.html

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