Lorsque j’entends des politiciens voulant briser les clivages entre la droite et la gauche, il faudrait définir avant tout ce qu’ils représentent aujourd’hui. Les deux tendances, qui jusqu’à peu représentaient dans le système un peu le centre, ne peuvent plus le faire, car ils sont devenus plus ou moins inexistants. Nous sommes en train d’enterrer l’héritage que nous a légué la quatrième République, c’est à dire des partis interchangeables, qui n’avaient pas une colonne vertébrale bien solide. Malgré Charles de Gaulle qui avait un certain mépris pour une telle constellation politique, toute faite de compromis, ce qui ne correspondait pas à son idée de la grandeur de la France, il n’a pas pu se dépêtrer d’eux. Pire encore, ils ont érodé, en ce qui concerne la droite, de plus en plus le gaullisme. Lui qui détestait les clichés, s’est vu confronté à des milieux mercantiles qui de moins en moins réussirent à faire la différence entre les intérêts strictement politiques et leur porte-monnaie. Il s’en est sui une sorte de poujadisme du centre-droit, où les combines avaient la priorité. Nous étions très éloignés des grands objectifs que le Général avait mis sur les rails. Comme la gauche était de plus en plus édulcorée aussi, il n’y avait plus de quoi se faire les dents. Où étaient passés les idéaux ? Les grands projets de société ? Aux Calendes grecques ? De plus en plus ce n’étaient plus que paroles creuses. Tout cela m’est revenu lors des obsèques de Jacques Chirac. N’incarnait-il pas un peu la notion du compromis ? Il est très utile lorsqu’il faut sortir d’une impasse, mais pas lorsqu’il faut rédiger un programme politique et l’imposer. Cela devient insipide, sans intérêt parce que tout le monde s’y retrouve sans s’y retrouver. Cela a été la clef du succès de la famille Le Pen, Marion Maréchal incluse, celle d’assener des arguments massues sur la têtes d’un peuple, qui ne sait plus trop à quel saint se vouer. En plus il y a tout le lot des affaires, des magouilles, des détournements qui n’ont pas contribué à la bonne marche de l’État. Weiterlesen